Le congédiement de Denis Savard, au lendemain d'une victoire de 4-1 des Blackhawks de Chicago contre les Coyotes de Phoenix, a étonné certains joueurs du Canadien.

Mais selon Guy Carbonneau, Savard appréhendait la nouvelle. « Je lui ai parlé il y a quelques semaines et disons qu'il n'avait pas la voix très forte, a expliqué Carbo.

« Sa situation n'était pas évidente. Les Blackhawks lui avaient refusé une prolongation de contrat et il sentait qu'il ne faisait plus partie des plans. «

À la barre d'une équipe jeune et en progression, Savard aurait sûrement voulu terminer ce qu'il avait entrepris, estime Carbo.

Mais ça ne pouvait se faire sans l'appui de la haute direction.

« Un coach ne peut réussir sans le soutien de ses patrons. Le message d'un entraîneur passe toujours mieux s'il a l'appui de toute l'organisation. «

Voilà précisément où le bât blesse.

« Il y a anguille sous roche. Peut-être que quelque chose ne fonctionnait pas avec le DG «, a dit Patrice Brisebois, qui a joué avec Savard à l'époque où ce dernier avait été échangé au Canadien.

En fait, c'est que sous le règne de Rocky Wirtz, le fils du regretté propriétaire Bill Wirtz, l'aura de Savard a vite pâli chez les Hawks.

L'arrivée dans l'organisation de Joel Quenneville, embauché cet été à titre de dépisteur professionnel, a marqué l'entrée du loup dans la bergerie. Dès lors, les jours de Savard derrière le banc étaient comptés.

« On peut voir les choses de cette façon «, a reconnu Robert Lang, qui a joué la saison dernière à Chicago.

« Mais dans ce cas-là, pourquoi ne pas avoir procédé à un changement avant le début de la saison? Vraiment, je suis surpris qu'on ne lui ait pas donné plus de temps.

« Cela dit, a poursuivi Lang, la direction veut absolument participer aux séries éliminatoires, elle veut faire tout ce qu'il faut pour gagner. Elle a jugé que c'était la chose à faire. «

Le DG menacé ?

Depuis le décès de Bill Wirtz, l'organigramme des Hawks a changé à tous les points de vue.

D'abord un nouveau président - John McDonough, en provenance des Cubs de Chicago - puis un nouveau « conseiller des opérations hockey « en Scotty Bowman.

Et c'est sans compter Quenneville, l'ancien pilote des Blues et de l'Avalanche.

« Chaque organisation essaie d'améliorer son sort en amenant des hommes d'expérience, a noté Carbo. Les Hawks ont amené Bowman et Quenneville, mais je sais que Denis appréciait ce qu'ils apportaient. «

C'est à se demander si le DG Dave Tallon n'a pas simplement cherché à gagner du temps en sacrifiant Savard.

Son propre emploi pourrait en effet être menacé, surtout à la lumière du problème qu'il a créé devant le filet des Hawks.

Il a embauché Cristobal Huet à vil prix cet été, sans trouver preneur pour le dispendieux Nikolai Khabibulin.

C'était un cadeau de Grec pour Denis Savard.

« Ce n'est jamais bon de se retrouver dans une situation où tu as deux gardiens numéro un, a admis Robert Lang.

« J'ai vu ça quand je jouais avec les Red Wings de Detroit. Ni Dominik Hasek ni Curtis Joseph ne pouvaient accepter d'être l'auxiliaire.

« C'est toujours délicat pour un entraîneur. «

Une presse virulente

La presse de Chicago n'a pas ménagé Savard au moment d'analyser le geste des Hawks.

« Il ne méritait pas le travail et il ne faisait pas le travail, a martelé Barry Rozner, du Chicago Daily Herald. Ça ne changera rien à sa place dans l'histoire des Hawks, ce n'est qu'un chapitre à oublier.

« Rocky Wirtz est aussi sérieux dans son désir de gagner qu'il l'est dans son désir de faire de l'argent, poursuit Rozner. Il n'y aura plus de job donné à quelqu'un parce qu'il est le meilleur ami du propriétaire ou du directeur général.

« Ce temps-là est révolu. «

Ayoye.