Tout n'est pas perdu pour le Grand Prix du Canada, a affirmé hier Bernie Ecclestone, à Shanghai, dans une entrevue exclusive à La Presse.

«Je suis en discussion avec les pouvoirs publics de Montréal, a expliqué le détenteur des droits commerciaux de la F1, sans préciser l'identité de ses interlocuteurs. Il y a une chance que nous parvenions à remettre le Grand Prix du Canada au calendrier 2009, bien que je ne sois pas capable d'en chiffrer la probabilité. Vraiment, ça, je ne sais pas.»

Ecclestone est arrivé à Shanghai dans son nouveau jet privé - un Dassault Falcon 7X de la dernière génération - dans le but d'assister à la présentation du nouveau circuit d'Abou Dhabi. Ses promoteurs ont loué une loge entière du paddock chinois pour dévoiler une maquette géante du futur circuit qui devrait, à les croire, devenir le joyau du calendrier de Formule 1.

Un Grand Prix d'Abou Dhabi appelé à remplacer le Grand Prix du Canada, l'un faisant son apparition au moment où l'autre disparaît. À en croire Ecclestone, pourtant, les deux événements ne sont absolument pas liés. D'autant que la situation s'est compliquée depuis mercredi soir, lorsque la FFSA, la Fédération française du sport automobile, a annoncé qu'elle ne souhaitait plus organiser le Grand Prix de France l'an prochain.

En l'espace de 10 jours, la Formule 1 vient donc de perdre les Grands Prix du Canada et de France, deux épreuves appartenant à son histoire et qu'il semble impensable de voir disparaître.

Ils savent quoi faire

Selon Ecclestone, les autorités montréalaises savent exactement ce qu'elles doivent faire pour sauver le Grand Prix. «Oui, ils sont parfaitement au courant de la démarche à suivre. Je dirais même qu'elles sont au courant depuis cinq ans déjà!»

Lorsqu'on évoque les problèmes sur lesquels un éventuel accord pourrait buter, on comprend qu'il s'agit essentiellement d'argent. Et essentiellement du non-respect du contrat de la part du promoteur du Grand Prix, la société de Normand Legault. «Les promoteurs du Grand Prix nous doivent beaucoup d'argent, a tonné Ecclestone. Le problème ne se limite pas aux deux dernières années. Voilà trois ans qu'ils ne paient pas! Jusque-là, j'ai été sympa, mais j'ai finalement dû me montrer plus strict. J'ai cassé le contrat, ce qui nous permet maintenant de repartir sans aucun contrat, sur des bases totalement vierges...»

Dans le milieu de la Formule 1, de nombreuses voix s'étaient élevées, la semaine dernière, pour regretter l'absence du Grand Prix du Canada - ce qui ne fait qu'aggraver l'absence d'un Grand Prix aux États-Unis. Pour les grands constructeurs automobiles en F1, une épreuve au moins en Amérique du Nord semble indispensable pour un championnat qui se veut «du monde». Avec deux Grands Prix, au Canada et aux États-Unis, les coûts de transport peuvent aussi être amortis plus facilement.

Les écuries ont ainsi certainement fait pression sur Ecclestone, même si ce dernier s'en défend . «Le retour du Grand Prix du Canada au calendrier n'a rien à voir avec la présence ou non d'une épreuve aux États-Unis et d'une hypothétique répartition des coûts, a précisé le Britannique. Franchement, j'aimerais vraiment que nous puissions revenir au Canada. J'aime bien Montréal, et tout le monde, en F1, aime bien Montréal. J'espère que nous pourrons tomber d'accord rapidement sur les termes d'un nouveau contrat.»

Les représentants de la Ville de Montréal doivent rencontrer Ecclestone au cours des prochains jours. Le Britannique semble prêt à revenir sur la décision de supprimer le Grand Prix du Canada du calendrier.

À condition, bien sûr, que ses exigences financières soient acceptées, et qu'il soit assuré, cette fois, d'être payé par le promoteur.