«J'ai un paquet de stock dans l'atelier, ça m'enrageait d'être à la maison à rien faire.»

Pour Jacques Villeneuve, 0,1% de chances, c'est semble-t-il suffisant pour entretenir le doute. Après avoir annoncé une nouvelle fois sa retraite l'an dernier, le pilote de Saint-Cuthbert avait laissé entendre qu'il excluait tout retour en piste à 99,9%. «Dans le fond, je savais ben que j'avais encore le goût», nous a-t-il avoué.

Joint au téléphone alors qu'il était au volant de son camion en direction de Maricourt, où a lieu ce week-end le 34e Grand Prix de Valcourt, Jacques Villeneuve se prépare à revenir en piste pour la première fois en plus d'un an. Il a pourtant annoncé sa retraite chaque année depuis 2013, la dernière fois l'an dernier à la suite d'une énième blessure qui l'avait laissé avec une jambe fracturée à quelques semaines de l'épreuve de Valcourt. On avait donc choisi de rendre hommage au frère de Gilles en retirant son numéro 96 à l'occasion d'une cérémonie devant le public du circuit Yvon-Duhamel.

Au diable les hommages, Villeneuve est heureux quand il est en piste. Et il veut gagner.

«Des fois, le monde pense que t'es un dieu, que tu vas planter tout le monde, mais il faut que ta motoneige soit au point. Je vais la redécouvrir lors des premiers essais, après quoi on va tenter de l'ajuster du mieux qu'on peut.»

Jacques Villeneuve a remis sa mécanique à neuf et l'a testée sur dynamomètre, avant d'aller rouler sur une rivière pas loin de chez lui - il devait participer à la manche initiale du circuit Pro Tour, à Lowville, dans l'État de New York, mais l'épreuve a été reportée par manque de glace. « J'ai fait une trentaine de tours sur la rivière, au moins ça m'a permis de rouler, et ça va très bien, a assuré le pilote de 62 ans. Pendant les premiers tours, il m'en manquait pas mal, mais je portais de gros protecteurs, tellement que je me sentais pogné comme dans un habit de clown. J'ai enlevé ça, ces réguines-là, et je me suis aussitôt senti plus à l'aise. Et mon moteur semble un peu plus de bonne humeur. Déjà, ça s'était amélioré pas mal l'an dernier, mais malheureusement, je me suis pété la gueule. »

«ON VIEILLIT!»

Les risques d'accident, il en est plus que jamais conscient. Mais pas tant pour lui que pour ses proches. «Je ne dis pas que la peur n'est pas présente. Ça me gêne d'ailleurs un petit peu, on vieillit, a-t-il avoué en laissant échapper un juron bien senti. Mais je ne crains pas de mourir, j'ai plutôt peur de tomber légume. Ça, je trouverais ça ordinaire, parce que ça ferait du tort aux autres. En piste, j'y songe un peu avant d'embarquer et parfois après coup, mais quand je roule, je n'y pense pas.»

S'il pense aux conséquences qu'un accident grave pourrait avoir sur son entourage, son retour est le fruit d'un cheminement bien personnel. «Ça peut paraître effronté pour les gens qui sont dans les gradins, mais je ne cours pas pour le public, a avoué celui qui est en rémission d'un cancer des intestins. Je cours d'abord pour mes commanditaires, qui continuent de m'appuyer, mais d'abord et avant tout je le fais pour moi. Évidemment, si le public n'est pas là, c'est plate en ta. S'il est au rendez-vous, c'est merveilleux. 

«Si je ne m'impressionne plus à rouler, je vais peut-être penser à arrêter. Mais d'ici là, j'y vais au jour le jour», conclut-il. 

Parions que les amateurs seront nombreux pour le voir s'élancer en piste, dès aujourd'hui.