L'Espagnol Fernando Alonso (Ferrari) a remporté dimanche à Valence, devant son public, un GP d'Europe qui rentrera à coup sûr dans les annales de la Formule 1, devant le Finlandais Kimi Räikkönen (Lotus-Renault) et l'Allemand Michael Schumacher (Mercedes).

«C'est la plus belle victoire de ma carrière, mieux encore que quand j'ai remporté le GP d'Espagne à Barcelone en 2006, à cause de tout ce qui s'est passé autour, avant, pendant et après» la course, a confié un Alonso lessivé par l'émotion, en conférence de presse.

«En termes d'émotion, c'est la plus belle, parce que c'est devant mon public et dans une Ferrari», avait dit quelques minutes plus tôt, à sa descente du podium, le double champion du monde espagnol (2005 et 2006, chez Renault), au terme d'une course magistrale d'intelligence et de savoir-faire.

Trois champions du monde sont montés sur le podium à l'issue de cette course menée à un train d'enfer, neutralisée du 28e au 33e tour à la suite d'un accrochage entre le Français Jean-Eric Vergne (Toro Rosso) et le Finlandais Heikki Kovalainen (Caterham), puis marquée dès sa reprise par les abandons consécutifs de l'Allemand Sebastian Vettel (Red Bull) et du Français Romain Grosjean (Lotus), tous les deux sur panne mécanique.

Dernier coup de théâtre, le Britannique Lewis Hamilton (McLaren), arrivé à Valence en leader du championnat sur la lancée de sa victoire à Montréal, a fini dans le rail au 56e et avant-dernier tour alors qu'il occupait la 3e position, suite à un accrochage avec le Vénézuélien Pastor Maldonado (Williams), surnommé par certains «le boucher de Caracas».

Schumi sur le podium

C'est la 2e victoire d'Alonso cette saison, après la Malaisie, alors que les sept premières courses s'étaient terminées avec autant de vainqueurs différents, un record absolu depuis la création du championnat en 1950.

L'Espagnol repasse en tête du championnat avec 111 points, soit 20 points d'avance sur le surprenant Mark Webber (Red Bull), parti 19e et finalement 4e de cette course d'anthologie, sa place préférée cette saison.

Parti de la 11e place sur la grille de départ, Alonso a bondi pour doubler Grosjean dès la fin de la neutralisation, puis a profité de l'abandon de Vettel pour passer en tête et ne plus la quitter.

«C'est un beau week-end de sport pour les Espagnols, après la victoire de la Roja» samedi soir en quart de finale de l'Euro-2012 de football face à la France (2-0), a souri l'immense Fernando. «Comme Rafael Nadal vient aussi de remporter Roland-Garros (pour la 7e fois), j'ai senti que moi aussi je devais faire quelque chose de spécial», a-t-il ajouté.

C'est aussi le premier podium de Schumacher, sept fois champion du monde, depuis la fin de son congé sabbatique de trois ans (2007-2009) et son retour début 2010, chez Mercedes.

«C'est un moment très spécial. Quand j'ai passé la ligne d'arrivée, je n'avais aucune idée de ma position, car j'étais un peu occupé dans les derniers tours», a souri Schumacher, parti de la 12e place sur la grille et bien aidé, en toute fin de course, par l'accrochage entre Hamilton et Maldonado.

«C'est pour des courses comme ça qu'on aime la Formule 1», a conclu «Schumi», 43 ans, vétéran hors-norme de la F1: c'était son 155e podium en 295 Grands Prix disputés depuis 1991, un podium aussi inattendu que mérité pour le «Kaiser» de la F1.

Vergne pénalisé de 25 000 euros et 10 places sur la grille

Le Français Jean-Eric Vergne (Toro Rosso) a été pénalisé de 25 000 euros et de 10 places sur la grille de départ du prochain Grand Prix de la saison 2012 suite à son accrochage dimanche, au GP d'Europe de Formule 1, avec le Finlandais Heikki Kovalainen (Caterham).

Le prochain GP de la saison 2012 est prévu à Silverstone le 8 juillet.

«En raison de la gravité de cet incident, les commissaires ont décidé d'infliger deux pénalités» au pilote français, qui débute cette saison en F1, précise un communiqué de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), diffusé près de trois heures après l'arrivée.

L'accrochage Vergne-Kovalainen, alors que les deux pilotes se battaient pour la 18e place, a été imputé à 100 % à Vergne, et il a provoqué la neutralisation de la course, pendant cinq tours, du 28e au 33e tour, afin de déblayer les débris des deux monoplaces sur la piste du port de Valence.

Cette neutralisation a probablement joué un rôle aussi dans l'abandon de Sebastian Vettel (Red Bull), alors en tête de la course. Le double champion du monde en titre était parti en pole position, mais son alternateur a peut-être surchauffé, comme celui de Romain Grosjean (Lotus), alors 2e, pendant les cinq tours bouclés à faible allure derrière la voiture de sécurité.

Vergne étant issu de la filière Red Bull et membre de l'écurie-soeur, Toro Rosso, financée elle aussi par le magnat autrichien de la boisson énergétique, cet incident de course et la gravité des deux sanctions décidées dimanche par la FIA risquent de lui coûter sa place en F1, après huit courses décevantes à tous points de vue pour le jeune Français.

Causes des abandons

Jean-Eric Vergne (FRA/Scuderia Toro Rosso): accrochage avec Kovalainen, 27e tour

Kamui Kobayashi (JPN/Sauber): voiture abîmée par touchettes contre le mur et contre Massa, 34e tour

Sebastian Vettel (GER/Red Bull Racing): panne d'alternateur, 34e tour

Romain Grosjean (FRA/Lotus): panne d'alternateur, 41e tour

Lewis Hamilton (GBR/McLaren Mercedes): accrochage avec Maldonado, 56e tour (classé)