Les pneus Pirelli des 24 monoplaces qui prendront dimanche le départ du 70e Grand Prix de Monaco de Formule 1 font l'objet, depuis le début de cette saison 2012 très ouverte, de commentaires passionnés chez les vainqueurs et les perdants.

Pour la première fois depuis 1983, les cinq premiers GP ont été remportés par cinq pilotes différents, dans cinq voitures différentes. Les bagarres ont été acharnées, les stratégies plus ou moins osées, selon les circuits et les écuries, les fans de F1 sont ravis et les audiences télé en hausse.

Souvent décalé dans sa communication, l'homme d'affaires autrichien Dietrich Mateschitz, propriétaire de Red Bull et grand amateur de sports extrêmes, a jeté un froid la semaine dernière en comparant la F1, à cause des pneus 2012, à «une sorte de loterie».

«Tout le monde doit réapprendre en F1. C'est devenu une sorte de loterie. Je ne crois pas que cela a été fait exprès pour permettre plus de dépassements et créer plus de tension en course. Je suppose que personne ne comprend vraiment ces pneus», a-t-il ajouté.

Créer plus d'incertitude sur le résultat final, après une saison 2011 dominée de bout en bout par Red Bull, c'était justement l'objectif de Pirelli en imaginant des gommes différentes de 2011, première saison plus prudente de son contrat de fournisseur exclusif de la F1.

Pour l'instant, c'est carton plein, cinq sur cinq, grâce à des pneus plus proches en performances que l'an dernier mais dont la fenêtre d'utilisation, en termes de température et d'usure, est «beaucoup plus étroite», explique souvent Ross Brawn, le directeur technique de Mercedes F1.

«Ce que les fans veulent voir»

«Déterminer la bonne stratégie, c'est plus compliqué pour nous, sur le muret des stands, et c'est quelque chose qu'on apprécie», a encore dit Brawn jeudi à Monaco, lors de la conférence de presse FIA. La veille, au même endroit, Mark Webber, qui n'a gagné qu'un seul Grand Prix depuis l'arrivée de Pirelli, avait aussi donné son avis, longuement.

«C'est probablement le changement le plus important, dans la technique et le style de pilotage, depuis le début de ma carrière, et j'ai quand même fait quelques Grands Prix (ndlr: 182, avant Monaco 2012). Il y a beaucoup de courses où l'on ne pilote pas à 100% du début à la fin», a dit le grand Mark, toujours prêt à parler de course auto avec un maximum de précision.

«Personnellement, je préférais les courses sprint et les ravitaillements (en essence), comme tous les pilotes. C'était plus précis, on était plus souvent à la limite, mais ce n'était pas super-excitant pour les spectateurs. Ce n'est plus comme ça, nous avons d'autres défis à relever», a ajouté l'Australien.

«J'aime toujours piloter une F1, travailler avec les ingénieurs, rouler sur des circuits fantastiques contre des rivaux de grande qualité. Mais nous devons changer, évoluer, parce que le côté technique de notre sport change», a conclu Webber, le seul sage authentique du F1 Circus.

À ses côtés, Lewis Hamilton, qui n'a pas encore gagné en 2012, a approuvé son aîné: «On ne peut pas attaquer à 100% pendant toute la course. On peut le faire, mais pas très longtemps. C'est plus de l'endurance, comme dit Mark, pour faire durer ces pneus, et ça reste un défi d'en tirer le maximum, le plus longtemps possible. C'est toujours de la F1, on s'amuse et il y a plus de dépassements, c'est ce que les fans veulent voir», a résumé le Britannique, champion du monde 2008.

Dimanche à Monaco, il faudra choisir entre pneus tendres (une trentaine de tours d'autonomie) ou super-tendres (une douzaine seulement), décider de s'arrêter deux ou trois fois pour les changer. La plupart des dépassements se feront dans les puits, comme souvent à Monaco, mais ce sera tout sauf un Grand Prix à la gomme.