Vous avez aimé le Grand Prix d'Australie? Plein de rebondissements, la course a offert de l'action, certes, mais elle a aussi confirmé l'impossibilité de doubler en F1 dans des conditions normales de course.

Alonso ne s'y est pas trompé en disant: «lorsque je me suis retrouvé derrière Felipe (Massa), peut-être aurais-je pu aller plus vite, mais nous savons qu'il est difficile de dépasser en Formule 1, et entre coéquipiers il ne faut pas prendre de risques inutiles...»

 

La pluie, puis des incidents de course impliquant Alonso, Hamilton et Webber, ont permis d'assister à quelques belles remontées, mais on n'a toujours pas vu cette saison un dépassement significatif pour une position importante. Pire, ceux qui s'y sont essayés ont payé cher leur audace.

 

Attendons donc un peu avant de saluer, comme certains l'ont fait hier, le retour du spectacle en F1.

 

Le bon pari de Button

 

Ceux qui me lisent savent que je ne suis pas le plus grand admirateur de Jenson Button. Le pilote britannique manque de panache et son titre mondial 2009 a été acquis à la façon d'un comptable.

 

Cela dit, on ne peut enlever à Button une certaine intelligence de la course et il a montré hier qu'il était prêt à prendre des risques pour rivaliser avec son coéquipier Lewis Hamilton, réputé plus rapide que lui. En entrant le premier aux puits pour passer en pneus lisses, alors que la piste était encore humide, Button savait qu'il jouait à quitte ou double.

 

Dans le pire des scénarios, il aurait dû s'arrêter à nouveau le tour suivant, plongeant définitivement dans les profondeurs du classement. C'est le contraire qui s'est produit et tous les autres se sont mordu les doigts jusqu'au bout de ne pas avoir eu l'audace de Button.

 

Il faudra toutefois encore plusieurs paris chanceux de la sorte pour que Button fasse jeu égal avec Hamilton. Ce dernier reste, avec Alonso et Vettel, l'un des trois favoris pour le titre mondial cette saison.

 

Les malheurs de Sébastian

 

Lewis Hamilton était frustré du résultat après la course et c'est vrai que le sort c'est acharné sur lui: mauvaise qualification, mauvaise stratégie d'arrêts aux puits, deux accrochages avec Webber. Le Britannique est pourtant chaque fois revenu sur le groupe de chasse en réalisant «l'une des meilleures courses de ma vie», selon lui.

 

Toujours quatrième du championnat, à portée des meneurs, Hamilton trouvera sûrement bientôt l'occasion de concrétiser ses bonnes performances avec une victoire.

 

La situation est plus problématique pour Sébastian Vettel. Il vient de perdre deux courses qu'il dominait facilement par la faute d'ennuis mécaniques. Alors qu'il avait sauvé les meubles à Bahreïn, il n'a même pas rallié l'arrivée hier est se retrouve déjà à 25 points d'Alonso au championnat.

 

Déjà en 2009, la fiabilité douteuse de sa Red Bull lui avait coûté le titre mondial et le début de saison montre que son équipe n'a toujours pas atteint le niveau de maîtrise technique des meilleures.

 

Personne ne doit être plus heureux du nouveau barème de pointage que l'Allemand. En bonifiant les victoires, ce barème offre à Vettel la possibilité de revenir rapidement au classement... si la guigne l'abandonne enfin.