Tous les golfeurs, même les meilleurs, ont connu des trous désastreux au cours de leur carrière. Combien de fois ne voit-on pas devant nous des joueurs passer de longues minutes dans les bois à chercher ou à frapper leur balle? Combien de fois ne voit-on pas des joueurs frapper une, deux, trois... balles à l'eau avec un bel entrain?

À la fin de la journée pourtant, combien osent écrire le résultat de leur «piochage» sur leur carte de pointage? Dans les clubs, les joueurs doivent souvent inscrire eux-mêmes leur pointage dans le système informatique qui calcule les handicaps. Et rares sont ceux qui inscrivent une marque plus haute que 10, même s'ils ont frappé ou totalisé bien plus de coups.

Le golfeur américain Kevin Na a inscrit un 16, il y a deux semaines, en première ronde de l'Omnium du Texas. 16! Arrivé au neuvième trou avec une fiche d'un coup sous la normale, il en est reparti groggy à +11, abandonnant là toutes ses chances de bien faire dans le tournoi.

Avec le recul pourtant, Na a gagné là le respect de tous les golfeurs, devenant un héros populaire grâce à son honnêteté et à la classe qu'il a démontrée après son cauchemar. Le hasard a voulu que lui et son cadet portent des micros pour le Golf Channel cette journée-là et la vidéo de son 9e trou, déjà vue par 750 000 internautes, est un joyeux divertissement.

Voici un résumé de sa «performance»:

1. Coup de départ dans le bois à droite. Balle injouable, un coup de pénalité (2) et retour au tertre.

3. Nouveau coup de départ encore dans le bois à droite. Na frappe une autre balle provisoire, à gauche cette fois, mais trouve sa première balle et décide de la jouer.

4. D'une position précaire, il frappe sur un arbre et est atteint par sa balle, ce qui lui vaut un autre coup de pénalité (5). La balle est encore injouable (6) et il revient à la position 4.

7. Frappe dans le bois et avance de quelques pieds.

8. Doit frapper de la gauche et rate la balle.

9. Encore de la gauche et n'avance que de quelques pieds.

10, 11, 12, 13. De la droite, n'avance toujours que de quelques pieds à la fois pour finalement atteindre l'herbe longue.

14. Un bon coup d'approche pour atteindre la frise du vert.

15. Cale presque son long coup roulé, mais la balle dépasse la coupe de six pieds.

16. Cale son roulé...

En aucun moment, Na n'a proféré un juron ou perdu son calme. En ressortant du bois, couvert de feuilles et de branches, les bras et les jambes meurtris par les ronces, il arborait un sourire.

Le golfeur avait d'ailleurs perdu le compte de ses coups et il a insisté pour revoir la vidéo avant de signer sa carte. C'est lui qui a ajouté le huitième coup, même si personne ne l'avait vu s'élancer.

«On perd un peu son jugement dans ces situations, a admis Na après sa ronde. On s'acharne à s'en sortir alors qu'il faudrait accepter son sort. C'est une bonne leçon et je m'en souviendrai toujours.»

La leçon vaut aussi pour tous les golfeurs, surtout les «champions» du dimanche...

Et que les admirateurs de Kevin Na se rassurent. Il a rebondi avec une neuvième place, la semaine dernière à la Classique Heritage. Son pire trou? Un double boguey six.

Pas le pire

Bien qu'exceptionnel, le 16 de Kevin Na n'est pas un record sur le circuit de la PGA. John Daly avait déjà inscrit un 18, en 1998 à l'Invitation Bay Hill. Plus loin dans le passé, Tommy Armour, à l'Omnium Shawnee de 1927, et Ray Ainsley, à l'Omnium des États-Unis de 1938, ont inscrit des 23!

Comme quoi, il n'y a pas de limites à l'honnêteté sur un terrain de golf.