Il est un peu tôt pour le couronner, mais Max Verstappen a pris la tête du Championnat du monde de F1, dimanche, en remportant de façon convaincante le Grand Prix de Monaco. La déconfiture de l’équipe Mercedes a aussi permis à Red Bull de s’installer en tête du Championnat des constructeurs.

« Ç’a vraiment été une journée phénoménale, a souligné le directeur de l’équipe Red Bull, Christian Horner. Max a contrôlé la course dès le premier virage, il a accéléré quand c’était nécessaire et il a parfaitement géré ses pneus. C’était important pour nous de bien faire ici, de marquer un maximum de points. La saison sera encore longue, mais nous avons maintenant l’avantage. »

Verstappen a toujours été rapide à Monaco, mais les pièges de l’étroit circuit urbain l’ont souvent surpris. « Enfin, a-t-il insisté après la course. Je n’avais jamais encore été sur le podium et me voilà directement sur la première marche ! C’est un peu comme une rédemption après toutes les déceptions que j’ai eues ici. »

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Max Verstappen

Bien aidé par le forfait du détenteur de la position de tête Charles Leclerc – dont la Ferrari n’a pu être réparée à temps après sa sortie de piste à la fin des qualifications –, Verstappen a résisté à Valtteri Bottas (Mercedes) au départ et s’est ensuite contenté de contrôler son rythme pour garder l’avantage. Il a devancé à l’arrivée l’Espagnol Carlos Sainz (Ferrari) et le Britannique Lando Norris (McLaren).

« La course est quand même très longue, et on ne sait jamais ce qui peut se produire ici, a rappelé le vainqueur. Il faut surtout surveiller l’usure des pneus et s’assurer de garder une bonne marge pour aller jusqu’au bout. L’équipe a été parfaite et, avec la quatrième place de Sergio [Pérez, son coéquipier], nous voilà aussi en tête chez les constructeurs ! »

Hamilton dénonce une performance inexcusable

Après trois victoires et une deuxième place en quatre courses, Lewis Hamilton n’a jamais été dans le coup ce week-end à Monaco. Seulement septième, avec quand même un record du tour en fin de course, il est maintenant à quatre points de Verstappen (105-101) au classement du Championnat du monde.

Habitué au premier rang, il n’a pas été tendre envers son équipe. « Il n’y a aucune justification pour une performance comme celle-ci avec toute l’expérience que nous avons dans cette équipe. C’est inexcusable. Nous avons été mauvais tout au long du week-end et nous allons avoir de bonnes discussions…

« Notre voiture a certaines faiblesses et elles ont été exposées sur ce circuit. Bakou [où aura lieu le GP d’Azerbaïdjan dans deux semaines] est un autre circuit urbain, et nous pourrions encore y connaître des difficultés. Cette fois, il va falloir limiter les dégâts. Nous gagnons et nous perdons en équipe. Nous avons encore 18 courses devant nous, tout le monde va se remettre au travail et nous allons nous battre jusqu’au bout. »

Mercedes aurait quand même pu (dû) conserver l’avantage au Championnat des constructeurs, n’eût été un cafouillage lors du ravitaillement de Bottas. Solide deuxième, le Finlandais n’est jamais ressorti des puits, ses mécaniciens étant incapables de retirer la roue avant droite en raison d’un écrou enraillé. « Dans la voiture, je voyais que les secondes filaient, que je perdais des positions, a expliqué Bottas. À 30 secondes, je n’en revenais pas !

« C’est la première fois qu’un tel incident survient chez Mercedes. C’est de la malchance pour moi et pour l’équipe, mais il va falloir que nous améliorions nos arrêts aux puits. Il n’y a personne à blâmer, nous devons juste tous être meilleurs en équipe. »

Après s’être presque porté à la hauteur de Verstappen au départ, Bottas est resté tout près du Néerlandais pendant plusieurs tours, avant de le voir creuser l’écart à l’approche des changements de pneus. « Il était très rapide, et ç’aurait été difficile de le passer, a convenu Bottas. Mais nous aurions sûrement pu obtenir la deuxième place et de bons points. »

Il s’agissait déjà du deuxième abandon pour Bottas cette saison, et Mercedes se retrouve maintenant à un point de Red Bull (149-148) au classement des constructeurs.

Un podium et une grosse déception pour Ferrari

Le Grand Prix de Monaco a permis à Ferrari de revenir au premier plan avec la superbe deuxième place de Carlos Sainz, très constant tout au long du week-end. La Scuderia pouvait toutefois espérer beaucoup mieux avec la position de tête de Charles Leclerc, mais le Monégasque n’a pu prendre le départ.

Victime d’une sortie de piste à la toute fin des qualifications alors qu’il tentait d’améliorer son meilleur temps, Leclerc a forcé son équipe à travailler d’arrache-pied pour réparer sa voiture. Soucieux de ne pas remplacer sa boîte de vitesses – ce qui lui aurait coûté cinq positions sur la grille de départ –, Leclerc a vite constaté lors du tour de chauffe que quelque chose clochait avec l’arbre de transmission droit de sa voiture.

« C’est une épreuve qui signifie beaucoup pour moi et je ressens beaucoup d’émotions, a raconté celui qui a grandi en suivant le Grand Prix de chez lui. Je n’avais jamais pu terminer une course ici et cette année, alors que j’avais la position de tête, je n’ai même pas pu prendre le départ. »

Beau joueur, Leclerc a été parmi les premiers à féliciter son coéquipier Sainz. Il a toutefois averti : « La voiture était très bonne sur ce circuit, mais nous allons revenir à la réalité lors des prochaines courses et nous ne pourrons sans doute pas nous battre ainsi pour les premières places. C’est ce qui fait encore plus mal… »

Vettel et Stroll dans les points

Il a fallu cinq courses à Sebastian Vettel pour trouver ses marques dans l’équipe Aston Martin, mais l’Allemand a offert dimanche à Monaco une performance à la hauteur de sa réputation. Cinquième du Grand Prix, le meilleur résultat de l’équipe cette saison, Vettel a été désigné le « pilote du jour » par le vote des amateurs. Avec la huitième place de Lance Stroll, Aston Martin est revenue à la cinquième place du classement avec 19 points, un de plus qu’Alpha Tauri, deux de plus qu’Alpine.

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Lance Stroll

« Je suis vraiment heureux de cette cinquième place, résultat d’excellentes décisions de l’équipe dans les puits et des bonnes performances dans les instants clés de la course, a expliqué Vettel. Je savais que je devais rouler à fond à l’approche du ravitaillement, et cela nous a permis de gagner deux places [et de devancer Pierre Gasly (6e) et Lewis Hamilton (7e)]. Ç’a été très serré avec Gasly à la sortie des puits, et nous avons roulé côte à côte dans la montée vers le Casino, mais j’ai gagné le sprint. »

Lance Stroll a lui aussi profité de la même stratégie pour gagner trois positions et revenir à la huitième place. « C’est vraiment un excellent résultat pour l’équipe avec les deux voitures dans les points. La stratégie était parfaite, même si cela n’était pas facile en début de course sur les pneus durs, particulièrement au départ. Mais cela nous a mis en position pour tenter notre coup avec un ravitaillement tardif (overcut). et ça a fonctionné parfaitement. Nous progressons à chaque course, et je crois que nous pouvons être fiers de nos performances aujourd’hui [dimanche]. Nous allons travailler encore plus fort afin de conserver cet élan à Bakou. »

De son côté, le pilote torontois Nicholas Latifi a pris la 15e place au volant de sa Williams. « Ç’a probablement été ma course la plus compliquée (trickiest) en F1, et je crois m’en être plutôt bien sorti. Ce circuit ne convient pas vraiment à notre voiture, mais nous avons fait le maximum aujourd’hui, George (Russell) et moi. À moins d’imprévus, nous n’étions pas en position pour marquer de points. Et il n’y a pas eu de chaos à Monaco. »

En fait, comme cela est souvent le cas à Monaco, il n’y a eu aucun dépassement significatif.

Prochaine épreuve : Grand Prix d’Azerbaïdjan, circuit urbain de Bakou, 6 juin

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