Gino Rosato était très sollicité vendredi après-midi, devant le quartier général de Ferrari. Pour la première fois en plus de 30 ans, le Québécois était présent au circuit Gilles-Villeneuve en qualité de visiteur, et non de membre de la Scuderia.

Rosato a pris la grande décision de quitter Ferrari à la fin de la dernière saison. Depuis, il n’a assisté à aucun Grand Prix ; celui du Canada est son premier. Mais dans le paddock, vendredi, c’était comme s’il n’était jamais parti ; ça nous a d’ailleurs pris un moment avant de réussir à lui parler.

« J’ai passé beaucoup de temps au Québec dans les trois ou quatre derniers mois, a-t-il fait savoir à La Presse. Ça fait longtemps que je n’avais pas passé du temps ici. Ça fait du bien d’être de retour. Je suis venu voir les gars un peu. »

Nombre de rumeurs au sujet du départ de Rosato ont été colportées sur les réseaux sociaux au cours des derniers mois. Une d’entre elles voulait que le Québécois ait quitté l’écurie au cheval cabré en raison de l’arrivée du nouveau directeur principal Frédéric Vasseur.

Ça m’a attristé que beaucoup de monde ait dit des niaiseries, parce que ça s’est très bien fini.

Gino Rosato, à propos de son départ de Ferrari

« C’est un choix qui a été fait. Je fais encore des collaborations avec Ferrari. Je ne suis en guerre avec personne. »

« Je suis ami avec [Fred Vasseur], avec sa famille, c’est une personne que j’aime beaucoup. Ce n’est pas parce qu’il est arrivé que je suis parti. […] Ça fait 20 ans que je le connais. Ça m’aurait même intéressé de travailler avec un gars comme lui, c’est un gars très compétent. »

Quand on lui demande quel a été l’élément déclencheur de cette prise de décision, Rosato reste évasif.

« Il y a eu des changements. Après, il ne faut pas être frustré dans la vie. […] Tu as toujours une raison de rester : une année passe, deux années, dix ans, quinze ans. C’était le bon moment de partir. »

Essentiellement, « il était temps de changer, soutient-il. Ça fait 31 ans que je fais ça. Je veux voir un peu ce que l’avenir amène, mais je suis parti en très bons termes avec Ferrari ».

Aucun remords

Il y a exactement un an, La Presse vous racontait l’histoire de Gino Rosato, un Lavallois né d’une mère québécoise et d’un père italien, tombé inopinément dans la F1 à l’âge de 18 ans. C’est en 1993 qu’il a eu la chance d’une vie de se joindre à Ferrari, dont il a fait partie pendant les 30 années suivantes – hormis un intermède de trois ans chez Lotus. Au fil des années, il a saisi les occasions qui se sont présentées à lui et fait son chemin jusque dans l’équipe de direction de la Scuderia, devenue comme une seconde famille.

Lisez « Gino Rosato : le Québécois de la Scuderia »

Toujours est-il que quand l’heure est venue, elle est venue.

Quand on lui demande si ça lui a fait quelque chose de quitter l’équipe, Rosato hésite avant de répondre : « Non. Il y a des choses avec lesquelles on est en paix, continue-t-il. Je me trouve très chanceux d’avoir pu faire ce que j’ai fait, mais il faut savoir tourner la page. C’est la vie. »

Le Québécois, qui profite de sa « vie normale » après 31 ans à voyager d’un bout à l’autre de la planète, dit prendre une année sabbatique pour « voir ce qui se passe dans [sa] tête ».

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Le pilote Max Verstappen et Gino Rosato, l'an dernier au circuit Gilles Villeneuve

Pour la suite des choses, il a « des idées », mentionne-t-il, mais nos tentatives pour avoir plus de détails se sont avérées infructueuses. « On va voir ce que l’avenir va amener », résume-t-il.

Même si Ferrari est toujours « dans [son] cœur », serait-il disposé à se joindre à une autre équipe un jour, advenant un retour dans le monde de la Formule 1 ?

« On ne dit jamais non, mais pour l’instant, la seule équipe, c’est ma propre tête. Je viens de passer 30 minutes avec Max Verstappen. Je ne suis pas ici à la recherche d’une autre équipe. Je suis ici pour voir le monde que j’aime, pour passer du [bon] temps, venir encourager Ferrari à ma manière. Ça fait vraiment du bien d’arriver ici dans des conditions zéro stress. »