Deux graves accidents à Monaco ont ravivé les débats sur l'aménagement des circuits.

Deux graves accidents pendant les essais du Grand Prix de Monaco ont ramené la question de la sécurité dans l'actualité de la F1. Nico Rosberg et surtout Sergio Perez ont été chanceux de sortir sans blessures graves de la perte de maîtrise de leur voiture à la sortie du tunnel.

«On commençait à entendre autour de nous que la F1 n'était plus dangereuse, que nous ne courions plus aucun risque», a fort justement souligné le champion du monde Sebastian Vettel, samedi à Monaco, après l'accident de Perez. «Nous savons que ce n'est pas le cas; ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu de drame en F1 depuis plusieurs années qu'il ne pourrait pas en survenir un...»

Des efforts considérables ont été consacrés à l'amélioration de la sécurité des voitures et des circuits depuis le milieu des années 90, depuis le tragique week-end de mai 1994 en fait, quand Roland Ratzenberger et Ayrton Senna se sont tués sur le circuit d'Imola, en Italie.

«La conception et la construction des voitures ont progressé de façon extraordinaire au cours de la dernière décennie, a expliqué l'Allemand Norbert Haug, directeur sportif de Mercedes, qui est en F1 depuis plusieurs années. Les coques des monoplaces sont de véritables cellules de survie, capables d'encaisser des chocs terribles, comme on l'a encore vu lors de l'accident de Perez.

«Qu'il n'ait pas subi de blessures plus graves est la preuve que les Formules 1 modernes sont bien construites. Mais on ne peut s'asseoir sur cette assurance et arrêter de travailler dans le domaine de la sécurité.»

Le vétéran Rubens Barrichello, qui a couru à Imola, a insisté à Monaco sur l'importance de ne rien tenir pour acquis. «Cela fait des années que nous disons que ce passage à la sortie du tunnel est trop dangereux et qu'il faudrait revoir le dessin de la chicane suivante pour éliminer le risque de heurter le muret de plein fouet.

«C'est évidemment compliqué à Monaco parce qu'il n'y a pas beaucoup d'espace et qu'on compose avec des structures centenaires. Mais si on ne fait rien, il y aura encore des accidents et ceux-là seront peut-être plus sérieux.»

Les dirigeants de l'Automobile Club de Monaco ont confirmé la semaine dernière que le muret serait reculé d'une vingtaine de mètres, prolongeant ainsi la zone de dégagement de la chicane.

Impossible de tout prévoir

L'histoire de la F1 est malheureusement remplie d'accidents tragiques où la mort a été causée par un incident lié à la malchance. Comme cette pièce de suspension qui s'est détachée pour aller percer le casque de Senna, où cette roue perdue par Jacques Villeneuve, en Australie en 2001, qui est allée faucher un commissaire.

Et que dire du pauvre pilote italien Riccardo Paletti, la seule victime du Grand Prix du Canada à Montréal, qui était allé emboutir la Ferrari de Didier Pironi, calé sur la ligne de départ.

Jenson Button, lui-même victime d'un accident sérieux à Monaco en 2003, a pris le leadership d'un mouvement des pilotes, avec Sebastian Vettel. «Quand j'ai eu mon accident à Monaco, ils ont reculé le mur de quelques mètres. Il a fallu attendre deux autres accidents pour qu'ils agissent encore, a souligné l'Anglais.

«Il y aura toujours une part de risque en course automobile, car on ne pourra jamais tout prévoir, a insisté Button à Monaco. Mais on ne doit négliger aucun effort pour tenter d'y parvenir et j'ai l'impression qu'on l'a un peu oublié au cours des dernières années.

«Charlie Whiting, responsable de la sécurité pour la FIA, fait un travail remarquable, mais les pilotes doivent aussi jouer un rôle, a souligné Button. Il faut étudier tous les circuits et voir ce qui pourra être amélioré à l'avenir.»