Michael Schumacher a le plus beau palmarès de la F1: 7 titres mondiaux, dont 5 consécutifs (2000-2004), 91 victoires. Lorsqu'il s'est retiré, à la fin de la saison 2006, l'Allemand pouvait prétendre être le meilleur pilote de l'histoire.

En sortant de sa retraite, l'an dernier, Schumacher a pris le risque de ternir sa fabuleuse réputation et il a malheureusement perdu son pari. En 25 courses chez Mercedes, l'ancien «Kaiser» n'a pu faire mieux que trois quatrièmes places. Régulièrement dominé par son jeune coéquipier Nico Rosberg, le pilote de 42 ans semble avoir entraîné dans sa déchéance l'ensemble d'une équipe pourtant très forte sur papier.

C'est en effet tout le génie automobile allemand qui s'est mobilisé autour de Schumacher, à la fin de 2009, pour faire renaître les célèbres «Flèches d'argent» d'avant-guerre, les monstrueuses Mercedes ou Auto-Union, que les champions germaniques de l'époque pilotaient à Nuremberg ou sur le légendaire Nurburgring.

En rachetant l'équipe Brawn, double championne du monde en 2009, en plaçant au volant leur plus grand champion, les Allemands croyaient jouer d'entrée le titre mondial. La déconvenue a été à la mesure des attentes. Seulement neuvième du championnat en 2010, Schumacher n'est pas mieux parti cette année et les mécaniciens de Mercedes s'amusent à coller au mur de leurs stands les caricatures du pilote... Le pilote et son équipe continuent pourtant d'affirmer qu'ils y croient encore.

«Nous n'avons pas perdu notre sens de l'humour, a assuré le directeur Norbert Haug, à Monaco. Tout le monde dans l'équipe travaille à produire une meilleure voiture et nous ne doutons pas que nos pilotes sauront les mener au podium quand elles seront concurrentielles.»

Schumacher, qui est sous contrat jusqu'au terme de 2012, a rappelé qu'il fallait être patient en F1, même à son âge. «Rome ne s'est pas faite en un jour, a répété l'Allemand en point de presse à Monaco. J'ai gagné cinq titres chez Ferrari, mais il nous a fallu cinq ans avant de remporter le premier!»

Le directeur technique Ross Brawn, qui était avec Schumacher chez Ferrari, a souligné de son côté qu'il était difficile de briser les «cycles de domination» en F1. «Red Bull est présentement l'équipe qui domine, comme Ferrari l'avait fait au début des années 2000, a-t-il expliqué à Monaco.

«C'est très complexe pour une jeune équipe comme la nôtre d'arriver à rivaliser tout de suite avec les meilleurs. Nos titres de 2009 (avec l'équipe Brawn) ont été le résultat d'un ensemble de circonstances favorables et d'un peu de chance. Depuis deux ans, nous faisons nos classes et je crois que nos résultats sont plutôt positifs.»

On reste pourtant bien loin des promesses faites au début de l'année 2010. Il sera intéressant de voir si la direction de Mercedes va continuer d'investir au même rythme. Le président du directoire de la société Daimler, Dieter Zetsche, a récemment renouvelé sa confiance envers Schumacher. «Nous lui avons donné une mauvaise voiture l'an dernier», a-t-il jugé à Monaco, dans un rare point de presse tenu dans le luxueux salon de Mercedes, au fond des paddocks.

«C'était difficile pour lui de revenir au même niveau que lors de sa retraite, surtout avec une nouvelle voiture. Mais nous progressons et je pense que nous aurons de bonnes surprises d'ici la fin de la saison et la saison prochaine...»