Ce n'est pas la bataille de deux frères ennemis, mais presque. Jacques Martin faisait remarquer avec beaucoup d'à propos, vendredi midi, que le Canadien et les Rangers de New York sont deux formations qui se ressemblent beaucoup.

«L'an passé, nous avons bataillé avec eux jusqu'au dernier match de la saison pour une place en séries, a rappelé l'entraîneur. Ils avaient finalement été écartés en raison d'une défaite en fusillade.

«Ce sont deux organisations possédant une riche tradition et qui évoluent dans de gros marchés, a-t-il ajouté. Les Rangers sont aussi une équipe qui a changé son image dans les dernières années. Ils ont délaissé le vedettariat pour faire confiance à des cols bleus. Ils n'ont peut-être pas des marqueurs prolifiques comme avant, mais ils ont adopté l'identité de leur entraîneur: ils travaillent fort et ils sont responsables défensivement.»

Fort d'une victoire de 3-2 sur les Rangers lors de leur dernière visite à Montréal, à la mi-janvier, le CH entamera son week-end du Super Bowl en tentant de garder les Blue Shirts en respect, eux qui n'ont qu'un point de retard au classement sur le Canadien et le sixième rang de l'Association Est.

Carey Price sera d'office samedi après-midi pour ce proverbial match de quatre points.

«Ce sera un gros match pour les deux équipes», a convenu Scott Gomez, qui disputera en fin de semaine des matchs contre ses deux anciennes équipes, les Rangers ainsi que les Devils du New Jersey.

«Les deux équipes jouent bien et chaque point est important d'ici la fin de la saison. Si l'on regarde nos matchs précédents contre les Rangers, les fans sont en droit d'être excités...»

Jeu de patience

Ce qui doit réjouir encore davantage les amateurs, c'est que leurs favoris affichent un excellent dossier de 17-6-4 à domicile.

Quand on pense que le CH a dû se contenter de seulement 19 victoires à domicile l'an dernier, et que son plus haut total de gains à Montréal depuis le lock-out est de 26 (obtenu en 2006-07, la dernière saison où il a été écarté des séries), force est de constater que les choses ont changé dans sa maison.

Mais quoi exactement?

«C'est probablement que l'on affiche plus de maturité et que notre niveau de patience est plus élevé, estime Jacques Martin.

«L'an passé, lorsqu'on tirait de l'arrière, on avait tendance à s'en remettre à des jeux individuels. Cette saison, on a prouvé que même en déficit, on était capable de garder le système en place.»

Martin parle de patience; la foule elle-même est-elle devenue plus patiente et plus clémente? Car depuis que le noyau de joueurs a changé au sein de l'équipe l'an dernier, les huées ne sont plus aussi promptes à se faire entendre que par le passé. On la sent davantage derrière son équipe.

«À toutes les fois que je saute sur la glace, je ressens encore une montée d'adrénaline, raconte Mathieu Darche. Avec les partisans que nous avons, ça ne peut pas être autrement.

«S'il y a un endroit où une équipe doit dominer dans son domicile, c'est bien à Montréal.»

Plaisant aussi pour l'adversaire

Pendant des années, les entraîneurs du Canadien ont dit, l'un après l'autre, qu'il était trop facile pour l'adversaire de jouer au Centre Bell. Or, coïncidence ou non, le récent sondage mené par Hockey Night in Canada et l'Association des joueurs révèle que 40% des joueurs identifient le Centre Bell comme l'endroit où ils préfèrent jouer.

Se pourrait-il que les adversaires aussi soient galvanisés par l'atmosphère qui y règne?

«Je me souviens qu'à l'époque où j'étais une recrue chez les Devils, on s'habillait un peu plus chic et l'on se mettait un peu plus d'eau de Cologne en venant à Montréal», a acquiescé Gomez.

On peut deviner que les Rangers, en tout cas, seront motivés en revenant au Centre Bell, eux qui ont des comptes à régler avec le Tricolore et qui n'ont pas gagné à leurs trois derniers matchs...

Eller... comme Pacioretty?

Sans se faire prier, Jacques Martin a tenu à souligner l'impact des jeunes joueurs au sein de sa formation.

Si le noyau dur de son équipe fait preuve de maturité et de patience en restant à l'intérieur du système de jeu, même quand les choses ne tournent pas rondement, les plus jeunes, eux, apportent une fraîcheur qui n'était peut-être pas là l'an dernier.

Il s'est entre autres réjoui du rendement de Yannick Weber qui selon lui «n'était pas prêt pour la LNH».

«Max Pacioretty semble prendre de plus en plus d'importance, a aussi relevé l'entraîneur. David Desharnais, un espoir local, était le leader à Hamilton et cognait à la porte, et depuis son rappel, il nous donne du bon hockey en travaillant avec acharnement.

«Quant à Lars Eller, je vois des similitudes avec là où était Pacioretty l'an dernier. On doit être patient avec lui car parfois, les choix de première ronde veulent arriver plus rapidement qu'ils ne le peuvent...

«Ajoutez Weber et P.K. Subban en défense, a conclu Martin, et vous avez des jeunes qui apportent une nouvelle dimension à l'équipe par leur enthousiasme. Ça change la dynamique de groupe.»



Photo: Bernard Brault, La Presse

Lars Eller

Wisniewski manquait à l'appel

Déjà privé d'Andrei Markov et de Michael Cammalleri à l'heure où il éprouve des difficultés en avantage numérique, le Canadien pourrait devoir se passer de James Wisniewski samedi après-midi.

Le défenseur de 26 ans a raté l'entraînement de vendredi en raison d'une grippe et son cas sera réévalué samedi.

En son absence, Roman Hamrlik a rejoint P.K. Subban à la pointe sur la première vague, en compagnie du trio de Tomas Plekanec, tandis que Jaroslav Spacek et Yannick Weber soutenaient Scott Gomez, Mathieu Darche et Andrei Kostitsyn sur la deuxième vague.

Blanchi lors des trois dernières rencontres, donc lors des 19 dernières supériorités numériques, le Tricolore espère relancer son attaque à cinq au plus vite. Jacques Martin croit qu'un déplacement de rondelle plus rapide est l'une des pistes de solution pour retrouver le chemin du succès dans ce département.

Photo: Bernard Brault, La Presse

James Wisniewski