C’est bien vrai que Max Verstappen est dans sa propre ligue. C’est ce qui se passe derrière lui qui pique davantage la curiosité. Alors que les monoplaces de Formule 1 s’apprêtent à prendre d’assaut le circuit Gilles-Villeneuve, La Presse vous propose cinq intrigues de la saison actuelle.

La vraie lutte

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Fernando Alonso

Plus personne ne s'étonne des victoires de Max Verstappen. Derrière lui, cependant, la lutte pour la deuxième place est intrigante. Sans surprise, il y a l’autre pilote Red Bull, Sergio Pérez. Si ce dernier avait autant de victoires que son coéquipier (deux) après les quatre premières courses, le portrait a vite changé. Le Mexicain a maintenant 53 points de retard sur Verstappen.

L’année dernière, Charles Leclerc et sa Ferrari ont devancé Pérez de trois points pour le deuxième rang chez les pilotes. Cette saison, la situation est différente. D’abord, un nouvel acteur s’est ajouté à la rixe : Fernando Alonso, chez Aston Martin, a réussi 5 podiums jusqu’ici et n’a que 19 points de retard sur Pérez. Et derrière lui, Lewis Hamilton pousse.

Le septuple champion du monde et son coéquipier chez Mercedes, George Russell, ont respectivement pris les deuxième et troisième rangs lors du Grand Prix d’Espagne, il y a deux semaines. Ces résultats, jumelés à une 7e place d’Alonso et à une 6e place de Lance Stroll, ont permis à Mercedes de prendre l’ascendant par 18 points sur Aston Martin au 2e rang du championnat des constructeurs.

Qu’à cela ne tienne. Dans ses entrevues d’après-course, Alonso a fait savoir qu’Aston Martin arriverait dans la métropole québécoise avec une voiture améliorée. « Au Canada, nous les écraserons », a lancé l’Espagnol de 41 ans.

Enfin du progrès chez Mercedes

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Lewis Hamilton sur le podium du Grand Prix d'Espagne

La saison 2022 a été ardue pour Mercedes, qui n’était pas l’ombre d’elle-même. Mais l’écurie de pointe voit finalement le bout bout du tunnel après ses résultats en Espagne.

À Barcelone, l’équipe a enfin proprement mis à l’essai les nombreuses améliorations apportées à sa monoplace. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que celles-ci ont rapporté. Les deux Mercedes étaient plus rapides que les Aston Martin et les Ferrari, leurs principales adversaires jusqu’ici cette saison. Voilà qui doit rassurer chez l’écurie britannique.

« Ce résultat est assurément ce vers quoi nous travaillions, a indiqué Lewis Hamilton en conférence de presse d’après-course. C’est incroyable et c’est grâce à tout le travail formidable qui se fait avec les gens de l’usine […]. J’espère que tout le monde se sent vraiment fier. »

Chez Red Bull, pas de quoi s’inquiéter pour l’instant. L’équipe détient encore une douillette avance de 135 points au championnat des constructeurs. « [Les Mercedes] avaient quand même [24 secondes] de retard à la fin de la course », a d’ailleurs habilement rappelé le patron de Red Bull, Christian Horner.

Rien ne va pour Charles Leclerc

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Charles Leclerc

On ne peut faire autrement qu’avoir pitié pour Charles Leclerc (et ses partisans !). Tout ne se déroule pas comme le pauvre pilote de Ferrari le voudrait, bien qu’il possède pourtant tous les outils pour connaître une brillante carrière.

Au moment d’arriver au Canada, l’année dernière, Leclerc comptait quatre podiums, dont deux victoires. II rivalisait avec Verstappen et Pérez pour le premier rang du classement. Mais déjà, les malchances avaient commencé. Souvent, pendant la saison, le Monégasque a été victime des problèmes de fiabilité et des stratégies douteuses de la Scuderia.

Un an plus tard, ça continue. Leclerc occupe le septième rang du classement des pilotes. Deux fois dans les trois premières courses de la saison, il n’a pas franchi la ligne d’arrivée. À Bahreïn, il a été forcé à l’abandon en raison d’un problème électrique. En Australie, il est entré en collision avec Stroll dans un virage.

En Espagne, les qualifications ne se sont pas déroulées comme prévu. Parti des puits, le pilote de Ferrari a bien tenté de remonter la pente, mais il a dû se contenter du 11e rang, hors des points.

« Je ne comprends pas ce que nous faisons de mal, mais nous faisons quelque chose de mal », a-t-il résumé à Sky Sports après la course.

La Scuderia a encore du travail devant elle pour doubler Aston Martin et Mercedes au classement. La saison est encore jeune.

Alpine, lentement mais sûrement

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Esteban Ocon célèbre sur le podium sa troisième place au Grand Prix de Monaco.

En devançant McLaren par 14 points au championnat des constructeurs en 2022, ce qui lui a valu la 4e place chez les constructeurs, Alpine s’est enfin établie comme la meilleure équipe de milieu de peloton. Avant la saison 2023, le directeur général, Laurent Rossi, affirmait que l’équipe voulait « au minimum » terminer 4e à nouveau cette année, selon des propos rapportés par l’Agence France-Presse.

Bien sûr, les progrès plus rapides qu’anticipé d’Aston Martin viennent un peu chambouler ces plans. La marque française, dont l’écurie est établie en Angleterre, se trouve au 5e rang chez les constructeurs, mais avec un sérieux déficit de 60 points sur Ferrari.

Toujours est-il qu’elle peut se réjouir de ses récents résultats. Après une collision catastrophique entre ses deux pilotes en Australie, l’équipe a enfin pu célébrer un podium – son premier depuis 2021 – à Monaco. Cette troisième place d’Esteban Ocon a permis à l’écurie d’aller chercher 15 précieux points au championnat.

En Espagne, les deux pilotes français avaient connu de bonnes qualifications, mais ont dû se contenter des 8e (Ocon) et 10e (Pierre Gasly) places. « Je suis sûr que la performance est là pour [qu’on puisse] aller chercher quelque chose comme un top 6 la prochaine fois », a dit Gasly aux médias sur place après la course.

La constance de Yuki Tsunoda

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Yuki Tsunoda

Si le nom de Yuki Tsunoda ne figure qu’au 16e échelon du classement des pilotes, ça ne veut pas dire que le porte-couleurs d’AlphaTauri connaît une mauvaise saison, bien au contraire.

Le Japonais avait beaucoup à prouver cette année et il fait bien avec un véhicule très moyen. Tsunoda affiche une constance inégalée chez les pilotes du milieu de peloton. Il ne faut pas se fier qu’à sa mince récolte de deux points ; la plupart du temps, il a terminé tout près des points cette saison, contrairement à son jeune coéquipier recrue Nyck de Vries.

Tsunoda arrivera à Montréal avec le désir de retrouver ses points perdus en Espagne. En voulant défendre sa 9e place contre un Zhou Guanyu insistant au 56e tour sur 66, le pilote d’AlphaTauri a hérité d’une pénalité de 5 secondes. Il a donc terminé 12e.

« De mon point de vue, il y avait encore de l’espace, a-t-il déploré. L’autre voiture est sortie soudainement de la zone et a fait semblant d’avoir été forcée. Il y avait encore de la place, [Zhou Guanyu] aurait pu rester sur la piste. […] Je dois juste accepter la réalité, que j’ai perdu des points après cette grosse course. C’est décevant, vraiment très décevant. »