La crise économique frappe durement l'Espagne, qui pourrait sacrifier ses deux Grand Prix pour épargner les millions de dollars versés annuellement à l'organisation de Bernie Ecclestone.

Dans les derniers jours, les gouvernements régionaux de la Catalogne et de Valence ont tous deux affirmé qu'ils pourraient délaisser leurs prestigieuses courses.

«Il n'est pas clair que nous puissions nous permettre cet événement dans la présente situation», a indiqué en fin de semaine le ministre catalan de l'économie, Andreu Mas-Colell, lors d'une entrevue avec une radio locale.

Le Grand Prix d'Espagne a lieu chaque année depuis 1991 à Barcelone. La sortie du ministre catalan suit celle d'un autre élu espagnol, qui a remis en question la pertinence du Grand Prix d'Europe qui a lieu à Valence. L'Espagne est à l'heure actuelle le seul pays à accueillir deux épreuves de F1.

Le gouvernement de la province de Valence, qui accueille une course depuis 2008, estime ne plus avoir la capacité de payer pour son Grand Prix. La province verse annuellement 25 millions d'euros pour la course, soit près de 33 millions de dollars canadiens.

En comparaison, les gouvernements versent 15 millions pour le Grand Prix du Canada: 5 millions du fédéral, 4 millions de Québec, 1 million de la Ville de Montréal et 5 millions de Tourisme Montréal. Une somme additionnelle est payée par le promoteur local, Octane.

L'Europe est «finie»

Valence veut maintenant renégocier le contrat de cinq ans signé en 2009 avec Ecclestone, le grand manitou de la F1. «Les grands événements sont tous remis en question. Ils ne sont plus viables. Ils l'ont été, mais les circonstances sont différentes», a noté le vice-président de la province, Jose Ciscar.

L'Espagne est l'un des États européens les plus affectés par la crise économique. Le taux de chômage (20,89%) est parmi les plus élevés au sein des pays industrialisés et le PIB s'est replié en 2009 et en 2010.

Si le passé est garant de l'avenir, les élus espagnols auront du mal à revoir à la baisse les contrats qui les lient à la F1. Bernie Ecclestone est en effet réputé comme un âpre négociateur.

Le PDG de Formula One Management a d'ailleurs déclaré l'année dernière que l'Europe était «finie». Il prévoit que le nombre de courses sur le continent devrait passer de huit à cinq dans les prochaines années, pour permettre à des destinations comme le Mexique et l'Afrique-du-Sud d'accueillir un Grand Prix.

L'Espagne pourrait être la première victime.

Photo Reuters

Sebastian Vettel a remporté le dernier Grand Prix d'Espagne, en mai dernier.