Samedi, fin d’après-midi. Il n’y a même pas trois rondes d’achevées, les alarmes pour évacuer le terrain ont retenti pour la troisième fois en deux jours, un joueur du circuit LIV Golf, Brooks Koepka, mène la charge et Tiger Woods s’effondre en troisième ronde. Le Tournoi des Maîtres est sans pareil et les dernières heures en sont la preuve.

Il pleut. Il pleut énormément à Augusta. Certains appelleraient même la bergère à rentrer ses blancs moutons. Les organisateurs ont plutôt appelé au calme, samedi après-midi, à 15 h 15.

Les surintendants du parcours ont fait retentir leur klaxon bleu pour signaler la fin des activités, en plein cœur de la troisième ronde.

La journée avait commencé sous les larmes des nuages, tôt samedi, parce que certains golfeurs devaient terminer leur deuxième ronde, interrompue la veille en raison des vents et de la pluie.

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Les parapluies étaient déployés samedi à l’Augusta National Golf Club.

Sur le coup de 11 h 30, la troisième ronde s’est mise en branle.

La pluie n’a cependant jamais voulu cesser. Tous les joueurs se baladaient sous des parapluies. Les verts étaient extrêmement humides, jusqu’à devenir impraticables, même si les machines pour les assécher fonctionnaient au maximum.

Des lacs artificiels se sont formés sur la majorité des verts et les organisateurs n’ont eu d’autre choix que de renvoyer tous les golfeurs dans leurs habitations louées jusqu’à dimanche. Certains golfeurs devront jouer 30 trous, dimanche. D’autant que les radars météorologiques prévoient de belles conditions.

Une matinée chargée

Neuf trous seulement ont été joués samedi matin, mais malgré les intempéries, les golfeurs ont diverti les amateurs les plus courageux.

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Jon Rahm

Jon Rahm était à trois coups du meneur Brooks Koepka lors de l’arrêt de jeu, vendredi.

Sous la pluie et le ciel gris, Rahm a été épatant. Les intempéries n’ont semblé en rien déranger le jeu de l’Espagnol. Il a commencé sa ronde avec un sauvetage au 11et un oiselet au 12e.

Il a aussi sauvé sa peau au 13avec un très long roulé pour la normale. Il était temps que la balle arrive au trou. Les verts, mouillés et moins rapides, ont changé la donne pour les golfeurs. Rahm a d’ailleurs eu besoin de trois roulés pour compléter la normale 3 du 16trou.

Néanmoins, le barbu n’est pas le meilleur joueur autour des verts pour rien. Au 17e, il a utilisé son fer droit, à partir de la frise, pour réussir un oiselet. Rahm, sur l’un des trous les plus difficiles du parcours, donnait l’impression de jouer au minigolf Fabreville tellement il était à l’aise dans ces conditions exceptionnelles.

Il a terminé sa ronde avec un boguey, mais il était tout de même à seulement un coup de la tête, à - 11.

Un après-midi prometteur

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Brooks Koepka

Le meneur, Brooks Koepka, était frais comme une rose. Il avait eu le temps de terminer sa deuxième ronde vendredi matin et il a rejoué seulement samedi à 13 h 06.

Même si un nuage gris reste stationné au-dessus de sa tête depuis 2020, Koepka semblait être le seul à jouer dans des conditions différentes, sur un terrain différent.

Le quadruple champion en tournois majeurs n’a pas forcé la note. Il a joué proprement, en limitant les risques et en s’assurant d’atteindre les verts en coups prescrits.

Sa frappe de balle est bonne et pure et il était à - 1, grâce à un oiselet à l’accessible deuxième trou, lorsque le jeu a cessé. Il pointe au sommet grâce à un pointage cumulatif de - 13, après six trous.

Quant à lui, Rahm a décidé d’emprunter une route plus accidentée. Après un oiselet, lui aussi au deuxième, il s’est emmêlé les pinceaux au quatrième et au cinquième trous avec deux bogueys. L’écart avec Koepka est de quatre coups.

L’amateur Sam Bennett, le troisième membre du trio de tête, a fait quelque chose d’inhabituel. C’est-à-dire réaliser deux bogueys, en entame de ronde, qui plus est. Il est à + 2 pour la journée, mais il maintient quand même sa place au troisième rang, à - 6.

Woods portera du rouge

Il était difficile d’y croire lorsqu’il peinait à mettre un pied devant l’autre lors de la première ronde, jeudi, mais Tiger Woods sera bel et bien des rondes de la fin de semaine au Tournoi des Maîtres.

Woods égale donc un record du tournoi, en résistant au couperet pour la 23fois consécutive. Seuls Gary Player et Fred Couples avaient réussi un tel exploit.

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Coup de départ de Tiger Woods au 18e trou

Woods avait fort à faire pour se qualifier. En fait, il n’avait pas droit à l’erreur. L’action a repris samedi matin à 8 h et il avait encore huit trous à jouer. Il était alors à + 2, à la limite du couperet. À son retour au jeu, sous une pluie constante, l’homme de 47 ans a fait le nécessaire pour survivre.

Au 15trou, il a frappé le drapeau jaune avec son approche. Sa balle a longtemps glissé sur le vert, mais il a quand même calé un long roulé pour l’oiselet. Cette réussite lui a permis de souffler un peu.

Ça lui a surtout procuré un coussin pour les trous à venir. Il a failli se saboter, par contre, avec un coup de départ erratique au 17e. Les deux derniers trous du parcours, les deux plus difficiles de la journée, ont embêté Woods. Il a terminé sa ronde avec deux bogueys pour un cumulatif de + 3.

Pour s’assurer de ne pas quitter Augusta prématurément, il fallait que Sungjae Im ou Justin Thomas déboule aussi à + 3, pour élever le couperet. Comme les dieux du golf ont un parti pris pour le quintuple champion du veston vert, Im a rendu une carte de + 3 et Thomas a imité Woods, son bon ami, avec deux bogueys en fin de ronde, pour glisser à + 4.

Après coup, Woods aurait peut-être préféré rater ladite coupure. Son début de troisième ronde est abominable. Plus que son accoutrement de jeune rappeur du début des années 2000, ce qui n’est pas peu dire.

À l’arrêt des activités, il était le dernier golfeur au classement, à + 9, en vertu d’une journée où il joue six coups au-dessus de la normale. En fait, il rate plus de coups qu’il n’en réussit. Ses balles ont atterri dans l’eau, dans les arbres, dans les épines et dans l’herbe longue. Après sept trous, il compte un double boguey, trois bogueys et trois normales.

Le plus inquiétant demeure quand même son état de santé. Woods joue de moins en moins de tournois et la charge actuelle imposée par les changements d’horaire paraît trop élevée pour le champion amoché.

Des images de lui, boitant en fin de ronde, sont inquiétantes. Son sac lui sert de bouée pour le tenir et pour l’arrêter. Si son état ne s’améliore pas, il pourrait envisager le forfait. Il aura toutefois plus de 15 heures pour se reposer. Chose certaine, un dimanche sans rouge à l’Augusta National serait une déception pour tous les amateurs.

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