L'écurie de Formule 1 Renault, devenue Lotus Renault à l'intersaison, a présenté lundi à Valence la R31, sa monoplace pour la saison 2011, qui, bien que sportivement prometteuse, se retrouve au centre d'une polémique autour de l'utilisation du nom Lotus.

Le jaune et noir de la R30, tant raillé par certains membres du paddock, qui comparaient la Renault de 2010 à un taxi new-yorkais, n'est plus. Le noir et or, «beaucoup plus classe» et «emblématique», selon le patron de l'écurie Gérard Lopez, recouvrent désormais la Lotus Renault.

La référence aux Lotus de 1980, aux volants desquelles s'est notamment illustrée la légende brésilienne Ayrton Senna, est explicite. L'écurie britannique, propulsée par un moteur français mais possédée par un Luxembourgeois, veut séduire.

«La première petite voiture que je me suis achetée avec mon argent de poche quand j'étais enfant était noire et or. Être en partenariat avec Lotus est une grosse satisfaction personnelle. C'est vraiment fou. Pour moi, c'est une grosse victoire», se réjouit Gérard Lopez.

À l'intersaison, Genii capital, la société qu'il possède, a racheté à Renault les 25% de sa structure que le constructeur français possédait encore. Genii possède désormais l'ex-écurie Renault F1 à 100%. Mis à part son moteur et son châssis, la R31 ne doit plus rien à la marque au losange.

Gérard Lopez peut en outre se vanter d'avoir réussi sa reprise. Acheteur d'une équipe moribonde fin 2009, il a, aidé par son bras droit Éric Boullier - nommé directeur d'écurie -, redynamisé la structure, jusqu'à obtenir trois podiums en 2010. Et attiré ainsi de nombreux sponsors.

Victoires

D'où une certaine ambition pour 2011. «La voiture est sans aucun doute plus rapide que l'an passé (à la même période, NDLR). Donc si nous arrivons à la développer au même rythme qu'en 2010, nous pouvons grimper au classement», analyse M. Lopez.

«En théorie, cette année, nous devrions pouvoir nous battre pour quelques victoires», poursuit-il. Plus prudent, Éric Boullier espère que son équipe «jouera les trouble-fêtes un peu plus régulièrement». Le Polonais Robert Kubica devra pour cela être à son zénith. Et le Russe Vitaly Petrov se montrer plus régulier.

Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur du monde si... une autre écurie, 01Malaysia, également propulsée par un bloc Renault, ne contestait à Proton, le constructeur malais propriétaire de la marque Lotus - qui s'est engagé avec Renault à l'intersaison -, l'utilisation du nom Lotus, sous lequel elle courait en 2010.

Or, deux écuries Lotus Renault pour un seul Championnat font tâche. La Haute Cour de justice anglaise doit entendre les deux parties le 21 mars prochain, alors que le Grand Prix de Bahreïn, première épreuve de la saison, se sera déjà déroulé (le 13, NDLR).

«Personne n'a le droit de prendre le nom de quelqu'un d'autre et d'en revendiquer l'héritage. C'est tellement grossier que cela en devient marrant», s'étrangle Gérard Lopez.

Et de dénoncer «des gens» qui «essaient de tordre les faits dans leur sens». «L'argent est au centre de tout ça, pas la passion ou l'héritage de Colin Chapman», le fondateur de Lotus, affirme-t-il.

«Si 01Malaysia change de nom, ils vont perdre l'argent (des droits télévisés). C'est une question importante, que je ne prendrais pas non plus à la légère si j'étais à leur place. Mais il faut admettre la réalité». Même quand elle n'y est pour rien, l'ex-écurie Renault continue de nourrir la polémique.