Le Canada vient de s'incliner en demi-finale et déjà, LA grande question est posée: le développement du hockey au Canada est-il adéquat? Ce raisonnement démontre un nombrilisme éhonté.

Le Canada croyait avoir le monopole du hockey en 1972. Il a fallu un but dramatique de Paul Henderson pour venir à bout des Soviétiques.

Nous sommes en 2013 et le Canada est loin d'être seul, surtout en cette ère de mondialisation où l'information circule plus vite que jamais.

À preuve, le Québec avait le monopole des gardiens à une certaine époque. Nous avons exporté notre savoir - le père du papillon moderne, François Allaire, a parcouru le globe pour enseigner sa méthode - et soudainement, de brillants gardiens proviennent de la Suisse, de la Finlande, de la Russie, de la Suède et même de l'Allemagne!

Nous sommes en 2013, donc, et le Canada se battra pour le bronze après avoir gagné cette même médaille en 2012, l'argent en 2011 et 2010 et l'or cinq ans de suite auparavant. Où est la panique?

Nous ne sommes plus seuls. La Russie a une population de 163 millions d'habitants et produit des perles comme Ovechkin, Malkin, Kovalchuk et compagnie.

La Suède a complètement remodelé son système il y a 10 ans et met sur pied des camps estivaux qui regroupent les cinq meilleurs joueurs par catégorie d'âge.

Les résultats sont probants. De ces camps ont émané Erik Karlsson, Nicklas Backstrom, Gabriel Landeskog, Victor Hedman, Adam Larsson, Filip Forsberg, Sebastian Collberg et plusieurs autres.

Les États-Unis... Parlons-en, des États-Unis! Médaille d'or en 2004 et 2010; de plus en plus de joueurs repêchés tôt dans la LNH.

Il faut dire que les Américains profitent depuis quelques années d'investissements d'argent de plus en plus importants de la part de la Ligue nationale.

En 2009, la LNH a augmenté les sommes et s'est mise à verser un montant annuel de 8 millions au programme USA Hockey. Une hausse gigantesque puisqu'elle octroyait seulement 400 000 $ à cet organisme jusqu'en 2005, et 1,2 million l'année précédente.

Rien de tel que de développer le maximum de joueurs américains pour stimuler le hockey aux États-Unis et réaliser la percée tant souhaitée. On comprend pourquoi le commissaire Gary Bettman tient à ce point à garder des équipes dans des marchés américains ciblés, malgré des pertes financières importantes.

Les Américains ont battu les Canadiens hier parce qu'ils avaient un bien meilleur gardien, John Gibson, et deux défenseurs d'exception, Seth Jones et Jacob Trouba.

Dans le camp canadien, le meilleur défenseur de l'équipe, Ryan Murray, était absent, et Charles Hudon est tombé au combat en cours de route. Mais au-delà des blessures, le Canada a-t-il mis sur pied la meilleure équipe possible?

Voilà une question qui mérite d'être posée. Il faudra peut-être un jour cesser de s'entêter à composer deux trios offensifs et deux trios défensifs, et envoyer les meilleurs au Championnat mondial.

Il y a certaines choses à remettre en question, mais de là à blâmer le système de développement...