Après un début de saison passionnant, marqué par l'hégémonie de Sebastian Vettel (Red Bull), McLaren veut renverser la tendance dimanche à Montréal, où Lewis Hamilton s'était imposé en 2010 lors d'un Grand Prix de Formule 1 d'anthologie.

Red Bull survole son sujet depuis deux ans: neuf victoires en 2010 sur dix-neuf épreuves (cinq pour Vettel, quatre pour son coéquipier australien Mark Webber) et au moins quatre succès dilapidés sur incidents mécaniques ou de course. En 2011, cinq victoires sur six courses, toutes pour l'Allemand.

Vettel, avec 143 points sur 150 possibles, devance déjà de 58 longueurs son dauphin au classement, Lewis Hamilton. Un gouffre que le Britannique, seul pilote à avoir pris la mesure de «Baby Schumi» cette année, lors du GP de Chine, ne désespère pas de combler.

Hamilton tient de fait le rôle de challenger numéro 1 de Vettel à Montréal. Sa McLaren, sur la dernière course, semble être revenue à niveau. Sans des circonstances de course particulièrement défavorables, son coéquipier et compatriote Jenson Button se serait tranquillement imposé en Principauté.

«L'équipe vit un temps fort en ce moment. Avec une petite amélioration en qualifications, nous pouvons commencer à dicter le rythme en course», se réjouit Button, pour qui «il est bon de garder ce genre de choses dans le coin de nos têtes».

Le directeur de McLaren, Martin Whitmarsh, est au moins aussi remonté. «Après avoir manqué de peu le succès en Espagne - une analyse pour le moins optimiste, NDLR - et à Monaco, il existe un désir formidable au sein de l'équipe de se hisser à nouveau au sommet du podium», fait-il savoir.

«Énormes encouragements»

Et le patron de McLaren de tirer «des énormes encouragements» du week-end monégasque, qui a affirmé le caractère «très compétitif» de sa monoplace.

L'écurie de Woking, à 40 kilomètres de Londres, peut aussi, très légitimement, se sentir encouragée par la victoire de Lewis Hamilton lors du dernier GP du Canada.

En 2010, contre tout pronostic, le Britannique avait devancé son coéquipier (2e) et l'Espagnol Fernando Alonso (Ferrari, 3e), au terme d'une course folle, durant laquelle les choix de pneus des principaux protagonistes avaient joué un rôle crucial.

Vettel, alors parti en première ligne aux côtés d'Hamilton, premier pilote non Red Bull à avoir signé la pole en 2010 - au bout de 8 courses! -, avait ainsi vu s'écrouler l'avantage que ses gommes médium étaient censées lui procurer. Pour finir 4e, devant Webber, 5e.

Avec des températures élevées (35°C), les pneus extra tendres d'Hamilton, plus véloces, mais théoriquement moins résistants, avaient finalement duré presque aussi longtemps que les médiums. Depuis ce GP très intense, et à la demande des écuries, Pirelli a préparé des pneus se dégradant plus rapidement, pour des raisons d'adhérence et d'attrait de la course.

«Nous espérons que la course sera aussi disputée qu'à Monaco et que les opportunités de dépassements donneront aux écuries encore plus de possibilités qu'en Principauté en terme de stratégie», a observé Paul Hembery, le directeur du département compétition du fabricant italien.

Davantage de stratégie et de manoeuvres en piste, le GP du Canada s'annonce déjà comme un grand cru de la saison 2011. «C'est une piste que Red Bull doit encore dompter le dimanche», a prévenu Webber, conquérant. Mais Alonso s'y voit aussi. Et Lotus Renault et Mercedes n'ont pas encore jeté l'éponge.