Chat échaudé craint l'eau froide. Après un début de saison très difficile, pour ne pas dire catastrophique à certains égards, Ferrari est en quête d'une confirmation de ses deux dernières courses plutôt encourageantes.

Fernando Alonso prône la prudence et évoque à peine un podium à Montréal. Quant à Kimi Räikkönen, il est loin de s'imaginer gagner une course, lui qui voit la poisse lui coller aux basques. Chat échaudé craint l'eau froide, disait-on...

10 ans. Cela fait exactement 10 ans que l'on n'a pas vu à Montréal une Ferrari franchir la ligne d'arrivée la première. Le dernier vainqueur en date qui portait la tunique rouge était nul autre que Michael Schumacher. Le 13 juin 2004, le pilote allemand enchaînait d'ailleurs une troisième victoire en 3 ans à Montréal. Depuis, rien de notoire. Niente, comme dirait un Italien. Si ce n'est l'année suivante un doublé Ferrari sur le podium, derrière le vainqueur Kimi Räikkönen, à l'époque chez McLaren.

«Étape par étape»

On se dit alors que les deux pilotes Ferrari seraient bien inspirés de faire un coup dimanche sur le circuit Gilles- Villeneuve. Mais à les écouter, ce n'est pas parti pour cela.

C'est tout juste s'ils y pensent.

«Le podium est un objectif ambitieux. Nous devons être optimistes, mais il faut y aller étape par étape : avoir de bons essais, valider les nouveaux ajustements, essayer d'avoir de bonnes qualifications. C'est important de tout maximiser. Nous avons eu un bon rythme lors des dernières courses, il faut confirmer », a commenté Fernando Alonso, hier, dans les paddocks.

Quelque peu poursuivi par la malchance, victime de trois accrochages involontaires en six courses, Räikkönen ne s'imagine pas gagner une course de sitôt. «On espère revenir. Nous allons dans la bonne direction, mais ça va être dur pour le championnat, il faut y aller étape par étape.» À croire que les deux pilotes se sont passé le mot...

À leur corps défendant, ce ne sont pas leur pilotage ou leurs réglages qui ont été mis en cause jusqu'ici cette saison. Les piètres résultats de Ferrari sont attribuables à la Ferrari elle-même. Même s'il est fiable, son moteur manque cruellement de vitesse de pointe. Son châssis n'a pas convaincu tout le monde non plus.

Conséquence, la Scuderia voit déjà le titre mondial des constructeurs s'envoler. Et ne peut qu'espérer placer un de ses pilotes dans les 3 premiers du championnat du monde. Et encore.

Le directeur d'écurie Stefano Domenicali a fait les frais de ce fiasco du début de saison dès le lendemain du Grand Prix de Bahreïn, troisième course de la saison! Catapulté à la tête de cette direction, Marco Mattiacci a eu le mandat de redresser la barre et de travailler déjà en vue de la saison prochaine. Pas évident pour quelqu'un qui a fait ses preuves dans le domaine commercial en tant que directeur général de Ferrari Amérique du Nord.

«Nous devons continuer de travailler sur les deux échéances, cette saison et l'an prochain, estime Alonso. Nous ne devons rien faire cette année qui puisse compromettre la prochaine. Nous voulons continuer de développer les forces de l'équipe pour la voiture de l'an prochain, mais cela requiert du temps pour le projet 2015. Nous devons prendre le temps pour ça. Honnêtement, je ne m'en fais pas pour ça. Je pense que Marco Mattiacci va dans la bonne direction, il a une bonne approche, très claire.»

Alonso : «J'aime la piste»



En attendant, les Ferrari ont toutes les peines du monde à rivaliser avec les Red Bull on ne parle même pas des Mercedes. Le circuit Gilles- Villeneuve serait-il cependant fait pour elles?

«Je pense que cela va être une fin de semaine difficile, avance Alonso. La puissance est un aspect important sur cette piste. Je m'attends à ce que les écarts de temps soient très serrés, autour d'une seconde. Mais j'aime la piste, nous avons été performants ici ces dernières années. J'aspire à une bonne fin de semaine. On a fait des mises à jour sur lesquelles on travaille depuis quelques semaines, on a fait des essais sur simulateur après Barcelone et Monaco.»

Une victoire d'Alonso ou de Räikkönen dimanche serait un formidable clin d'oeil au dernier pilote Ferrari vainqueur à Montréal, Michael Schumacher, plus que jamais plongé dans le coma.