Il était difficile, voire impossible, de voler la vedette à Saku Koivu samedi soir au Centre Bell. Et c'était très bien ainsi.

Très bien orchestré par le Canadien, qui sait si bien faire les choses en pareilles circonstances, par les Ducks qui auraient pu battre de l'aile devant autant de caméras, de micros et d'attention braqués sur Saku Koivu, le retour de l'ancien capitaine a été une réussite sur toute la ligne.

De l'image du «miraculé» lors de son retour au jeu en avril 2002, à celle du porte-couleurs des Ducks qui a conclu l'Ô Canada, à sa sélection au sein des étoiles et à l'échange sincère qui a suivi avec ses anciens - et toujours - partisans, tout était à point, de bon ton, réussi.

Le «merci» lancé par Koivu après le «match le plus difficile de (sa) carrière», comme ses sourires gênés, ses soupirs de satisfaction, ses émotions refoulées et ses poignées de main toujours aussi franches et solides, était aussi d'une sincérité évidente.

Et la victoire arrachée en prolongation a permis à Koivu de faire oublier ses trois pénalités, des pénalités qui ont ravivé les souvenirs de ces écarts de conduite dont l'ancien capitaine avait le don de se rendre coupable en fin de match, des pénalités dont son ancienne équipe a su profiter pour propulser le match en prolongation.

Si tous les projecteurs étaient concentrés sur Koivu, laissant dans l'ombre ses coéquipiers des Ducks et ses adversaires du Canadien, un joueur du Tricolore a eu droit à un jet de lumière.

Avec ses deux buts, dont celui qui a permis à son équipe de niveler les chances avec 13 secondes à écouler en troisième, Max Pacioretty a eu droit à son moment de gloire.

Si l'on ajoute aux deux buts marqués samedi son but et sa mention d'aide récoltés à Ottawa vendredi, on peut dire que Pacioretty retrouve lentement mais sûrement sa place sous les projecteurs.

Une place qu'il a perdue au fil de ses insuccès répétés et dont il ne profitait plus lors du dernier camp d'entraînement. Une place qu'il tenait à reconquérir. «Je ne sais pas si je peux dire que j'y suis arrivé. Mais je travaille très fort pour démontrer que j'ai acquis la maturité nécessaire pour contribuer aux succès de cette équipe», a assuré Pacioretty après avoir permis à son équipe de soutirer un gros point dans la défaite de samedi.

Choix de première ronde en 2007 (22e sélection), Pacioretty affiche six buts et 11 points en 19 rencontres depuis son rappel de Hamilton. Des statistiques qui l'assurent d'une reconnaissance auprès des partisans.

Des coéquipiers à reconquérir

Pacioretty a bien plus que les partisans du Canadien à convaincre. Il doit aussi reconquérir le respect et la confiance de ses coéquipiers du grand club. Des coéquipiers qu'il a échaudés avec son attitude de jeune premier lors de ses premiers séjours à Montréal. Même que l'automne dernier, lorsque Pacioretty a maladroitement déclaré qu'il préférerait passer l'hiver avec les Bulldogs plutôt qu'être rappelé par le Canadien, quelques joueurs ont réagi aux propos du jeune Américain en disant: «Qu'il y reste donc!»

Comme quoi il n'y a pas que P.K. Subban qui doive prendre les moyens nécessaires pour se faire accepter au sein d'un vestiaire comptant plusieurs vétérans.

Dans ces circonstances, on comprend mieux pourquoi Pacioretty a fait fi de la douleur vive laissée par la rondelle qui l'a heurté mardi, à Buffalo, et qui l'a envoyé à l'hôpital, pour être le premier joueur sur la patinoire dès le lendemain matin à l'entraînement. Pourquoi il a tenu à endosser l'uniforme dès le match suivant à Ottawa. Pourquoi il est retourné se camper devant le filet lors des entraînements et des matchs en dépit des dangers qui en découlent.

Parce que c'est avec ce genre d'attitude, en souffrant en silence pour le bien de l'équipe tout en récoltant des points, qu'un jeune fait oublier ses écarts de conduite et qu'il devient un membre à part entière d'une équipe.

À moins de compter sur un talent exceptionnel. Ce qui est vrai pour P.K. Subban, mais qui l'est moins pour Pacioretty.