Les trois poursuivants de Sebastian Vettel (Red Bull), leader détaché du championnat du monde de Formule 1, veulent briller sous les projecteurs du Grand Prix de Singapour, dimanche soir, et vont tout tenter pour continuer de retarder le probable 4e titre mondial d'affilée du pilote allemand.

Qu'il s'agisse de Fernando Alonso (Ferrari), Lewis Hamilton (Mercedes) ou Kimi Räikkönen (Lotus), les trois champions du monde ont de bonnes raisons de croire qu'ils peuvent profiter de cette espèce de GP de Monaco asiatique et atypique, couru en nocturne sur un circuit urbain, pour enrayer la domination de «Baby Schumi» qui vient de gagner à Spa et à Monza.

Alonso (2008, 2010) et Hamilton (2009) ont déjà gagné sur le circuit de Marina. L'Espagnol, dauphin de Vettel en 2012, vient de terminer deux fois deuxième à Spa et Monza derrière le jeune ogre allemand, et sa Ferrari a un peu progressé cet été. S'il prend un bon départ et si la course devient compliquée, il a une chance.

Singapour se refuse à Iceman

L'Anglais à la boucle d'oreille dispose, a priori, de la monoplace la plus efficace, qui lui a permis d'enchaîner quatre pole positions cet été et de gagner en Hongrie. Il pointe à 81 points de Vettel (141 à 222), à sept manches de la fin, mais vient de chiper la 3e place à Räikkönen et va la défendre bec et ongles, comme en fin de course à Spa quand il s'est bagarré contre le Finlandais pour prendre quelques points.

Enfin, «Iceman» n'a jamais gagné à Singapour mais reste sur deux résultats blancs, à Spa et Monza, alors qu'il venait d'enchaîner 27 GP dans les points, nouveau record. Si l'on s'appuie sur les statistiques, la probabilité est donc grande qu'il arrive à reprendre la série et à se refaire au casino de Singapour, surtout si la voiture de sécurité sort souvent pour calmer le jeu.

Kimi le discret, sauf sur la piste, a été la vedette absolue de la semaine dernière, quand son retour chez Ferrari a été annoncé en deux lignes, sans fioritures, à la finlandaise, par la Scuderia. Depuis, un chiffre officieux a circulé, celui du montant forcément confidentiel de son contrat: 11 millions d'euros par an, soit deux fois moins qu'Alonso.

En revenant chez Ferrari, Räikkönen va suivre son instinct et tenter de reprendre le fil d'une histoire interrompue fin 2009, quand la Scuderia lui avait demandé de laisser son baquet à Alonso. Comme James Allison, ex-directeur technique de Lotus débauché en début d'année, il va faire son retour à Maranello quelques années plus tard, avec une motivation intacte et une expérience plus grande.

La bonne stratégie

Ces mêmes deux atouts-maîtres peuvent lui permettre de brouiller les cartes dimanche soir, sur un circuit où l'humidité ambiante va inciter certains à tenter des coups de poker, par exemple avec les pneus. Pirelli a apporté des «medium», très résistants, et des «super-tendres», très performants. Les ingénieurs n'ont plus qu'à trouver la bonne stratégie.

Le GP de Singapour «symbolise parfaitement la F1 moderne, dans un décor oriental. Ça ressemble plus à un film de Hollywood qu'à du sport international et c'est fantastique», disait l'an dernier Martin Whitmarsh, le Team Principal de McLaren. Pour que ça ressemble vraiment à Hollywood, il faudrait des coups de théâtre plus fréquents, des scénarios un peu plus mouvementés.

À Singapour, depuis deux ans, on ne s'ennuie pas mais à la fin, à chaque fois, c'est Vettel qui gagne. En 2011, l'Allemand a mené de bout en bout. L'an dernier, Hamilton est parti en tête, dans sa McLaren, jusqu'à un abandon au 23e tour (boîte de vitesses) qui a permis à Vettel de passer en tête. Puis de gagner, comme une fois sur deux depuis le début de cette saison 2013.