Quatre courses, zéro point, une introduction en bourse pour l'instant ratée: le bilan de Williams avant le Grand Prix d'Espagne, dimanche à Barcelone, s'apparente à un chemin de croix, dont l'écurie britannique ferait bien de sortir sous peine de menacer sa survie.

Tous les signaux sont au rouge. L'écurie de Grove (Royaume-Uni), à l'histoire pavée de 113 succès, sept titres mondiaux pilotes et neuf couronnes constructeurs depuis sa création en 1977, végète en fond de classement, au milieu de nouveaux arrivants que sont Team Lotus, Virgin et Hispania.

Ses meilleurs résultats en piste, une 13e et une 15e place de l'expérimenté Brésilien Rubens Barrichello en Chine et en Turquie - épreuves où le néophyte Vénézuélien Pastor Maldonado a fini 18e et 17e - la placent même au classement général derrière Team Lotus, une équipe vivant sa deuxième saison de F1.

«Ce n'est pas la fête au sein de l'équipe, ironise Adam Parr, le directeur de la structure. Nous sommes une écurie de course. Des moments comme ceux-ci sont très durs à vivre.»

«Il nous manque quelque chose: marquer des points, reconnaît Barrichello. C'est ce qui motive les gens. En ce moment, il y a un peu trop de pression du fait qu'on n'en ait pas inscrits.»

Et le vétéran du paddock, du haut de ses 310 GP, de poursuivre: «Nous allons y arriver. Mais ce qui m'effraie le plus est que nous avions dans l'idée de gagner des courses cette année. Et nous sommes trop loin de cela.»

Williams décline après un honnête exercice 2010, conclu sur une sixième place au classement général constructeurs, quand l'équipe était censée progresser. La voiture manque d'adhérence, ce qui grève lourdement ses performances. Les améliorations apportées ne donnent pas les résultats prévus.

 

Finances fragiles

La structure britannique souffre en outre d'un encadrement défaillant. Son directeur technique Sam Michael partira à la fin de la saison. Le sulfureux Mike Coughlan, l'ancien ingénieur de l'écurie McLaren-Mercedes au centre d'une affaire d'espionnage chez Ferrari en 2007, a été recruté pour le remplacer.

Un changement qui ne peut immédiatement porter ses fruits. «Pour l'instant, il est difficile de dire ce que Mike apporte à l'écurie. Il y a beaucoup de discussions. On parle même plus de cela que de la voiture», regrette Barrichello.

Car le futur de Williams est en jeu. Quittée par plusieurs sponsors majeurs à l'intersaison, la structure a engagé Pastor Maldonado, fortement soutenu par PDVSA, la compagnie pétrolière vénézuélienne, en remplacement du prometteur Nico Hülkenberg.

Elle a surtout opéré une introduction en bourse. Quelque 2,7 millions d'actions, correspondant à 27% du capital de l'entreprise, ont été vendues à 25,25 euros l'unité en avril à la Bourse de Francfort. Un cours tombé à 18,30 euros ces derniers jours.

«Il s'agit d'un investissement à long terme. On a des partenaires institutionnels, obéissant à un plan sur cinq ans. Le prix de l'action ne varie pas après un week-end de course, mais plutôt quand d'autres parties de notre industrie évoluent», se rassure un communicant de l'entreprise.

Williams s'est ainsi alliée au constructeur indien Tata, propriétaire de Jaguar Land Rover, pour produire un bolide hybride, la C-X75, dont la vitesse maximale dépassera 320 km/h avec des émissions de CO2 réduites (moins de 99 g/km).

Une bonne nouvelle si la F1 ne restait le coeur de l'activité de Williams. «Si nous n'améliorons pas nos performances, cela affectera la compagnie», constate, lucide, Adam Parr.

Photo: Reuters

La Jaguar C-X75