À 23 ans, Lance Stroll amorce sa sixième saison en Formule 1, et le pilote de l’équipe Aston Martin est visiblement excité à l’idée de découvrir sa nouvelle voiture dans quelques jours lors des essais hivernaux. Une brève sortie de rodage et de tournage, vendredi sur le circuit de Silverstone, n’a fait que décupler son envie de passer aux choses sérieuses.

La veille, lors de la présentation de la nouvelle AM22 à l’usine d’Aston Martin, Stroll et son coéquipier Sebastian Vettel ne se lassaient pas d’admirer la superbe monoplace. « C’est vraiment une très belle voiture et nous sommes impatients, Seb et moi, de prendre le volant lors des essais », a confié le pilote canadien.

Un peu plus tôt, en visioconférence, Stroll s’était toutefois montré réaliste : « L’introduction de la nouvelle réglementation technique représente quelque chose de très excitant, pour la F1, pour toutes les équipes. Mercedes et Red Bull [la saison dernière] ont dominé depuis quelques années, mais les nouveaux règlements offrent une occasion de combler l’écart et de se battre à nouveau pour la victoire. Pour nous, c’est une chance de grimper sur la grille.

J’espère vraiment que ces changements vont permettre plus de batailles entre les voitures. J’imagine déjà le spectacle sur des circuits comme l’Hungaroring [à Budapest], où il y a des possibilités de doubler quand nous pouvons rouler plus près les uns des autres.

Lance Stroll

De retour en F1 la saison dernière après une absence de près de 60 ans, Aston Martin n’a pas atteint d’entrée les ambitieux objectifs fixés par le patron Lawrence Stroll, le père de Lance.

Décevant 13e du dernier Championnat du monde, après avoir récolté deux podiums et une position de tête la saison précédente, le pilote a tenu à mettre les choses en perspective.

« On est encore en train de bâtir notre équipe, notre personnel n’est pas encore complet, notre nouvelle usine ne sera prête que l’année prochaine, a-t-il rappelé. Nous sommes encore en phase de croissance, mais je crois que l’avenir de notre équipe est très prometteur. Pour l’instant, il faut garder une vision à long terme. »

Une équipe renforcée

Avec l’ambition d’atteindre le sommet de la Formule 1 dans une période de cinq ans, Aston Martin s’est donné de nouveaux moyens cette saison avec notamment l’arrivée d’un nouveau partenaire saoudien, Aramco, la plus grande pétrolière du monde au chapitre de la production. Le directeur général Omar Szafnauer a par ailleurs été remplacé par Mike Krach, un ancien de BMW, et l’équipe technique a été renforcée.

Stroll et Vettel espèrent donc faire mieux cette saison. « C’est bien de l’avoir [Krach] avec nous. Il a une belle expérience dans le sport motorisé et apportera beaucoup à l’équipe, a souligné Stroll. Je l’ai rencontré récemment pour la première fois et je suis excité à l’idée de travailler avec lui. »

De son côté, Vettel a reconnu regretter un peu le départ de Szafnauer, avec qui il s’entendait très bien, mais lui aussi a vanté les qualités de Krach. Quant à savoir s’il pourra retrouver les avant-postes, le quadruple champion du monde a jugé qu’Aston Martin devait d’abord travailler à faire progresser sa voiture : « C’est toujours excitant de découvrir une nouvelle F1, et encore plus cette année avec les nouveaux règlements. Toutes les équipes espèrent avoir trouvé la recette gagnante et tout le monde veut gagner, moi le premier.

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Sebastian Vettel dans son Aston Martin

« Dans tout juste un mois, nous disputerons le premier Grand Prix de la saison et nous avons beaucoup de travail devant nous, a insisté celui qui en sera à sa 16saison en F1. C’est difficile de prédire où nous serons par rapport aux autres équipes. Comme Lance, j’espère que toutes les équipes seront plus près les unes des autres, que ce sera plus compétitif pour tout le monde, mais nous devons être patients. Nous avons eu des difficultés la saison dernière et nous voulons simplement être plus performants cette année. »

Dans la même veine, Lance Stroll a estimé : « Tout est encore relatif tant qu’on n’aura pas vu les voitures des autres équipes. On saura un peu plus où on se situe face à tout le monde lors des premiers essais [à Barcelone, du 23 au 25 février]. Et ce ne sera que le début d’une période d’apprentissage, car il y aura beaucoup à découvrir avec les nouveaux règlements, les nouveaux pneus [maintenant montés sur des jantes de 18 po]. Ce n’est sans doute que lors des qualifications du premier Grand Prix, à Bahreïn [du 18 au 20 mars], que la hiérarchie va se préciser. »

Selon Stroll, il est trop tôt pour fixer des objectifs concrets. « En 2020, nous étions près du podium ; l’an dernier, nous ne pouvions que nous battre pour des points. On ne sait pas encore où nous serons cette année. Nous devons simplement être concentrés sur le travail à accomplir afin améliorer tous les petits détails, et il y en a beaucoup avec les nouveaux règlements. »

Revenir à Montréal

Un peu en retrait par rapport à son illustre coéquipier la saison dernière, Lance Stroll n’estime toutefois plus qu’il doit être l’« élève » de Vettel. « Je crois que nous apprenons chacun l’un de l’autre, a-t-il affirmé. Nous nous poussons continuellement afin d’aider l’équipe à aller de l’avant et c’est normal en F1.

À ce stade de ma carrière, j’essaie de m’améliorer chaque saison. La F1 réunit tous les meilleurs pilotes du monde et il faut travailler sans arrêt, avec toute l’équipe, afin de maximiser tous les éléments de la voiture et d’en tirer le maximum.

Lance Stroll

Il a ajouté : « Je suis plus expérimenté et je crois que c’est toujours un avantage en F1, même quand, comme cette année, il y a de nouveaux règlements et qu’on repart à neuf.

« Les tests effectués sur notre simulateur semblent indiquer qu’il y aura moins d’adhérence. Les paramètres de base restent toutefois les mêmes : il faudra bien gérer les pneus, maximiser les réglages aérodynamiques…

« Les nouveaux pneus se comportaient différemment sur les voitures de l’an dernier. Il reste à voir ce que ce sera sur les nouvelles voitures, mais on s’attend à ce qu’ils aient un comportement plus constant, avec moins de dégradation, mais aussi un décrochage plus rapide quand ils ne sont plus efficaces. »

À quelques jours des premiers essais, Stroll pense déjà au retour de la F1 à Montréal, le 19 juin. « Après deux ans d’absence, j’ai vraiment hâte de revenir à Montréal. Il y a plein de bons souvenirs à Montréal, pour moi, pour ma famille. Ce n’est absolument pas la même chose sans le Grand Prix du Canada. J’espère vraiment que tout évoluera de façon positive au cours des prochains mois et que nous pourrons retrouver les amateurs canadiens en juin. »

Des règles plus constantes

Mine de rien, Lance Stroll devient graduellement l’un des pilotes les plus expérimentés en F1 et il ne se gêne pas pour exprimer ses opinions. Mercredi, il n’a pas hésité à critiquer la façon dont la saison 2021 a pris fin lors des derniers tours du Grand Prix d’Abou Dhabi, quand une intervention du directeur de course Michael Masi a aidé Max Verstappen à rejoindre son rival Lewis Hamilton et à le coiffer au « finish » pour enlever le titre mondial. La FIA mène en ce moment une enquête sur ces évènements et les pilotes devraient être consultés. « Les règles ont été changées pour améliorer le spectacle, a estimé le pilote canadien. En permettant à seulement quelques voitures de doubler [celles qui séparaient Verstappen de Hamilton], alors que les autres, dont la mienne, ne pouvaient le faire, les règles n’ont pas été appliquées correctement. Je crois que les règles doivent être plus constantes. On ne peut changer les règles en cours de course, les appliquer différemment, comme cela s’est produit à Abou Dhabi. J’espère qu’on fera une mise au point très claire afin que les règles soient précises et qu’elles soient appliquées de façon constante. » Vettel a tenu des propos similaires, précisant toutefois que ce serait une erreur de faire de Masi le seul responsable de ce fiasco : « Il était dans une position très difficile, avec beaucoup de pression. Congédier Michael Masi serait injuste. Ce sont les règles et leur application qui doivent être corrigées. »