La dernière fois que Guillaume Boivin s’était mêlé comme ça à un sprint de peloton, ce devait être aux Mardis de Lachine, où il avait inscrit son nom à côté du record du parcours en 2009.

Libéré de ses obligations envers son coéquipier sud-africain Daryl Impey, victime d’une crevaison à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, le cycliste d’Israel-Premier Tech a pu tenter sa chance à la cinquième étape du Tour de Catalogne, vendredi, à Vilanova i la Geltrú.

Le champion canadien s’est bien tiré d’affaire, terminant quatrième d’un sprint réglé par le jeune Britannique Ethan Vernon (Quick-Step), auteur de sa première victoire chez les professionnels.

« C’est le fun de refaire un sprint, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu ce feeling-là », a réagi le Québécois de 32 ans.

Initiateur de l’emballage final à quelque 200 m de la ligne, Boivin s’est fait remonter par Vernon, 21 ans, l’Allemand Phil Bauhaus (Bahrain) et le Français Dorian Godon (AG2R), qui sont rentrés dans cet ordre.

« J’ai lancé ça de pas mal loin avec un vent de face, mais ça veut dire que les jambes sont bonnes. […] Je n’ai pas de regret. J’aime mieux faire ça et avoir une chance de gagner que de rester enfermé et ne pas pouvoir sprinter. Je ne suis pas un sprinteur pur. Je dois essayer de partir de loin pour avoir une chance. »

Un sprint massif de cette nature remontait à longtemps. « Ça devait faire 10 ans. En fait, je ne m’en souviens plus. En effet, c’était sûrement aux Mardis de Lachine ! Évidemment, le niveau n’est pas le même ici. Ça faisait un peu bizarre, mais c’était le fun ! »

Victime d’une chute à l’Étoile de Bessèges et stoppé par des maux de dos après deux étapes à Paris-Nice, Boivin était surtout heureux de faire tourner le vent.

Je suis content. Ça va super bien depuis le début de la semaine. Je passe vraiment bien les bosses. Hier [jeudi], on s’est relevés dans la dernière côte pour se sauver les jambes. Mais pendant l’étape, j’étais toujours devant.

Guillaume Boivin

Le natif de Jonquière estime son niveau de forme « vraiment proche » de celui de la fin de la saison dernière, quand il a brillé aux Mondiaux de Louvain (17e) et à Paris-Roubaix (9e). « Ça me donne de la confiance pour les gros objectifs en Belgique. »

À la faveur d’une seconde de bonification cueillie lors du dernier sprint intermédiaire, le Portugais João Almeida (UAE), vainqueur au sommet de Boi Taull la veille, a ravi le maillot de meneur au Colombien Nairo Quintana, désormais 2e.

Boivin n’est pas le premier Québécois à s’illustrer à cette épreuve de catégorie World Tour. En 2013, François Parisien y avait signé la victoire la plus importante de sa carrière, quelques mois avant de prendre sa retraite.

Houle en « mode rattrapage »

Boivin retrouvera son coéquipier Hugo Houle au Tour des Flandres la semaine prochaine. Sur le carreau après un « gros rhume » qui a suivi sa 13place à Paris-Nice, Houle en a subi les contrecoups pendant sa course de retour au Grand Prix E3, vendredi.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le cycliste québécois Hugo Houle

« Ça m’a pris quasiment une semaine pour récupérer, a expliqué le cycliste de Sainte-Perpétue. Lundi et mercredi, ça allait bien, mais aujourd’hui durant la course, je le sentais un peu au niveau respiratoire. C’est une sensation difficile à décrire. C’est douloureux dans les bronches. Mais les jambes étaient bonnes. »

Houle était mal positionné quand le Belge Wout van Aert et quelques coéquipiers de Jumbo-Visma ont provoqué une première sélection dans le Taaienberg, mont pavé souvent décisif dans ce mini-Tour des Flandres.

« J’étais trop loin. Après, j’ai été obligé d’utiliser beaucoup d’énergie pour rejoindre le groupe de tête. À partir de là, j’étais toujours un peu à contretemps. Chaque fois que je revenais sur la tête, un groupe sortait. Je n’étais pas dans la course », admet Hugo Houle, le coéquipier de Guillaume Boivin. « Je suis revenu parce que j’avais de bonnes jambes, mais je n’étais pas placé où il le fallait quand c’était le temps. »

Tu subis au lieu d’être plus en contrôle à anticiper les coups. J’étais plus en mode rattrapage toute la journée.

Hugo Houle, cycliste québécois

Van Aert, qui a complété le nettoyage dans le Paterberg, s’est imposé au bout des 204 km, main dans la main avec son coéquipier français Christophe Laporte. Le Suisse Stefan Küng (Groupama) s’est classé troisième, franchissant la ligne une minute et demie plus tard.

Houle (44e) est rentré avec le peloton principal à six minutes, avec le mandat de préparer le sprint pour son coéquipier Jenthe Biermans, sans grand succès (38e).

« C’est bizarre, tout le monde s’attaquait au lieu de rouler jusqu’à la ligne, même si on y allait pour la 16position. »

Après une rencontre avec le médecin de l’équipe, Houle décidera de la suite des choses. Théoriquement, il doit prendre le départ de Gand-Wevelgem dimanche, une affectation de dernière minute qu’il ne serait pas mécontent de laisser à un autre. Dans un monde idéal, il se préparerait pour À Travers la Flandre, mercredi, et le Tour des Flandres, dimanche.

Après sa prestation dans le nord-est de l’Espagne, Boivin a très hâte de s’élancer pour la grande classique belge. « Van Aert et Laporte ont été au-dessus des autres au Grand Prix E3, mais le Tour des Flandres est plus long, a-t-il fait remarquer. Si je peux jouer la tactique un peu et essayer d’anticiper, j’ai les jambes pour faire le même genre de performance que l’an dernier. »