Pourtant, après avoir tourné les trois tours offerts par Minardi dans le cadre d'une promotion du Grand Prix Champ Car de Mont-Tremblant, la fille d'Hébertville-Station avait son gros truck. Les yeux trop grand ouverts, secouée par les freinages monstrueux et les virages multiplicateurs de force G, elle avait sauté le lunch du midi, avait plongé dans la piscine pour se remettre les idées à l'endroit et s'était reposée une bonne partie de l'après-midi.

Pourtant, après avoir tourné les trois tours offerts par Minardi dans le cadre d'une promotion du Grand Prix Champ Car de Mont-Tremblant, la fille d'Hébertville-Station avait son gros truck. Les yeux trop grand ouverts, secouée par les freinages monstrueux et les virages multiplicateurs de force G, elle avait sauté le lunch du midi, avait plongé dans la piscine pour se remettre les idées à l'endroit et s'était reposée une bonne partie de l'après-midi.

«J'ai pas eu peur. J'ai jamais eu peur. C'est physique. T'as l'impression que ton casque va s'arracher, que ton corps part vers l'avant, tu vois rien et tu te dis que ça ne tournera jamais. Mais comment ils font pour tourner ainsi pendant 70 tours, à 18 ou 20 sur une piste en se battant à chaque fraction de seconde ? C'est dément.»

En plus de la fille d'Hébertville-Station, y avait la fille de TVA, le gars de RDS, la fille de Rock Détente et le gars de France Beaudoin. Lui, il a fait ça en champion. Yves Jacques est sorti de la Minardi avec une belle élégance et a vite cherché quelques traits d'esprit pour la caméra de Radio-Canada qui le filmait.

Avant, le gars de RDS avait flotté sur un nuage d'euphorie pendant au moins une demi-heure. Les yeux brillants, il était prêt à recommencer n'importe quand. Ève-Marie Lortie, la fille du Saguenay qui anime Salut Bonjour pendant ses temps libres, n'était plus aussi certaine avant de monter dans la caisse. Mais si une fille du Lac est capable, une fille du Fjord est capable aussi.

En fait, y a juste un solide gaillard qui a refusé de monter dans la voiture. «Je n'aime pas le sentiment d'être attaché à l'étroit. Peut-être que je souffre d'un peu de claustrophobie, je ne sais pas. Mais j'ai pas le goût de rester enfermé dans le cockpit, ça, c'est certain», a-t-il expliqué.

Je ne donnerai pas son nom pour qu'il ne soit pas gêné en entrant au bureau ce matin.

Et moi ? Dieu merci, je n'avais pas les mensurations pour être à l'aise dans la voiture. On avait fixé la limite à 6', je fais 6'1. Et vous le savez, un homme ne voudra jamais sacrifier ce pouce. J'entends des mauvaises langues souligner que la limite de poids était fixée à 196 livres ; je leur répondrai que je me suis basé sur le pouce en trop pour prendre la décision. C'est pas une livre ou deux qui auraient fait une différence, quand même !

Mais c'est formidable que des journalistes plus «étroits» aient pu monter à bord pour tenter cette expérience. Comme le disait un confrère subtil, c'est Foglia qu'il aurait fallu inviter. Le même confrère m'expliquait qu'en certains endroits aux États-Unis, on exige 10 000 $ pour une ride semblable dans une Formule 1.

Maudit pouce en trop

C'est bon que des communicateurs aient une petite idée de ce qui se passe dans une voiture de course parce qu'ils pourront mieux raconter à leurs lecteurs ou auditeurs les sensations vécues. Et comme le disait la fille d'Hébertville-Station, si quelqu'un vient dire que les coureurs automobiles ne sont pas des athlètes, qu'on l'attache en arrière.

Avez-vous une idée d'un départ sur le circuit Gilles-Villeneuve quand les 20 voitures entrent presque ensemble dans le virage Senna ? Avez-vous une idée de ce que ça peut être quand le jeune Lewis Hamilton, qui apprend son métier, sent Kimi Raikonnen lui chauffer les fesses dans un virage ?

Et cette fin de semaine, sur un circuit extraordinaire, avec des virages et des vallons spectaculaires, dans des voitures qui devraient atteindre 300 kilomètres à l'heure dans la ligne droite, pensez-vous qu'Alex Tagliani va avoir le temps de penser à son prochain commanditaire ?

Je me connais, j'aurais vomi toutes les tripes de mon corps si je n'avais pas été sauvé par mon pouce en trop.

Il y a plus de 25 ans, j'avais fait un tour du circuit Gilles-Villeneuve dans ma Volvo 240 avec Nelson Piquet, le champion du monde de l'époque. J'avais arraché la semelle de mes souliers à force de cramper les orteils. Il était fou. Et c'était une Volvo carrée avec une cinquième démultipliée électrique. Une charrette comparée à la Minardi d'hier.

François Dumontier a assisté à ces essais avec un large sourire. Dumontier, le directeur général de la course Champ Car, était très heureux de cette collaboration de l'écurie Minardi. Paul Stoddart, l'Australien qu'on a connu en F1, est content de courir en Champ Car et il a prêté ses Minardi de F1 à deux places à Dumontier pour qu'il s'en serve pour la promotion de son événement.

Un geste généreux qui a fait plusieurs heureux. Et heureuses

Et puis, c'est ce matin que je vais savoir comment la fille du Saguenay s'en est tirée.