«Surprise et étonnement total.» Si elle n'avait pas vu venir la perte du Grand Prix du Canada, la présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain offre tout son appui au promoteur Normand Legault pour tenter une fois de plus de le ravoir.

«Les retombées économiques sont trop importantes pour Montréal, dit Isabelle Hudon. Ce sont les touristes du Grand Prix qui dépensent le plus d'argent en moins de temps sur notre territoire.»

 

Montréal peut difficilement remplacer un si gros moteur économique, souligne Michel Archambault, directeur de la chaire de tourisme Transat de l'UQAM. «La F1, c'est la ligue majeure, avec des retombées qui arrivent juste après celles des Jeux olympiques et du Mondial du soccer.»

Pour le grand Montréal, les retombées du GP sont évaluées à 75 millions de dollars. «C'est l'événement sportif le plus touristique au Canada, indique Paul Arsenault, directeur du réseau de veille à la chaire de tourisme Transat. C'est ce qui lance la saison en juin. C'est une manne pour les hôteliers et les restaurateurs.»

M. Arsenault est également surpris de voir Montréal perdre le Grand Prix. Surtout avec le centre de presse et les paddocks rénovés l'an dernier. Quoi qu'il en soit, «ça fait mal», dit-il.

À l'inverse, le professeur de géographie Sylvain Lefebvre affirme qu'«il ne faut pas s'en étonner». «Il y a une surenchère dans le marché du sport. Les villes les plus offrantes finissent par gagner, indique le directeur du Groupe de recherche sur les espaces festifs de l'UQAM. On a beau aimer Montréal, si on peut faire deux ou trois plus de fric ailleurs, on va aller ailleurs.»

«Il y a une symbolique autour de la F1. C'est un aspect événementiel, prestigieux et cosmopolite, poursuit-il. Il y a des retombées non quantifiables comme la visibilité internationale.»

Selon M. Lefebvre, Montréal n'aurait pas pu résister encore longtemps. Des villes comme Singapour ou Abou Dhabi - qui viennent d'avoir leur Grand Prix - sont prêtes à tout pour se démarquer. «Il y a une pression économique qui est très lucrative.»

«C'est dur de soutenir la pression, opine Isabelle Hudon. La situation de ces villes-là est comparable à aucune ville en Amérique du Nord. Il y a beaucoup de capitaux privés.»

Mais selon la présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, l'argent n'est pas le seul facteur à considérer. «Il y a un historique de la F1 à Montréal. Il y a des centaines de milliers de fans qui aiment venir au Grand Prix.»

Comme tous les acteurs concernés par la perte du GP, Mme Hudon a hâte de voir la teneur du point de presse que doit donner l'équipe de Normand Legault aujourd'hui.

«Je suis déçu de voir qu'on a encore à se battre contre ça, dit pour sa part Luc Fournier, président du Regroupement des événements majeurs internationaux (REMI). Il faut voir comment on peut récupérer ça.»

Comme Isabelle Hudon, il croit qu' «il faut tous se mettre derrière M. Legault et l'épauler».