Les conditions étaient extraordinaires. La lutte est féroce. Puis, un joueur de la série LIV Golf figure parmi les meneurs. Un prélude fascinant pour un tournoi s’annonçant fort intéressant avec trois joueurs se partageant la tête à l’issue de la première ronde du Tournoi des Maîtres. Même s’ils ont chacun rendu une carte de 65 (- 7), Jon Rahm, Viktor Hovland et Brooks Koepka ont connu un jeudi bien différent.

En 2022, Scottie Scheffler s’était procuré le veston vert grâce à un pointage cumulatif de - 10. Idem pour Hideki Matsuyama l’année précédente. Les choses ont encore le temps de changer, et elles changeront, mais le rendement des trois meneurs, à sept coups sous la normale, fait état de la qualité exceptionnelle du terrain et de la météo.

Peu après l’aube, Gary Player, Jack Nicklaus et Tom Watson ont chacun effectué un coup de départ au premier tertre, comme c’est la tradition, pour lancer les hostilités de la 87e édition du Tournoi des Maîtres.

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Gary Player, Tom Watson, le président du club Augusta National Fred Ridley et Jack Nicklaus

La journée avait commencé avec un trio d’anciens champions et elle s’est terminée avec une triade d’éventuels gagnants.

À vrai dire, plusieurs golfeurs se sont démarqués. Les conditions étaient extrêmement permissives et l’Augusta National s’est laissé dompter quelque peu. Rarissimes sont les gagnants ayant pu enfiler le fameux veston en étant en retard par plus de quatre coups après la première ronde. Si la logique est respectée, environ 16 golfeurs peuvent croire en leurs chances.

Pour le moment, Rahm, Hovland et Koepka sont dans des positions enviables.

Triple égalité

Rahm avait bien mal commencé son tournoi. Le troisième joueur mondial a eu besoin de quatre roulés pour compléter le premier trou avec un double boguey. Il a résumé la situation ainsi en fin de journée : « J’ai manqué mon premier [roulé], j’ai raté mon deuxième, j’ai raté mon troisième et j’ai réussi le quatrième. »

L’Espagnol ne s’est pas laissé déconcentrer. Même s’il devait jouer du golf de rattrapage et éviter à tout prix une autre catastrophe, Rahm a fait fi de ce départ chaotique. Il a réussi deux oiselets de suite au deuxième et au troisième trou.

Même si son fer droit a été capricieux en entame de tournoi, Rahm est redevenu lui-même.

Il a été intraitable avec son jeu court. Il a réalisé un aigle et cinq oiselets à ses douze derniers trous pour conclure avec une ronde de 65. « J’étais content avec tous mes roulés, parce que je me sentais bien en les frappant, c’était simplement une question de vitesse. Sinon, tout le reste fonctionnait. »

De son côté, Viktor Hovland n’a pas perdu de temps pour se mettre en valeur, même s’il avait déjà attiré l’attention avec son polo fleuri, en clin d’œil aux azalées rosées uniques à l’Augusta National.

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Viktor Hovland

Le Norvégien a calé un aigle dès le deuxième trou grâce à un coup d’approche exquis et un roulé parfait. Tout au long de la journée, malgré la grandeur de l’évènement et du contexte, l’athlète de 25 ans a été inébranlable. Il est toujours parvenu à se sortir du pétrin grâce à ses approches.

C’est la clé pour réussir sur ce terrain aux mille pièges. Il s’est notamment illustré au 14e et au 15e trou, où il a commis ses deux seules erreurs de la journée en milieu d’allée.

« C’était la première fois que je jouais avec Tiger [Woods] et il y avait beaucoup de pression ce matin, a révélé Hovland après sa ronde. Mais d’aller sur le terrain, jouer sans commettre de boguey et remettre une carte de 65 en pouvant m’appuyer sur mon jeu court, c’était vraiment très spécial. »

Hovland a été le joueur le plus constant et efficace de cette première ronde. « Dans des journées où les conditions sont plus accessibles, tu veux ramener un bas pointage. Donc si les conditions empirent, c’est plus facile de protéger l’avance. »

Puis, Koepka, l’enfant terrible du golf, a lui aussi prouvé pourquoi il devait encore être pris au sérieux. Fort d’une victoire sur le circuit LIV Golf à Orlando la semaine dernière, le quadruple champion en tournois du grand chelem a semblé surfer sur son élan.

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Brooks Koepka

Maintenant qu’il a retrouvé la touche, le Koepka défilant en jaune et blanc sur l’herbe taillée à la perfection de la Mecque du golf ressemblait drôlement à l’athlète dominant qu’il était en 2018 et 2019. « Les conditions étaient favorables. Je suis content d’avoir fait atterrir mes frappes aux bons endroits, même si j’ai raté quelques roulés plus faciles. Je suis content de la manière dont j’ai joué aujourd’hui en général », a-t-il évoqué.

Il a commencé sa ronde discrètement, mais il l’a tout de même achevée avec huit oiselets. Sa lecture des verts aux 15e, 17e et 18e trous a été épatante.

Woods a eu chaud

Le mercure indiquait 26 degrés Celsius en début de journée. Même à l’entraînement, Woods était incapable de frapper trois balles de suite sans s’éponger le visage avec sa serviette blanche, tellement il suait.

Cette température a dérangé le quintuple champion du tournoi. Entre son premier coup de départ et son dernier roulé, elle avait dépassé le seuil des 30 degrés.

L’athlète de 47 ans était épuisé. Il avait évoqué mardi en conférence de presse le fait que son plus grand défi n’était pas de frapper les balles, mais de se déplacer entre les coups. Et ç’a paru lors de la première ronde. Non seulement il était affecté par la chaleur, mais il était également imprécis. Aucun coup ne semblait fonctionner comme il le voulait en début de partie. Il boitait, également, comme si son corps avait été trop difficile à traîner.

Toutefois, puisqu’il n’existe qu’un seul tigre, Woods a fait rugir la foule en fin de parcours, aux 15e et 16e trous, grâce à deux oiselets. Il a limité les dégâts sur le neuf de retour pour terminer la journée avec une carte de 74 (+2). S’il peut rendre un score de 70 ou 71 vendredi, les chances de voir du rouge dimanche, lors de la dernière ronde, sont plutôt bonnes.

Consultez le tableau des meneurs (en anglais)