Il n'avait connu que des ennuis à Montréal depuis le début de sa courte carrière en F1. Mais hier, Fernando Alonso a maté le circuit Gilles-Villeneuve en arrachant sa première victoire sur l'île Notre-Dame devant un Michael Schumacher et un Kimi Raikkonen totalement impuissants.

Il n'avait connu que des ennuis à Montréal depuis le début de sa courte carrière en F1. Mais hier, Fernando Alonso a maté le circuit Gilles-Villeneuve en arrachant sa première victoire sur l'île Notre-Dame devant un Michael Schumacher et un Kimi Raikkonen totalement impuissants.

L'Espagnol a livré une course quasi parfaite sur ce circuit reconnu pour pousser les pilotes à la faute. Et fautes, il y a eu en nombre, hier, sur le bitume couvert de gommes et rendu plus glissant qu'une patinoire. Jacques Villeneuve y a d'ailleurs goûté au 59e tour, en terminant une course superbement menée contre le muret de sécurité. Une autre année, une autre déception pour les partisans de Villeneuve, même si, cette fois, le blâme ne lui revient pas...

Devant, le tableau n'était guère plus reluisant. Pendant que Michael Schumacher court-circuitait des chicanes à répétition, que Kimi Raikkonen se payait une virée dans l'herbe (et deux arrêts aux puits catastrophiques), Alonso filait vers sa quatrième victoire d'affilée.

Parti de la position de tête, Alonso a gardé les commandes de la course d'un bout à l'autre du Grand Prix, réussissant même à un moment à se creuser une avance de 25 secondes sur Kimi Raikkonen. Il a rallié l'arrivée avec une avance de 2,111 secondes sur Michael Schumacher. Seulement, sans les deux sorties de la voiture de sécurité- une première fois pour la Williams de Nico Rosberg enchâssée dans le «Mur du Québec», la seconde fois pour Villeneuve-, Alonso aurait pu terminer la course sur les mains sans se faire dépasser.

Ça n'a pas pour autant été une balade du dimanche pour l'actuel champion du monde. «Il y avait beaucoup de poussière et de saleté à l'extérieur de la ligne de course, dit Alonso. Si tu sortais de ta trajectoire, tu pouvais perdre facilement deux secondes. Ce n'était pas facile de garder sa concentration. J'étais en tête avec une belle avance, mais je n'étais pas en confiance.»

La saleté du circuit a aussi coûté la deuxième place à Raikkonen. À l'avant-dernier tour, le Finlandais est sorti de sa trajectoire pour voir la Ferrari de Schumacher le dépasser comme une flèche. «Le circuit se désagrégeait à certains endroits. Il n'y a rien que j'ai pu faire», a marmonné le pilote McLaren en conférence de presse.

Schumacher n'a jamais menacé Alonso et il peut remercier son vieil ennemi Villeneuve pour sa deuxième place d'hier. Sans la sortie de la voiture de sécurité avec 10 tours à faire, il n'aurait pas pu s'approcher assez de Raikkonen pour lui souffler sa place.

«On a limité les dommages, admet Schumacher. On ne pouvait pas faire mieux qu'une deuxième place. La voiture de sécurité et l'erreur de Kimi m'ont aidé. Ça été une course très difficile; le circuit était si sale qu'à la moindre erreur on pouvait sortir de piste. À la mi-course, j'ai légèrement touché le mur à la sortie du dernier virage, heureusement, sans dommage.»

Derrière Schumacher, Giancarlo Fisichella tentait de rattraper le temps perdu par son faux départ. Il n'a pu faire mieux qu'une quatrième place au volant d'une Renault qui avait visiblement beaucoup plus dans le ventre. Une fois de plus, l'Italien ne s'est pas montré à la hauteur de son coéquipier. Idem pour Massa, qui a rapporté sa Ferrari à la cinquième place malgré une stratégie d'un seul arrêt aux puits. Quand à Juan Pablo Montoya, coéquipier de Raikkonen chez McLaren, il a harponné Nico Rosberg au premier tour. Sa voiture ne s'en est jamais remise.

Bref, les trois canons du championnat dominent le reste du peloton et, dans la foulée, leurs coéquipiers. Dans le lot, c'est sans conteste Alonso qui règne en maître. Il quitte Montréal avec 84 points, soit 25 de plus que Schumacher et 45 de plus que Raikkonen.

S'il y a quelqu'un dans la salle pour freiner Alonso, qu'il se manifeste. Et vite.