Martin Brodeur et ses coéquipiers des Devils se sont compliqué la tâche. Victimes d'une poussée de trois buts sans riposte des Rangers, ils ont laissé fondre une avance de 3-0 en plus d'être victimes de quelques frayeurs alors que les deux équipes tentaient de faire un maître en troisième période.

Mais avec moins de cinq minutes à faire, alors qu'on commençait à se préparer à l'éventualité d'une prolongation, Ryan Carter a mystifié les Rangers et leurs fans en marquant le but décisif. Zach Parise, dans un filet désert, a scellé l'issue de la rencontre et confirmé la victoire de 5-3 des Devils aux dépens des Rangers.

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Forts de ce deuxième gain arraché au Madison Square Garden, un deuxième gain consécutif aux dépens des Blueshirts, les Devils pourront éliminer les Blueshirts vendredi, au Prudential Arena, et passer en finale de la Coupe Stanley.

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«Il est trop tôt pour penser à la finale. Il nous reste encore une victoire à aller chercher. Mais c'est une sensation très agréable d'être à une victoire de la finale. Nous avons travaillé tellement fort tout au long de la saison pour nous rendre ici que nous avons toutes les raisons au monde d'être fiers. Mais rien n'est encore acquis», a indiqué Martin Brodeur après le match.

C'est l'as marqueur des Devils Ilya Kovalchuk qui a amorcé la séquence qui a mené au but gagnant. Avec un échec avant efficace, Kovalchuk a battu le défenseur Michael Del Zotto dans le coin de la patinoire. La combativité de Kovalchuk a permis à Gionta de s'emparer de la rondelle et d'effectuer une passe parfaite alors que Dan Girardi s'apprêtait à lui servir une solide mise en échec.

Venu appuyer Gionta et Kovalchuk, Ryan Carter a échappé à la couverture défensive de Carl Hagelin afin de s'offrir en cible à Stephen Gionta qui lui a refilé une passe parfaite dont il a profité pour décocher un tir sur réception qui a déjoué le gardien Henrik Lundqvist.

«Personne n'a vu ce but venir sur le banc. Kovi a prolongé sa présence après avoir réalisé qu'il pouvait être efficace dans le fond du territoire. Il a pris une très bonne décision. Mais avez-vous vu la passe réalisée par Gionta? C'était magique. Ce gars-là excelle depuis qu'il s'est joint à nous au début des séries. La qualité de son travail, la qualité du quatrième trio en fait, explique en grande partie notre présence en finale. Ils ont non seulement marqué plusieurs buts, mais ont marqué des buts importants à des moments opportuns», a indiqué le capitaine Zach Parise après la rencontre.

Les Devils gâchent la fête

Pour une première fois depuis le début de la série finale, Les Rangers ont finalement connu un bon début de match. L'ennui, et il est de taille, c'est que cet excellent début de rencontre s'est limité aux trois premières séquences.

Au cours de ces trois séquences, les Rangers ont frappé rondement leurs adversaires et donné le ton à la rencontre.

Dès la quatrième, les Devils ont freiné l'entrain des Rangers. Stephen Gionta, bien posté devant le filet, a saisi un retour sur un tir de la pointe de Mark Fayne pour ensuite déjouer Henrik Lundqvist sur le troisième tir seulement des Devils après 2 min 43 s de jeu.

Le Québécois Steve Bernier a récolté une passe sur le jeu.

Quatre-vingt-dix secondes plus tard, Patrick Elias a fait dévier un autre tir de la pointe, celui-là décoché par la recrue Adam Henrique et les Devils ont doublé leur avance.

Aussi assommé que les partisans de son équipe, l'entraîneur-chef John Tortorella a aussitôt réclamé un temps d'arrêt plus que nécessaire.

Ses joueurs ont affiché plus de vigueur à la reprise du jeu. Mais Travis Zajac, avec un tir des poignets du centre de la zone ennemie, a surpris Henrik Lundqvist. C'était un troisième but accordé par le gardien suédois sur trois tirs des Devils. On s'est alors demandé si Martin Biron serait envoyé en relève. Tortorella a plutôt décidé de garder Lundqvist dans la mêlée. Remarquez qu'il n'a fait face qu'à un seul autre tir en première.

«Pour être bien honnête, je n'aurais jamais cru que nous serions en mesure de marquer trois buts sur cinq tirs aux dépens de Lundqvist. C'est déjà difficile de marquer trois fois contre lui alors de le faire sur trois tirs de suite, c'était vraiment une surprise», a reconnu Zach Parise.

Trois buts sans riposte

Les Rangers réservaient une surprise de leur cru aux Devils.

En arrière 0-3, les Blueshirts ont évité le pire en fin de première période alors que Brandon Prust a inscrit un premier but. À l'aide d'une belle accélération, Prust a profité d'une échappée pour déjouer Martin Brodeur. Un plongeon de Marek Zidlicky a toutefois compliqué la vie de Brodeur sur le jeu.

Ragaillardis par le but de Prust, les Rangers ont amorcé la période médiane comme ils avaient amorcé le match. En force. Et cette fois, ils ont marqué dès la 32e seconde de jeu. Ryan Callahan, avec une rondelle qui a dévié sur sa jambe alors qu'il convergeait vers le filet de Brodeur, a été crédité du but. Le jeu a fait l'objet d'une révision vidéo à Toronto. La décision des officiels a été maintenue.

Ce but a donné des ailes aux Blueshirts qui ont complètement dominé l'engagement avec 11 tirs contre cinq. Les Rangers se sont aussi signalés en défensive bloquant plusieurs tirs des Devils lors de leurs deux attaques massives.

Marian Gaborik a profité d'une largesse de Martin Brodeur pour niveler les chances 17 secondes seulement après le début de la troisième. Brodeur a jonglé avec la rondelle après être allé récupérer une rondelle dans le coin pour ensuite la pousser lui-même dans le fond de son filet.

«Je ne sais pas vraiment ce qui est arrivé. Mon défenseur a tombé dans le coin, je suis allé chercher la rondelle. Elle m'a échappé. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive et ça m'arrivera encore», a commenté Brodeur qui a alors été soumis à l'assaut des partisans des Rangers qui lui ont lancé des «Marty!» «Marty!» «Marty!» assourdissants.

«Je dois admettre que je n'avais jamais encore entendu des cris aussi forts. C'était impressionnant. Mais si on doit revenir ici pour un septième match, j'espère qu'ils - les fans - seront meilleurs encore qu'ils ne l'ont été ce soir», ironisait Brodeur après sa soirée de 25 arrêts.

Brodeur a aussi joué de chance à deux reprises. Ryan Callahan a touché le poteau en deuxième période alors que le gardien québécois était complètement battu au cours d'une attaque massive des Rangers et Marian Gaborik, en première, a tiré au dessus du filet alors que le but était complètement ouvert devant lui.

Si Brodeur a été généreux sur le dernier but, rarement avait-on vu Henrik Lundqvist l'être autant. Pierre angulaire de la défensive des Rangers, pour ne pas dire des Rangers tout court, Lundqvist a été victime de quatre buts sur 16 tirs. Pis encore, il n'a réalisé qu'un ou deux arrêts difficiles au cours de la rencontre.

«J'étais bien placé sur les deux premiers buts. La rondelle a dévié. J'ai peut-être été un peu lent à réagir. Après ces trois buts, nous avons dicté le jeu et la fin de match est certainement difficile à accepter», a convenu le gardien Lundqvist.

Temps d'arrêt opportun

Comme l'avait fait Tortorella après les deux premiers buts des Devils, son vis-à-vis Peter DeBoer a réclamé un temps d'arrêt après que les Rangers eurent créé l'égalité en troisième.

«Je ne l'ai pas réclamé tout de suite après le troisième but même s'il était très dur à encaisser. Je faisais confiance à mes joueurs. Nous avons vécu des situations extrêmes au cours de la saison. Nous avons échappé des avances, nous sommes revenus de l'arrière. J'ai bien aimé le fait que nous n'ayons pas paniqué après ces trois buts. Mais les Rangers nous contenaient depuis un moment dans notre zone et j'avais des gars fatigués sur la patinoire. J'ai senti que c'était le bon moment et je crois que cela a permis à tout le monde de reprendre son souffle, de rester calme et de maintenir la stratégie», a commenté Peter DeBoer.

«Je crois que nous avons commencé à bien jouer après leur troisième but. Nous avons joué de chance en début de rencontre et ils ont été chanceux sur au moins un de leurs buts. Mais c'est après leur troisième but que nous avons joué notre style. Que nous avons commencé à être efficaces. Et cela nous a souri en fin de match», a ajouté Parise.

Dans le vestiaire des Rangers, on jouait la carte de la confiance en dépit du fait qu'une défaite supplémentaire mettra un terme à la saison.

«C'est un revers difficile à encaisser, mais en même temps nous formons un club confiant. Nous n'avons pas à nous dire que nous sommes revenus de l'arrière, qu'au fond c'est presque une victoire morale. Nous savons tout ça. Il faut simplement l'appliquer sur la patinoire lors du prochain match», a plaidé Brian Boyle.

«Nous n'avons pas à craindre l'élimination. Nous n'avons qu'à gagner un match. Nous sommes dans la même situation que nous étions en première ronde contre Ottawa. Nous sommes allés les battre chez eux pour ensuite revenir à la maison et gagner la série. Nous pouvons faire la même chose. Mais pour ça, il faut gagner le prochain match. À partir de maintenant, ce doit être notre seule et unique préoccupation», a indiqué le capitaine Ryan Callahan.

Les Rangers pourront éviter l'élimination, dès vendredi, alors qu'ils rendront visite aux Devils au New Jersey. S'ils forcent la tenue d'une rencontre décisive, cette partie sera disputée dimanche au Madison Square Garden.

L'équipe gagnante recevra les Kings de Los Angeles, mercredi prochain, en levée de rideau de la finale de la Coupe Stanley.