Felipe Massa (Ferrari) a échoué dans sa conquête pour le titre mondial des pilotes de la manière la plus cruelle qui soit, dimanche au Grand Prix du Brésil de Formule 1, mais il s'est montré très digne dans la défaite, la marque des champions.

Le scénario ne pouvait pas être plus fort en émotions pour Massa, qui courait à domicile, chez lui à Sao Paulo, et qui aurait pu devenir le deuxième pilote de l'Histoire à être sacré champion dans son pays après Giuseppe Farina en 1950.

Devant des tribunes pleines à craquer, remplies de supporteurs merveilleux et dévoués, le Brésilien a rempli son contrat et gagné la course. Le reste n'était pas de son ressort mais tout semblait aller dans son sens: Hamilton dégringolait au classement et quand Massa a passé la ligne d'arrivée, il a été champion du monde l'espace de quelques instants.

Jusqu'à ce qu'Hamilton ne reprenne la cinquième place et les points suffisants pour s'approprier le titre, dans le dernier virage du dernier tour de la dernière course de la saison. Vraiment le pire scénario imaginable pour Massa et les siens, qui pensaient déjà le championnat en poche.

Malgré cela, le pilote brésilien, sorti de sa voiture en larmes, a ensuite réussi à contenir son émotion et à livrer un discours positif, une belle attitude qui a imposé le respect.

«Normalement, je ne pleure pas beaucoup, mais aujourd'hui c'était dur de contenir ses émotions, c'était même impossible, a-t-il avoué. Il y a eu tellement d'émotions, je pense que c'était la course la plus incroyable que j'aie vue de toute ma vie.»

La tête haute

Nul doute que ce coup dur encaissé la tête haute va faire beaucoup pour l'aura du petit Brésilien, pas très charismatique jusqu'alors.

«Malgré cette défaite, nous devons être fiers de notre travail, de notre course et de notre championnat, a-t-il affirmé. Je sais comment gagner et comment perdre. Ce n'est qu'un jour de plus dans ma vie et je vais apprendre beaucoup de cette journée. Mais c'est sûr que c'est beaucoup d'émotion.»

Massa avait auparavant réussi à contenir ses larmes sur un podium entouré d'un silence triste. Les 70 000 spectateurs, mortifiés par ce dénouement, avaient perdu toute envie de fêter.

«Il y a eu des hauts et des bas cette saison, nous avons appris beaucoup, tant de nos erreurs que des bons moments, a ajouté le pilote brésilien. Je peux quitter Interlagos la tête haute, parce qu'une nouvelle fois j'ai gagné devant les miens. C'est une journée inoubliable.»

Gentil, poli, respecté par ses pairs, Massa est un pilote rapide, il n'a plus à le démontrer, et il devrait une nouvelle fois être un concurrent sérieux pour le titre l'an prochain.

«Felipe a grandi, année après année, il a beaucoup de talent et de personnalité. Il a par exemple répondu aux critiques grâce à son pilotage et à son intelligence», a souligné Stefano Domenicali, le directeur de la gestion sportive de la scuderia.

«Il a vécu une saison fantastique, en tant que pilote mais aussi en tant qu'homme», a de son côté conclu Luca Baldisserri, le directeur technique de Ferrari.