Angel Cabrera et Kenny Perry ont prouvé dans le passé qu'ils pouvaient gérer la pression sur les scènes les plus intimidantes du golf mondial. Dimanche, ils tenteront de mater le parcours d'Augusta National, site du Tournoi des Maîtres, un test d'une ampleur sans équivalent depuis le début de leur carrière respective.

Cabrera, champion de l'Omnium des Etats-Unis il y a deux ans à Oakmont, a réussi trois oiselets en deuxième moitié de parcours, et a bataillé d'arrache-pied pour récolter une normale au 18e trou, samedi, en route vers une carte de 69, trois coups sous la normale.

Perry, qui a brillé sous les réflecteurs de la Coupe Ryder dans sa terre natale du Kentucky en septembre dernier, a surmonté deux bévues avec son fer droit dans le fameux Amen Corner, et complété son troisième parcours avec cinq normales consécutives et un score de 70, pour rejoindre l'Argentin au sommet du tableau des meneurs.

Ce sera la première fois que les deux golfeurs font partie du dernier duo lors d'un tournoi majeur.

Et l'on ne parle certainement pas du moins prestigieux des quatre rendez-vous du grand chelem du golf.

Cabrera et Perry présentent des fiches cumulatives de 205, 11 coups sous la normale, soit le meilleur dossier après 54 trous au Tournoi des Maîtres depuis que le terrain a été allongé il y a sept ans. Le neuf de retour à Augusta National est l'un des plus éprouvants dans le monde du golf, et on s'attend à ce que les responsables le disposent, dimanche, pour accroître les chances d'y réussir des oiselets et des aigles.

«Je suis chanceux de me retrouver en telle posture», a reconnu Cabrera. «Je n'ai jamais été en aussi bonne position avant, et je vais tenter d'en tirer le maximum.»

Perry a perdu en prolongation lors du Championnat de la PGA à Valhalla en 1996, et il avait été sévèrement critiqué parce qu'il se trouvait dans la tribune de presse plutôt que dans le champ d'exercice. Jamais n'aurait-il cru, une douzaine d'années plus tard, qu'il aurait la chance de devenir le golfeur le plus âgé, à 48 ans, à remporter l'un des quatre tournois du grand chelem.

«Pendant les deux premières journées, j'avais l'impression d'être en vacances. Aujourd'hui (samedi), c'est comme si j'étais rentré au boulot», a comparé Perry.

Lui et Cabrera possèdent une priorité de deux coups sur Chad Campbell, qui a détenu brièvement le premier rang en deuxième moitié de parcours, samedi, jusqu'à ce qu'il ne commette une erreur au 16e trou, où il a eu besoin de deux coups pour se sortir d'une fosse de sable. Il a finalement dû se contenter d'un double bogey et remis une carte de 72, soit la normale.

Jim Furyk, un autre ancien champion de l'Omnium des Etats-Unis, a joué 68 samedi et il occupe le quatrième rang avec une fiche de 208, à trois coups du sommet.

Le Canadien Stephen Ames a ramené une carte de 71, samedi et son total de 212, quatre coups sous la normale, lui confère le dixième rang à égalité avec huit autres golfeurs, dont Tiger Woods (70), Lee Westwood (70) et Phil Mickelson (71), à sept coups du sommet.

La journée a été bien différente pour Mike Weir, dont la ronde de 79, sept coups au-dessus de la normale, l'a fait glisser au 49e rang, avec un dossier cumulatif de 222, six coups au-dessus de la normale.

Woods et Mickelson bien loin

Lorsque le Tournoi des Maîtres s'est mis en branle, jeudi, un peu tout le monde anticipait un duel final entre Woods et Mickelson. Les deux meilleurs golfeurs au monde sont à égalité, en effet, mais à sept coups du sommet et ils tentaient de se convaincre qu'ils avaient encore des chances de revêtir le Veston vert dimanche.

Woods a amorcé sa tentative de poussée, samedi, en expédiant son premier coup de départ dans un boisé à la gauche de l'allée. Il a été incapable de corriger le tir et il a dû se contenter d'un double bogey.

Au sixième trou, une normale-3, le coup de départ de Woods a donné contre le bas de la tige et la balle a ensuite roulé hors du vert. Il a repris des couleurs au fil des six derniers trous, réussissant trois oiselets et il a complété la journée avec un score de 70.

La tentative de remontée de Mickelson a été ralentie par de mauvais coups d'approche, mais il a quand même limité les dégâts avec une ronde de 71.

«Bien des choses se produisent le dimanche à Augusta, et ce n'est pas moi qui vous dira que rien de bizarre ne peut de nouveau survenir», a fait remarquer Mickelson. «Si vous connaissez une période heureuse et que vous commencez à inscrire des oiselets, bien d'autres peuvent suivre.»

Puis, Mickelson a présenté un autre scénario dont lui et Woods ont absolument besoin.

«Lorsque vous commencez à vous accrocher les pieds, c'est difficile de reprendre le dessus. Et c'est facile de trébucher.»

Woods a quitté le terrain en sachant fort bien que tout espoir de victoire dépendait du rendement des meneurs en deuxième moitié de parcours, samedi. Ils ont aidé un peu, Campell négociant les neuf derniers trous à l'aide de 38 coups, comparativement à 36 pour Perry.

Au fil de sa glorieuse carrière, Woods n'a jamais gagné un tournoi majeur lorsqu'il n'occupait pas le premier rang après 54 trous, et il n'a jamais effacé un déficit de plus de sept coups avec 18 trous à jouer, peu importe le tournoi.

«Ce fut toute une bataille», a affirmé Woods en analysant sa performance, samedi. «Je suis plutôt fier du fait que je suis revenu au plus fort de la lutte, si l'on tient compte du fait que je n'ai pas tellement frappé la balle aussi bien que je l'aurais souhaité et que j'ai connu deux verts de trois roulés.»