Toute la richesse ostentatoirement étalée dans la métropole ce week-end nous fait presque oublier – en fait, le savait-on ? – que les équipes de Formule 1 ne peuvent plus dépenser autant qu’elles le veulent.

Depuis 2021, un plafonnement des coûts a été imposé. Cette mesure, en vigueur pour une troisième saison, suscite plusieurs critiques, alors que l’un de ses principaux objectifs pourrait mettre des années à être atteint.

Plusieurs écuries ont dû sérieusement réorganiser leurs finances lorsque ce plafonnement a été mis en place. De 145 millions US initialement, il est depuis descendu à 140, puis à 135 millions pour la présente saison. Il s’agit en réalité de la somme maximale que chaque équipe peut dépenser pendant l’année pour améliorer la performance de la voiture.

Sont ainsi inclus les coûts liés aux pièces des voitures, au personnel des équipes et à certains équipements, entre autres. Le salaire des pilotes, les opérations marketing et d’autres postes budgétaires en sont exclus.

Le dépassement du plafond en vigueur peut valoir des sanctions aux équipes fautives – Red Bull a notamment payé une amende en 2021.

L’un des objectifs avoués de cette démarche était de resserrer l’écart de performances entre les équipes les plus riches et les moins nanties. Trois ans plus tard, les résultats ne sont pas encore visibles au classement : en 2022, les trois constructeurs de tête se sont approprié 78 % de tous les points disponibles, une proportion égale à celle de 2019, dernière saison complète avant l’entrée en vigueur du plafond.

« Il est encore beaucoup trop tôt pour juger les effets sur le resserrement de la grille ; ça prendra des années avant qu’on puisse le constater », a estimé vendredi James Allison, directeur technique de Mercedes.

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Point de presse avec les directeurs techniques Pierre Waché (Red Bull), Dan Fallows (Aston Martin) et James Allison (Mercedes)

Infrastructures

Cette observation est cohérente avec le cycle de développement des voitures. Or, au-delà de leurs résultats sur la piste, les équipes aux ressources plus limitées réclament une série de modifications qui, si elles ne se concrétisent pas, pourraient maintenir pour toujours la disparité au classement.

L’une des demandes de Williams, sans être sexy pour le public, pourrait avoir un impact majeur sur la parité en F1. En point de presse, vendredi, le directeur technique James Vowles s’est livré à un plaidoyer pour l’assouplissement de règles concernant les investissements en infrastructures et en instruments de pointe.

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Logan Sargeant, pilote américain de Williams

Son écurie, dit-il, accuse un retard de « 15 à 20 ans » sur ce plan, résultat de « sous-investissements » attribuables à des années de vaches maigres. Cet argent est aujourd’hui « disponible », selon Vowles, mais le plafond en place menotte l’entreprise, qui devrait, pour se mettre au niveau des écuries de pointe, injecter des fonds qui se comptent en dizaines, voire en centaines de millions en installations, en équipements et en logiciels.

Depuis 2018, l’écurie a terminé au dernier rang du classement des constructeurs à quatre reprises. « Il y a un fort désir de ramener Williams en position compétitive », a argué son gestionnaire.

Ses doléances reçoivent l’appui d’adversaires coincés dans une situation semblable, notamment Alpine et McLaren.

Otmar Szafnauer, directeur d’équipe chez Alpine, a fait remarquer que dans les années précédant l’entrée en vigueur du plafond, alors que les discussions menant à cette mesure allaient bon train, les équipes de tête ont investi de fortes sommes sachant ce qui les attendait. « Elles savaient que ce serait plus difficile de le faire plus tard, a-t-il fait remarquer. Nous, nous n’avions pas les budgets nécessaires à l’époque. »

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Otmar Szafnauer, directeur d’équipe chez Alpine

Il joint donc sa voix à celle de Williams pour demander des exceptions pour que des équipes en déficit d’infrastructures puissent effectuer une mise à niveau. Ceci « afin que tout le monde travaille sur un pied d’égalité ».

Échappatoires

Au cours des derniers mois, Szafnauer a très clairement indiqué ce qu’il pensait du plafonnement des dépenses, dont les meilleures équipes exploitent les « échappatoires », selon lui. Il a par exemple déjà soupçonné des adversaires d’avoir affecté certaines personnes à d’autres tâches ou encore d’avoir modifié leur titre d’emploi afin de soustraire leur salaire aux dépenses admissibles.

Les équipes de tête rejettent cette critique. Au contraire, elles déplorent la rigidité du plafond qui, disent-elles, les obligera à se séparer de travailleurs de talent qui pourraient accepter des emplois plus payants dans une autre industrie. Christian Horner, directeur d’équipe chez Red Bull, a récemment fait une sortie à ce sujet.

Son directeur technique, Pierre Waché, a appuyé ses propos, vendredi. Et son homologue chez Mercedes, James Allison, a estimé que « si on perd de l’expérience dans nos équipes, on se tire dans le pied ».

Les gestionnaires de toutes les écuries s’entendent toutefois sur l’importance du plafond, perçu comme « nécessaire » pour assurer la « santé financière » de leur sport.

Cette mesure « est appelée à évoluer », a conclu Otmar Szafnauer. « Il reste certainement du travail à faire pour la rendre meilleure », a opiné James Allison.

Mais sera-t-elle meilleure aux yeux de tout le monde ? On verra bien.

Au circuit Gilles-Villeneuve

SAMEDI 17 JUIN

  • 7h30: Ouverture du site
  • 8h15 à 8h45: Challenge Ferrari | 1re Séance de qualifications
  • 9h15 à 9h45: F-1600 | 1re course (12 tours ou 25 minutes)
  • 10h20 à 10h50: Challenge Ferrari | 2e Séance de qualifications
  • 11h10 à 11h40: Formule 1 | Pratique des arrêts aux stands des équipes
  • 12h30 à 13h30: Formule 1 | 3e séance d’essais libres
  • 14h00 à 14h35: Challenge Ferrari | 1re course (18 tours ou 30 minutes)
  • 16h00 à 17h00: Formule 1 | Séance de qualifications
  • 17h45 à 18h15: F-1600 | 2e course (12 tours ou 25 minutes)

DIMANCHE 18 JUIN

  • 8h30: Ouverture du site
  • 9h55 à 10h25: F-1600 | 3e course (14 tours ou 30 minutes)
  • 10h55 à 11h30: Challenge Ferrari | 2e course (18 tours ou 30 minutes)
  • 11h50 à 12h20: Formule 1 | Parade des pilotes
  • 14h00 à 16h00: GRAND PRIX DU CANADA 2023 (70 tours ou 120 minutes)