Toute carrière d’athlète professionnel est éphémère. Laurent Duvernay-Tardif a en lui le désir profond d’utiliser la plateforme que la sienne lui a offerte pour avoir un impact significatif sur les jeunes. « J’espère que dans 10, 15, 20 ans, on ne va pas me définir juste comme un joueur de football. J’aimerais ça, accomplir plus. »

Accompagné de ses parents, le footballeur et médecin québécois était de retour là où tout a commencé, samedi soir : entre les murs du collège Saint-Hilaire, à Mont-Saint-Hilaire. L’établissement d’enseignement tenait un cocktail dînatoire afin d’officialiser la nomination du gymnase Duvernay-Tardif.

Laurent, aîné de la famille, était le seul membre de la fratrie présent en cette soirée réunissant membres du personnel, anciens élèves, parents d’élèves et représentants d’entreprises de la région. L’athlète de 32 ans affichait un sourire sincère lors de son allocution.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Jean-François Guay, directeur du collège Saint-Hilaire, en compagnie de Laurent Duvernay-Tardif

« Être un athlète professionnel, c’est très éphémère, mais l’impact que tu peux avoir avec la plateforme que le sport professionnel te donne, ça va bien au-delà de ton sport, a-t-il noté. Moi, c’est ça que j’ai envie de faire. Être ici aujourd’hui, c’est un honneur, mais c’est aussi le début de ce processus-là. »

Parmi les messages que Duvernay-Tardif souhaite véhiculer : rendre le sport « le plus accessible possible » et « arrêter de pousser les jeunes à être les meilleurs ».

C’est d’ailleurs le cœur du message de sa fondation, qui organise des évènements clés en main encourageant l’équilibre entre les sports, les arts et les études.

« [Au Québec], je trouve qu’on est très dans la compétition et dans la performance. Je sais que c’est un peu paradoxal avec mon parcours d’athlète professionnel », a continué LDT devant un auditoire attentif.

Ne pas « pousser trop fort »

« Ce qui est vrai et beau dans le sport, c’est ce qui se passe à ce niveau-ci : au primaire, au secondaire. Il y en a que ça raccroche à l’école. Il faut se rappeler que, chaque fois qu’on pousse des jeunes trop fort, qu’on encourage la performance à tout prix, on crée aussi des décrocheurs. Il y a des décrocheurs académiques, mais il y a aussi des décrocheurs sportifs. »

Cette mentalité, LDT la tient de ses parents, Guylaine Duvernay et François Tardif, « qui [l’]ont amené à essayer différentes choses, à être curieux ». Tous deux étaient présents pour l’occasion et émus de voir le nom de leurs enfants bien en évidence sur le mur du gymnase.

« Je pense qu’ils le méritent, qu’ils sont de bons ambassadeurs, a affirmé la maman à La Presse. Ce sont des parcours atypiques, mais qui les ont amenés vers ce qu’ils voulaient vraiment faire. »

« On s’est toujours dit, Guylaine et moi, qu’accompagner un enfant dans sa croissance, c’est l’accompagner, pas lui dire : tu dois absolument aller par là, a ajouté M. Tardif. [Il ne s’agit] pas de trop le pousser, mais de l’accompagner dans ses projets et ses goûts. C’est ce qu’on a essayé de faire. »

Un lieu de rassemblement

Voilà cinq ans que l’idée de nommer le gymnase en l’honneur de la famille a germé entre les murs du collège. « [Les élèves] vont arriver [dans le gymnase] et voir quotidiennement leurs noms, a expliqué le directeur, Jean-François Guay. Les inspirations que vous avez d’eux et celles de votre voisin, c’est différent. […] En trio, ils touchent à suffisamment de sujets et de domaines que ça va inspirer des milliers de jeunes dans les prochaines années. »

Rappelons que Delphine, cadette de la famille à 26 ans, est une spécialiste du ski de fond et travaille dans le domaine de la santé en Gaspésie. Quant à la benjamine, Marilou, elle fait partie de l’équipe nationale d’aviron et poursuit des études en kinésiologie à l’Université de Montréal. Toutes deux ne pouvaient être présentes, samedi.

En rendant hommage aux cinq membres de la famille, le collège souhaite offrir à ses élèves un « rappel quotidien que tout est possible lorsque la passion, l’énergie et l’humilité sont conjuguées au quotidien », a noté M. Guay dans son allocution.

Quel avenir en NFL ?

Comme l’année dernière, Laurent Duvernay-Tardif se retrouve sans contrat dans la NFL.

« Si le téléphone sonne en octobre, c’est difficile de dire non, mais en même temps, en ce moment, c’est important de me concentrer sur les projets que j’ai devant moi, a expliqué le garde. C’est ça, la beauté de mon parcours depuis les dernières années. »

« C’est qu’il y a toujours cette séparation-là entre le football et la médecine, mais on dirait que la balance penche tranquillement plus du côté de la médecine et je pense que c’est bien aussi. Ça prépare à l’après-carrière. »

L’athlète continue néanmoins de s’entraîner. « Je veux réduire les chances de blessures. Si je remets mes épaulettes, ça va être sur un terrain pour jouer. »

« C’est excitant »

PHOTO SETH WENIG, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Aaron Rodgers, quart-arrière des Jets de New York

Quand on l’a interrogé sur l’acquisition d’Aaron Rodgers par les Jets de New York, Duvernay-Tardif a esquissé un large sourire. « Ouais ! », s’est-il exclamé avant d’ajouter : « C’est excitant pour tout joueur de football, tout garde, tout bloqueur de ligne offensive. Je pense que ça va être une belle année pour les Jets cette année, du moins je l’espère. Je pense qu’ils ont une belle culture, qui est en train de changer. »