La Formule 1 ne s'est pas réconciliée avec les nostalgiques hier à Melbourne. Malgré une bonne première course, le championnat du monde a déjà montré combien la gestion des pneus allait être décisive dans la composition des podiums à venir. Du moins en apparence.

Kimi Räikkönen, en véritable renard, a été le plus habile dans cet exercice sur un circuit d'Albert Park complètement détrempé la veille, ce qui a forcé le report des qualifications au matin de la course. C'est dans ces conditions inhabituelles que le Finlandais a hypothéqué ses chances de victoire: un seul tour réellement complété lors de la dernière séance de qualifications et une erreur dans un virage pour une septième place sur la grille.

Mais parce qu'il a pris un bon départ et surtout parce qu'il a été le plus habile dans la gestion de ses pneus, Räikkönen s'est dirigé vers la 20e victoire de sa carrière, somme toute méritée, devant Fernando Alonso (Ferrari) et Sebastian Vettel (Red Bull). «Iceman» a été un des rares à avoir effectué deux changements de pneus quand tous ses rivaux ont dû rentrer aux puits une troisième fois.

Le pilote Lotus n'a pas été le seul à tirer son épingle du jeu. Au 20e des 58 tours, c'est en effectuant sa deuxième rentrée aux puits un tour avant Vettel qu'Alonso a pris le dessus sur le triple champion du monde, pourtant parti en pole et auteur d'un très bon départ.

Tout s'est donc joué avec ces nouveaux pneus super tendres et medium mis à disposition par Pirelli? Pas tout à fait. Si Räikkönen a pris le dessus sur ses adversaires, c'est aussi parce qu'il a été l'un des plus rapides. C'est essentiellement sur ce point qu'ont pêché les Red Bull de Sebastian Vettel et Mark Webber. Le champion du monde en titre l'a concédé lui-même après la course: «Nous n'étions pas les plus rapides aujourd'hui [hier].»

Lotus peut également louanger le comportement de ses voitures. Sans vouloir faire de jeux de mots, la E21 s'est apparemment montrée très tendre avec les pneus Pirelli. Un avantage non négligeable dont on attend la confirmation la semaine prochaine en Malaisie.

Quatrième au classement des constructeurs l'an dernier, Lotus brigue le podium cette saison. Derrière les indéboulonnables Red Bull et Ferrari, en compagnie des exprimentées McLaren et aux côtés des ambitieuses Mercedes, l'écurie britannique avait affaire à une rude concurrence au départ de ce championnat. Elle l'est toujours. À une nuance près. Si le Grand Prix d'Australie a confirmé le potentiel des voitures de Räikkönen et de Romain Grosjean, il a également laissé entrevoir les difficultés auxquelles risque de faire face l'écurie McLaren. À Melbourne, les bolides de Woking ont été invisibles.

Neuvième à l'arrivée, Jenson Button s'est montré inquiet et impuissant. Il était impossible de faire plus, selon lui. «Il y a encore beaucoup de choses à faire pour progresser et défier les meilleurs. Et cela pourrait prendre pas mal de temps.»

Si les McLaren faiblissent et si Mercedes ne confirme pas ses premiers bons résultats (Hamilton 5e), le podium de Melbourne pourrait bien être celui de la fin de la saison.

Reste à savoir dans quel ordre.