La dernière participation d'une femme en F1 remonte à 1992. À quand la prochaine?

Reverra-t-on un jour une femme pilote en F1?

 

Sûrement. «Mais il y a encore des a priori sur la capacité d'une femme à avoir un siège en F1», confie Frédérique Trouvé, directrice de la nouvelle commission sportive des femmes de la Fédération internationale de l'automobile.

 

Seule série encore 100% masculine sur les lignes de départ, la F1 n'est pas pour autant fermée à la pratique féminine. Cinq femmes ont couru en F1 au cours du XXe siècle. La plus assidue fut l'Italienne Lella Lombardi avec 14 participations en Grand Prix au milieu des années 70 et une sixième place lors d'un Grand Prix de Belgique. Depuis 1992, dernière tentative féminine en date avec l'Italienne Giovanna Amati, aucune femme ne s'est alignée sur une grille de départ de F1 ou n'a tenté une qualification.

 

 

Pourtant, de nombreuses femmes évoluent dans le milieu. Jean-Sébastien Sauriol, pilote et instructeur en chef du circuit ICAR et de l'Académie Jacques-Villeneuve à Montréal, peut en témoigner. «En 1990, j'ai travaillé en F1 avec Lamborghini. Il n'y avait pas de femmes dans l'équipe. Maintenant elles font partie intégrante des écuries. Diplômées en ingénierie, en aérodynamique, en communication, responsables juridiques, chargées de l'administration, on les retrouve dans chaque service.»

 

Un chiffre en évolution constante, qui pourrait se refléter sur la piste prochainement. Pour le promoteur du Grand Prix du Canada, François Dumontier, la féminisation du milieu a commencé il y a plusieurs années. «Dans mon organisation, j'ai plus de femmes que d'hommes. Et quand on regarde de plus prêt les écuries, le ratio hommes-femmes commence à s'équilibrer. Les femmes se retrouvent à des postes-clés, comme Monisha Kaltenborn, par exemple, nouvelle directrice de Sauber. Je vois bien une femme pilote de F1 d'ici 5 à 10 ans.»

 

En Amérique du Nord, depuis huit ans, le nombre de filles sur les courses de karting a beaucoup augmenté. «Même si le pourcentage reste encore très faible, moins de 5%, on voit bien la tendance.»

 

Danica Patrick, la référence

 

Pour Jean-Sébastien Sauriol, la plus grande explication à ce nouvel engouement est la médiatisation de la pilote Danica Patrick en IndyCar. Un point de vue que partage la FIA et sa commission sportive des femmes. «Les filles ont besoin d'exemples et de soutien pour persévérer dans le haut niveau de la course automobile. Comme leur faible nombre n'est pas à leur avantage pour en voir sortir du lot, il faut qu'elles puissent avoir des références vers qui se tourner pour se sentir plus fortes et ne pas abandonner.»

 

Annoncée espoir féminin de la F1 à la suite des dernières saisons, l'Américaine Danica Patrick fait figure de référence dans le milieu de la course auto. Pour Alexandre Tagliani, coureur québécois sur le circuit IndyCar, «Danica Patrick a rendu accessible le sport automobile aux jeunes filles. Beaucoup d'Européennes viennent faire leurs marques en Indy maintenant. Sa médiatisation et ses résultats sportifs ont fait d'elle une pilote extrêmement respectée et populaire.» Danica Patrick n'a toutefois pas encore franchi le pas de la F1.

 

En Europe, la monoplace reste encore très masculine, comparativement aux circuits américains. Les femmes ne suivent pas encore le parcours type des séries F3 ou F4 et arrêtent tôt la compétition. La Suissesse Natacha Gachnang et la Britannique Katherine Legge sont les rares exceptions en monoplace et circuit à piloter outre-Atlantique.

 

«La F1 est un sport demandant et exigeant. Arriver en F1 est un parcours assez incroyable en soi, déjà pour un homme, indique François Dumontier. La résistance physique peut être une composante au fait qu'il n'y ait pas de femmes encore en F1.»

 

More women in motor sports (davantage de femmes dans le sport automobile), futur slogan de la nouvelle commission de la FIA, résume l'objectif des prochaines années de développer la pratique du pilotage chez les femmes. «Nous en sommes aux prémisses. Beaucoup de questions se posent. Il y a de moins en moins de monde et de voitures de nos jours. Peut-être que la F1 devrait s'ouvrir un peu plus. Les femmes pourraient apporter de nouveaux commanditaires et faire sortir le milieu de la crise», conclut Frédérique Trouvé.

 

Les femmes en F1 depuis 1950

 

> Maria Teresa De Filippis (Italie, 1958-59) 3 départs, 1 non-qualification. Meilleur résultat: 10e en Belgique.

 

> Lella Lombardi (Italie, 1974-76) 12 départs, 2 non-qualifications. Meilleur résultat: 6e en Espagne.

 

> Davina Galica (Grande-Bretagne, 1976-78) 3 non-qualifications.

 

> Désiré Wilson (Afrique-du-Sud, 1980) 1 non-qualification.

 

> Giovanni Amati (Italie, 1992) 3 non-qualifications.

 

LES pilotes ASPIRANTES

 

Simona De Silvestro (Suisse, 21 ans) 2009: 4 courses gagnées, 4 positions de tête et 9 podiums en Formule Atlantique. Troisième au classement général l'année dernière.

 

Natacha Gachnang (Suisse, 22 ans) 2009: 3e aux 24h du Mans.

 

Ana Beatriz (Brésil, 25 ans) 2009: 8e au classement Firestone Indy Lights, 2 podiums et 1 victoire.

 

Danica Patrick (États-Unis, 28 ans) 2009: 5e au classement de l'Indy Car. Première femme à remporter une course à Motegi (Japon), 2008.

 

Katherine Legge (Grande-Bretagne, 29 ans) 2009: participation au championnat allemand de DTM. Test en F1 pour Minardi en 2005.

 

Sarah Fisher (États-Unis, 29 ans) 2009: 6 courses en Indy Car. A lancé sa propre écurie d'Indy Car en 2008, Sarah Fisher Racing.