Mark Webber a remporté dimanche le Grand Prix du Brésil, l'ultime épreuve de l'année, son premier succès d'une saison sinusoïdale où il a davantage subi l'implacable domination de son coéquipier Sebastian Vettel que montré le meilleur de lui-même.

Comme si le scénario était pré-écrit, l'Australien s'est d'ailleurs imposé - pour la 7e fois de sa carrière - grâce à l'Allemand (2e), qui lui a offert le passage quand un incident mécanique l'a ralenti alors qu'il menait la course.

Le feuilleton a débuté au 14e tour, quand son écurie indiqua par radio à Vettel qu'il devait passer sa 2e vitesse plus rapidement. Au 26e, l'Allemand, averti d'un «ennui sérieux» avec sa boîte, était sommé de hâter ses passages en 3e, puis tous les rapports étaient finalement concernés au 28e tour. Inévitablement, Webber le dépassait lors de la 30e boucle.

Pour l'aider, Vettel s'écartait, fait-play. «Je pouvais attaquer dans les virages, mais pas en ligne droite. Il m'était impossible de terminer la course en tête avec un tel rythme. J'ai donc laissé Mark passer car je ne voulais pas qu'il perde de temps. Je ne savais pas si j'irais jusqu'au drapeau à damier», a expliqué le double champion du monde.

«Je me suis senti comme Ayrton Senna en 1991, a-t-il lancé, même si les circonstances sont évidemment différentes». La légende brésilienne avait achevé son GP au bout de la fatigue, incapable de sortir de sa voiture ni de soulever la coupe du vainqueur, après avoir bataillé toute la course avec une boîte récalcitrante. Vettel, lui, n'a pas paru si exténué après coup.

«Boîtes extraordinaires»

«J'ai su rapidement que quelque chose n'allait pas. J'ai commencé à lui reprendre pas mal de temps au tour. Puis j'ai été averti de ses ennuis», a raconté le vainqueur. «Je savais combien les gars avaient travaillé la nuit dernière sur la voiture de "Seb". Je pensais qu'il ne terminerait jamais. Et pourtant il a ramené la voiture à la maison».

Mieux, l'Allemand, qui perdait d'abord quelques secondes, en reprenait ensuite, au gré d'un meilleur tour en course. Le spectre d'un ordre d'équipe était agité, une manière bien laide de s'imposer pour Webber, même si les consignes sont désormais autorisées. D'autant que l'Australien avait indiqué lors du GP d'Inde qu'il ne souhaitait pas bénéficier d'une quelconque aide de son partenaire.

«Je peux vous assurer que j'avais bien un problème de boîte. Vous pouvez me croire, si j'avais eu la voiture pour le faire, je me serais battu pour la victoire», a rassuré Vettel. Le visage visiblement décontracté et souriant de Webber semblait également faire pencher la balance du côté d'un incident mécanique.

Ce qui n'a pas empêché Stefano Domenicali, le directeur de Red Bull, de jeter un peu d'huile sur le feu. «Red Bull a vraiment des boîtes extraordinaires, a-t-il ironisé. Mais d'un plan sportif, le règlement ne l'interdit pas. Donc félicitations à eux.»

Le Britannique Jenson Button (McLaren) a terminé 3e, devant l'Espagnol Fernando Alonso (Ferrari, 4e), qu'il a joliment dépassé au 62e tour. Le Brésilien Felipe Massa, 5e, devient le premier pilote de la Scuderia depuis 1992 à ne pas monter sur un podium de toute la saison.

L'Allemand Adrian Sutil (Force India), en quête d'un nouveau volant, s'est classé à une très belle 6e place. Il termine devant son compatriote Nico Rosberg (Mercedes, 7e), le Britannique Paul di Resta (Force India, 8e), le Japonais Kamui Kobayashi (Sauber, 9e), qui comme à son habitude est revenu dans les points depuis le fond de grille, et le Russe Vitaly Petrov (Lotus Renault, 10e).