Il n'a que 25 ans et un Grand Prix à son actif, mais d'énormes responsabilités pèsent sur ses épaules : Jérôme d'Ambrosio, qui pilote une «humble» Virgin, venge les amateurs belges de sport mécanique de près de deux décennies d'absence en Formule 1.

Le nom du dernier de ses compatriotes à avoir brillé au plus haut niveau automobile reste difficile à déterminer. Bertrand Gachot, Franco-Belge, a changé de passeport au fil des années, avant de s'arrêter en 1995. Thierry Boutsen, à la nationalité plus affirmée - et au palmarès davantage étoffé (3 victoires) -, s'est retiré en 1993.

Quinze ans dans un cas, dix-sept dans l'autre. La soulagement affiché par Jacky Ickx, 66 ans, légende nationale aux 8 succès en F1, quelques jours après l'annonce du transfert de d'Ambrosio chez Virgin, le 21 décembre dernier, se passe de commentaire.

«Cela fait bien trop de temps qu'on attend. Le sport est pour la jeunesse, pour les gens qui ont des rêves et qui sont capables de les assumer. Il en est le parfait exemple», affirme Ickx à la RTBF.

Questionné sur sa citoyenneté, Jérôme d'Ambosio se dit «certainement» fier de combler ce retard. Mais, plus terre à terre, refuse de s'apesantir sur le sujet. «C'est vrai qu'il y a un engouement tout particulier en Belgique. Mais personnellement, je dois me concentrer sur mon boulot», explique-t-il à l'AFP.

Un boulot qui s'annonce difficile, au volant d'une monoplace peu performante. «Tout le monde l'a compris, mais il n'est sans doute pas inutile de le répéter : il ne faut pas attendre de moi que je sois en mesure de jouer les premiers rôles. La Virgin ne me le permettra pas», observait-il avant le GP d'Australie.

Apprendre

«Mon objectif cette année sera d'apprendre mon métier et surtout de gagner la confiance du milieu pour me maintenir au sommet de la pyramide. J'ai 20 Grand Prix pour naître en Formule 1», enchaînait-il, alors que la première manche à Bahreïn, annulée pour des raisons politiques, était toujours en sursis.

En Australie, D'Ambrosio, qui a débuté en karting à 8 ans, a d'abord approché les temps de son coéquipier Timo Glock, en essais libres. Avant de finir à une seconde de l'Allemand, en qualifications.

Il a ensuite terminé la course en 14e position - à 4 tours du vainqueur Vettel -, égalant le meilleur résultat de la courte histoire de Virgin en F1. «Il peut se sentir très fier», l'avait félicité son directeur d'écurie, John Booth.

Il doit désormais répéter ce genre de performance pour se maintenir durablement dans la discipline, et éviter de se retrouver dans la position de son prédécesseur, le Brésilien Lucas di Grassi, évincé au bout d'un an.

«Il y a un projet, une structure autour de moi. Il n'y a aucune raison, si je fais mon boulot sur la piste, que ce soit éphémère», se rassure d'Ambrosio.

«C'est sûr qu'il n'est pas dans la même équipe, mais c'est peut-être tant mieux. On ne va pas lui demander des choses impossibles», estime Jacky Ickx.

«Il va pouvoir apprendre, se perfectionner, devenir totalement professionnel. Et après, il sera en attente d'un rebond, pour pouvoir monter les échelons, ajoute-t-il. Tout le monde, en tant que Belge, nourrit l'espoir de le voir sur les premières lignes d'un GP.»