Ceux qui espéraient voir Rubens Barichello chauffer son coéquipier Jenson Button, ce week-end à Monaco, ont été quittes pour une nouvelle démonstration du pilote britannique. Parti en tête, Button a rapidement creusé un écart d'une dizaine de secondes et il n'a jamais été menacé par la suite.
Et au-delà de sa victoire, Button a définitivement réglé toutes questions de préséance dans l'équipe Brawn GP. Désormais, le patron, c'est lui. et Barichello est relégué au rôle de lieutenant.
C'est samedi, à la fin des qualifications, que l'affaire s'est jouée. Barichello, qui a toujours apprécié le circuit monégasque et qui croyait bien y prendre l'ascendant sur Button, venait de signer un «tour parfait», selon lui, frôlant tous les murs, multipliant les risques.
Button lui a mis .175 seconde, un écart important à ce niveau.
«Je ne croyais vraiment pas que c'était possible», a reconnu Barichello, admiratif, en prenant connaissance du chrono de son coéquipier. «Je ne sais pas où Jenson a trouvé ces dixièmes de seconde, mais il fallait être vraiment fort pour le faire.»
Battu sans appel sur son circuit préféré, comment Barichello pourrait-il encore espérer être considéré comme l'égal de Button chez Brawn GP?
Ferrari progresse et c'est une bonne nouvelle pour la suite de la saison. Avec 11 points hier, la Scuderia a pratiquement doublé son total des cinq premiers Grands Prix. Les deux pilotes, Kimi Raikkonen et Felipe Massa, sont toutefois encore trop brouillons, surtout sur un circuit comme Monaco, pour espérer battre les Brawn.
En cédant bêtement la deuxième place à Barichello au départ de l'épreuve, Raikkonen a perdu toutes chances de faire mieux qu'une troisième place. Il a eu beau prétendre que la piste était plus sale du côté droit de la grille, la vérité est qu'il a raté le seul départ de l'année qu'il ne faut absolument pas rater.
Quant à Massa, il a commis deux ou trois petites erreurs, une chicane court-circuitée par exemple, qui l'ont privé des bénéfices de ses excellents chronos, le meilleur tour de la course notamment.
Le bouleversement de la hiérarchie depuis le début de la saison a mis en lumière le talent de pilotes méconnus comme Sebastian Vettel, Timo Glock ou Sébastien Buemi. Il nous amène aussi à réfléchir sur la valeur réelle des pilotes qui ont occupé les premiers rangs au cours des dernières saisons dominées pour deux ou trois équipes. Felipe Massa, par exemple, ou Heikki Kovalainen, qui a joyeusement détruit sa McLaren hier, sont-ils vraiment de meilleurs pilotes que Giancarlo Fisichella ou Adrian Sutil?
La saison de misère de Lewis Hamilton s'est poursuivie ce week-end. Le Britannique espérait profiter du tracé monégasque pour gommer les lacunes de sa McLaren et viser un podium. Un accident en qualifications, un changement de transmission l'ont rejeté tout à l'arrière de la grille et une mauvaise stratégie d'arrêts a coupé court sa tentative de remontée.
Hamilton n'a pas grand-chose à se reprocher, mais son équipe accumule les bévues, aussi bien sur la piste qu'en coulisses. La déchéance de l'équipe McLaren est d'ailleurs assez pathétique, d'autant plus qu'il s'agit d'une des écuries les plus riches du plateau.
À l'heure où les membres de la FOTA insistent sur l'importance du renom des grandes équipes «historiques» pour la crédibilité de la F1, l'exemple de McLaren n'est guère probant.
La carte de visite de Tag
Alexandre Tagliani nous l'avait dit: il devrait être patient pour bien faire dans les 500 Milles d'Indianapolis. Le vétéran pilote de l'équipe Conquest Racing a signé une superbe 11e place, remontant pas moins de 22 rangs du fin fond de la grille de départ. Il a d'ailleurs eu droit à quelques minutes de visibilité sur le réseau américain ABC, qui l'a déclaré «biggest mover» de la course.
Pour la petite équipe d'Éric Bachelart, cette superbe performance vient à point. Elle n'est en effet pas assurée de prendre part à toutes les épreuves du calendrier IRL et la chasse aux commanditaires n'est évidemment pas facile en cette période de crise. Tagliani vient de leur offrir une belle carte de visite!