Il pourrait couler des jours tranquilles dans son Qatar natal mais n'y pense même pas: Nasser Al-Attiyah, prince de sang, vient de remporter samedi à Buenos Aires le Dakar-2011, épreuve-reine des rallyes-raid, réalisant son rêve d'adulte.

Fils du ministre de l'Énergie du Qatar, aîné d'une famille de sept enfants, Nasser Al-Attiyah se veut un «exemple» sportif. «Je n'ai jamais pensé être avocat ou docteur. Je voulais devenir sportif et faire quelque chose pour mon pays.»

Ses premiers pas dans la discipline sont extrêmement précoces. Nasser Al-Attiyah, 40 ans, conduit depuis l'âge de... 12 ans et sa première «Suzuki trois cylindres». «Chez nous, il n'y a pas de police. Je faisais ce que je voulais. J'aimais la vitesse. Il n'y avait pas de problème».

À 18 ans, il participe à son premier rallye du Qatar. «Mon père m'a dit: "D'accord si tu ne le fais qu'une ou deux fois, et après tu verras"», se souvient-il. Il terminera 2e. Et gagnera les cinq éditions suivantes.

Il arrête pourtant le rallye en 1995, par manque de reconnaissance, et se lance dans le tir, une discipline qui le mène aux jeux Olympiques d'Atlanta. Porte-drapeau et unique athlète de sa sélection en 1996, il disputera trois autres Jeux, avec comme meilleur résultat une 4e place à Athènes en 2004.

«Le tir et le rallye sont des sports complémentaires. Le tir me demande beaucoup d'attention et de concentration, ce qui me sert en rallye», explique-t-il.

La Fédération automobile qatarie le persuade de revenir en 2003. Le retour s'avère gagnant. Il engrange les titres au Moyen-Orient de 2003 à 2007. Et devient un héros en son pays. «Il y a un livre sur moi dans les écoles au Qatar», sourit-il.

Stratège

Sa légende se poursuit en rallye-raid. Il conclut son premier Dakar en 2004 par un 10e rang final. Suivent deux abandons et une 6e place en 2007. En 2009, alors qu'il court encore pour BMW, il est exclu après la 6e étape d'une épreuve qu'il domine pour avoir manqué plusieurs points de passage.

Sa rapidité est démontrée. Volkswagen, écurie-reine en rallye-raid depuis le retrait de Mitsubishi, le recrute peu après.

Nasser Al-Attiyah ne déçoit pas. Pour son premier Dakar sous ses nouvelles couleurs, il pousse l'an passé Carlos Sainz, le double champion du monde des rallyes, qu'il qualifie d'«idole» de sa jeunesse, dans ses derniers retranchements.

L'Espagnol finit par s'imposer d'un souffle, soit 2 min 12 secondes, au terme d'une course poursuite haletante de 9000 kilomètres. L'honneur est sauf pour Sainz, qui bat sur la ligne un pilote à la renommée moindre. Al-Attiyah en retire une motivation supplémentaire.

Alors que Sainz, avant le départ de l'édition 2011, «espère» une course «pas aussi serrée que l'an passé», le pilote du Qatar affirme ses ambitions. «Cette année, je vais essayer de gagner», prévient-il.

Le mano à mano dure neuf étapes, avant qu'Al-Attiyah ne prenne l'avantage. L'Espagnol part à la faute lors de la 10e étape et perd d'un seul coup une heure.

Le fougueux Al-Attiyah se mue alors en stratège. Il gère son avantage. Puis finit par lâcher vendredi, à une journée du dénouement: «quand je suis venu la première fois sur le Dakar, mon rêve était de le gagner. J'attends ce moment depuis si longtemps».

Après une dernière étape maîtrisée, le pilote du Qatar a enfin touché au but. Le prince de sang s'est mué en roi de la pampa.