L'abolition du Grand Prix de Formule 1 du Canada à Montréal par la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a semé la consternation, hier, dans la classe politique, tant dans la métropole qu'à Québec. L'heure est à la mobilisation pour tenter d'infléchir la décision de la FIA.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, espère que l'organisateur du Grand Prix, Normand Legault, sauvera la manifestation: «Normand Legault n'a pas encore eu l'occasion de discuter avec les gens de la Formule 1, notamment Bernie Ecclestone. Nous allons attendre les résultats de cette conversation.»

 

M. Tremblay a ajouté que les trois ordres de gouvernement et M. Legault avaient ponctuellement investi 5,5 millions dans le Grand Prix en 2008: Québec a versé 2 millions; Ottawa et Normand Legault, 1,25 million chacun; Montréal, 1 million. Cet investissement était nécessaire pour rénover les paddocks et améliorer la salle de presse. Mais rien n'était prévu pour 2009. «On ne nous a rien demandé», a dit M. Tremblay.

Le maire a rappelé que la menace de retrait du Grand Prix s'est déjà produite et que la mobilisation avait été payante. De son côté, le maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoit Labonté, dit que le milieu de la Formule 1 a évolué et que, pour faire partie du circuit, la Ville et les gouvernement fédéral et provincial devront s'engager davantage.

«J'en appelle au leadership des trois gouvernements, dit-il. Quand j'étais président de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, on avait fait une vaste coalition qui avait fort bien réussi. Il faut faire la même chose.»

M. Labonté est inquiet de la décision de la FIA, car son arrondissement récolte l'essentiel des retombées du Grand Prix, 75 millions. En retombées fiscales, la manifestation représente aussi 8 millions de recettes pour Québec et 6,5 millions pour Ottawa.

Le quart des 330 000 spectateurs du Grand Prix vient de l'extérieur du Québec et les deux tiers des retombées proviennent de l'étranger. La course donne une grande visibilité à Montréal, car les trois quarts des 500 journalistes qui la couvrent viennent de l'extérieur de la province.

Du coup, à Québec, on est conscient de la gravité de la nouvelle. «Chaque fois qu'on a fait un geste autour du Grand Prix, on l'a toujours fait parce que, sur une base d'affaires, c'était économiquement rentable pour le Québec, a dit le premier ministre Jean Charest. Et on va continuer de l'aborder sous cet angle.»

Raymond Bachand a soutenu que le gouvernement veut tout faire pour sauver le Grand Prix mais qu'il ne peut compter sur les milliards des Émirats arabes pour y parvenir.

Le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, presse le gouvernement Charest d'agir. La disparition du Grand Prix du Canada du calendrier de la F1 est «une autre mauvaise nouvelle pour Montréal», a-t-il dit. Il a accusé le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, d'avoir «échappé» l'un des événements «les plus payants et les plus prestigieux» pour la métropole.

«Nous ne savons pas tout ce qui se trouve derrière cette décision, mais j'ai de la difficulté à imaginer que le ministre, lundi, disait à tout le monde: tout va bien pour l'économie québécoise. C'est le ministre du Développement économique, le ministre du Tourisme et le ministre responsable de Montréal. Et pour ses trois responsabilités, cette annonce est une triste nouvelle», a affirmé M. Dumont.

Son collègue, le député Gilles Taillon, se demande pourquoi M. Bachand n'a pas réagi plus vite. «Il a semblé être pris au dépourvu là-dessus, dit M. Taillon. Je ne lui impute pas la responsabilité d'avoir perdu le Grand Prix, je lui impute la responsabilité de ne pas avoir travaillé à le garder.»

Du côté du Parti québécois, la députée de Pointe-aux-Trembles et porte-parole pour la métropole, Nicole Léger, a exhorté M. Bachand à intervenir: «Plutôt que de se soucier de l'avenir du ministre conservateur Michael Fortier le ministre Bachand aurait intérêt à se soucier du sort du Grand Prix, a-t-elle dit. L'annonce d'aujourd'hui est surprenante. Nous sommes reconnus depuis 30 ans pour notre capacité de tenir un événement de cette envergure. Le gouvernement Charest doit intervenir pour renverser cette décision.»

Justement, Michael Fortier, ministre conservateur responsable de la région du Grand Montréal, s'est dit «inquiet», hier, de l'absence de Montréal sur le calendrier de la F1 et prêt à «collaborer» avec le Grand Prix pour sauver la manifestation.

«J'ai parlé avec les organisateurs du Grand Prix du Canada ce matin (...) et je leur ai offert ma collaboration et la collaboration du gouvernement du Canada», a dit le ministre lors d'un point de presse dans le Vieux-Montréal.

Michael Fortier n'a toutefois pas précisé quel type d'aide ou combien d'argent le gouvernement serait prêt à offrir advenant la réélection des conservateurs. «Pour l'instant, on ne peut pas parler d'argent supplémentaire, a dit M. Fortier. On ne nous a pas fait de demandes financières.»

Avec la collaboration de La Presse Canadienne