D’un côté, la sécurité des pilotes. De l’autre, la performance. Le marsouinage et le changement de règle annoncé jeudi par la FIA divisent les équipes en Formule 1. Et disons que Lewis Hamilton et Max Verstappen ne partagent pas la même opinion.

C’est le sujet de l’heure dans le monde de la course automobile. Et ça l’était encore lors de la conférence des pilotes, vendredi matin, au circuit Gilles-Villeneuve.

Quand Hamilton a raconté avoir essayé un vieux jeu vidéo de course en arrivant à Montréal, Verstappen lui a lancé une pointe : « Est-ce qu’il y avait du marsouinage ? », lui a-t-il demandé.

« Non, pas de marsouinage », a répondu le pilote Mercedes en souriant.

Évoquant la santé et la sécurité des pilotes, la Fédération internationale de l’automobile (FIA) a confirmé jeudi qu’elle interviendrait afin de réduire le phénomène aérodynamique qui entraîne des vibrations et de violents soubresauts dans les monoplaces de Formule 1.

Dimanche dernier, à Bakou, Hamilton a eu de la difficulté à s’extirper de son véhicule après la course en raison de trop grandes douleurs au dos. Le Britannique, qui ne connaît pas la saison espérée, prône l’importance de privilégier la sécurité des pilotes avant la performance qui, croit-il, ne sera pas touchée « tant que ça » par d’éventuels changements.

Je pense que dans chaque équipe, quelqu’un s’est plaint du marsouinage. Il faut résoudre ce problème pour nous, mais aussi pour les futurs coureurs. Je ne pense pas que les valeurs changeront beaucoup de toute façon.

Lewis Hamilton

« Il y a beaucoup plus d’ecchymoses après les courses comparativement à l’année dernière. Ça prend beaucoup plus de temps pour s’en remettre. »

À ses côtés, Max Verstappen avait une tout autre opinion. Il faut dire que Red Bull fait partie des équipes qui gèrent le mieux le phénomène depuis le début de la saison.

« Je pense qu’il y a beaucoup d’équipes qui ont fait un excellent travail en le contrôlant. Il est donc possible d’y remédier », a-t-il souligné.

« Je pense que c’est un peu décevant qu’il y ait à nouveau un changement de règle à la mi-saison », a-t-il continué.

Photo Olivier Jean, LA PRESSE

Max Verstappen

Ce n’est pas que cela nous affecte plus ou moins que les autres équipes, mais il ne faut pas que quelqu’un se plaigne beaucoup et que, du coup, les règles changent. Si vous ne pouvez pas concevoir une voiture performante, c’est de votre faute, pas celle des règles.

Max Verstappen

Le champion en titre, qui a remporté cinq des huit premières courses de la saison, a fait valoir qu’il y a « de nombreux sports où tu endommages ton corps », donnant le football en exemple.

« Nous avons beaucoup de personnes intelligentes ici qui peuvent trouver une solution pour se débarrasser du marsouinage, a-t-il ajouté. Peut-être pas cette année, mais l’année prochaine certainement. »

Les avis varient

Les questions au sujet du marsouinage ont été nombreuses tout au long de la conférence de presse qui s’est étirée sur deux heures, le temps que les quatre groupes de cinq pilotes passent chacun leur tour au micro.

« Je pense que c’est la responsabilité de mon équipe de me donner un véhicule qui est correct à conduire et jusqu’à maintenant, je n’ai pas eu de problème en particulier avec ça », a soutenu le pilote Ferrari Charles Leclerc, qui occupe le troisième rang du classement des pilotes.

Photo Olivier Jean, LA PRESSE

Le pilote monégasques de Ferrari, Charles Leclerc (à droite)

Oui, c’est plus rigide que l’année dernière. Personnellement, je ne pense pas que ce soit impossible à conduire ou très dur sur mon corps. De notre côté, nous avons trouvé des solutions pour que ce soit moins désagréable.

Charles Leclerc

Esteban Ocon, chez Alpine, a pour sa part affirmé que le problème l’affectait un peu moins que d’autres. « Mais ce qui est vraiment positif, c’est que la FIA agit pour prendre soin de nous. »

« C’est important que la sécurité passe avant les performances », a quant à lui laissé entendre le pilote Aston Martin Sebastian Vettel.

Au bout du compte, comme l’a habilement résumé le Torontois Nicholas Latifi, « [l’intervention de la FIA] va rendre certaines personnes heureuses, d’autres non ».