Fernando Alonso, Mark Webber ou Sebastian Vettel? Ferrari à niveau? Stratégie d'équipe ou liberté totale chez Red Bull? Lewis Hamilton prêt à assommer tout son monde? La Formule 1 se réserve un final hitchcockien dimanche pour son dernier Grand Prix de 2010, à Abou Dhabi.

Le suspense a rarement été aussi intense pour l'attribution d'un titre. Trois hommes, Alonso (246 points), Webber (238) et Vettel (231) naviguent en 15 longueurs à peine, quand une victoire en vaut 25. Et un quatrième, Hamilton (222) se tient en embuscade au cas où tout ce petit monde s'éliminerait.

«Vu comment se déroule ce Championnat, on pourrait faire encore deux ou trois courses, ça serait toujours aussi serré. Personne n'a jamais eu 25 points d'avance cette saison», observe l'Australien.

L'incroyable final de la saison 2007 revient instantanément en mémoire. Kimi Räikkönen (Ferrari), en remportant le Grand Prix du Brésil avec la complicité de son partenaire Felipe Massa, avait soufflé par un point la couronne aux deux coéquipiers ennemis de McLaren, Lewis Hamilton et Fernando Alonso. Un grand moment que la Scuderia n'est pas prête d'oublier. Elle prie d'ailleurs pour un scénario identique sur le rutilant circuit de Yas Marina. Si seulement les deux pilotes Red Bull, rivaux forcenés de ce Championnat, pouvaient s'éliminer mutuellement... Car l'écurie austro-britannique, victorieuse à Abou Dhabi la saison passée par l'entremise de Vettel, est appelée à jouer les premiers rôles ce week-end, comme elle l'a fait toute la saison ou presque. Et Ferrari, ou plutôt Alonso, à tenir celui de valeureux outsider.

Alonso «connaît le film»

Survient donc la question des consignes d'équipe. Dimanche dernier à Interlagos, Red Bull s'était refusé à demander à l'Allemand de laisser passer son coéquipier, deuxième, ce qui aurait pourtant permis à Webber de revenir à un point d'Alonso, troisième de la course. L'Espagnol avait apprécié.

Vettel avait de son côté préservé ses chances de titre. Mais avec 15 points de retard sur l'Ibère, il sait que ses chances de sacre dans trois jours ne sont pas énormes. Une troisième place lui suffirait pour être éliminé de la compétition. «Les favoris ce week-end sont clairement Mark et Fernando, reconnaît l'Allemand. Je vais simplement essayer de faire de mon mieux. Ensuite, tout dépendra d'où se trouvent ces deux types», a reconnu l'intéressé. Dans l'hypothèse où le scénario brésilien se répète - Vettel premier, Webber deuxième, Alonso troisième dans le dernier tour -, ce qui ne suffira pas à l'Allemand pour être sacré, laissera-t-il alors passer son coéquipier qui, lui, sera couronné en cas de victoire, à condition que le pilote Ferrari termine au mieux troisième? Déjà peu volubile sur le sujet à Sao Paulo, «Baby Schumi» n'a pas voulu s'étendre davantage jeudi. «C'est assez clair, s'est-il borné à répondre, nous travaillons tous les deux pour une même équipe».

Alonso, lui, a indiqué «ne pas vouloir passer la moindre seconde à penser» aux choix tactiques de Red Bull. «Mon seul objectif est de terminer deuxième ou premier de la course. C'est ce qui nous garantit mathématiquement de remporter le titre», a affirmé l'Espagnol, qui vise «le premier rang» sur la grille en qualifications, «la pole position étant la bienvenue».

Et d'ajouter, provocateur à l'égard des novices Mark Webber et Sebastian Vettel: «Sur les six dernières saisons, j'ai déjà été quatre fois en position de remporter le titre à la dernière course. Je connais le film !»