Dieu que le vent tourne vite en sport automobile. Il y a cinq jours à peine, Alexandre Tagliani croyait que son volant chez PKV Racing était acquis. Aujourd'hui, rien n'est moins certain.

Mercredi à Homestead, lors de l'annonce officielle de l'unification de l'IRL et du Champ Car, des rumeurs persistantes ont circulé comme quoi PKV courtisait un autre pilote. Si les bruits de couloir se confirmaient, Tag se retrouverait les mains vides à un mois de la première épreuve du nouveau championnat, le 29 mars à Homestead.

Du côté de l'écurie, les échos n'ont rien de rassurants. «Kevin Kalkhoven doit me dire lundi prochain s'il m'engage ou non, a expliqué Tagliani. Si l'entente ne se réalise pas, je serai vraiment déçu. J'ai été très rapide aux essais à Sebring, l'équipe était réceptive. On a même fait des démarches conjointes auprès des commanditaires.» Le hic, c'est que les volants ne vont pas nécessairement aux plus méritoires en piste. En sport automobile, le sport et le business ne sont pas toujours compatibles.

Ce n'est pas la première fois que Tagliani se retrouve bredouille à l'aube d'une saison. Fin 2004, Paul Gentilozzi l'avait congédié sans préavis, alors que le Québécois était certain d'avoir une entente en main. Il avait découvert sur l'Internet que Rocketsports faisait des essais avec un autre! Cette année encore, Tagliani n'a rien vu venir. «Je croyais vraiment que ça se concrétiserait. Bon, ce n'est pas totalement impossible non plus. Peut-être que tout va se placer J'aurais seulement aimé que l'équipe me dise qu'elle avait un autre pilote dans sa ligne de mire plutôt que de l'apprendre par une tierce personne.»

Tag et son agent Alan Labrosse ont déjà amorcé des discussions avec deux autres écuries, dont ils préfèrent taire le nom. Et selon le pilote québécois, «les pourparlers sont sérieux». «Ce sont deux équipes avec du bon potentiel qui aimeraient embaucher un pilote avec de l'expérience sur des ovales. J'ai toujours bien réussi sur ce genre de circuit. C'est la meilleure carte dans mon jeu. J'ai eu la pole à Fontana, à Milwaukee, au Brésil. À Homestead, lors de ma première course à vie sur ovale, je me suis qualifié quatrième.»

N'empêche, le temps file et le boulot à faire est colossal. Un coureur plus pessimiste pourrait commencer à préparer sa retraite. Pas Tagliani. «Je sais que ce n'est pas la fin, que je ne serai pas au chômage.»

Un championnat sans Canadien?

Le seul autre Canadien du Champ Car, Paul Tracy, se retrouve aussi sans volant. L'écurie Forsythe a fait savoir hier qu'elle ne participerait pas au championnat unifié et se concentrerait sur ses activités en Formule Atlantique.

Figure emblématique du Champ Car, Tracy se lancera sans doute lui aussi à la chasse aux commandites. Or, avec une seule course en territoire canadien, à Edmonton, la situation devient périlleuse pour nos pilotes. «Si les entreprises n'embarquent pas, Tony George pourrait bien «tirer la plogue». On perdrait alors toute chance de voir de super courses de monoplaces», craint Tagliani.