(Amsterdam) Les amateurs de Formule 1 espèrent qu’ils pourront se mettre une course enlevante sous la dent ce week-end au Grand Prix des Pays-Bas, afin d’oublier rapidement le fiasco qui s’est déroulé à Spa-Francorchamps.

Le Grand Prix de Belgique, qui s’est déroulé sous une pluie torrentielle le week-end dernier, a été écourté peu après sa relance après deux tours effectués derrière une voiture de sécurité — et avec un retard de plus de trois heures.

Les amateurs de course, qui sont demeurés coincés pendant plusieurs heures dans des bouchons de circulation avant de pouvoir quitter Spa-Francorchamps, avaient aussi patienté pendant des heures sous une pluie froide.

Et tout ce qu’ils ont pu voir, c’est un cortège de bolides qui a défilé pendant près de 10 minutes derrière la voiture de sécurité avant de devoir rentrer aux puits, au quatrième tour, en raison de la visibilité nulle en piste. Les règlements de la F1 ont tout de même octroyé la victoire au pilote Red Bull Max Verstappen parce qu’il a complété deux tours en piste, tandis que son rival Lewis Hamilton se contentait de la troisième place. Le pilote Mercedes a d’ailleurs qualifié la course de « véritable farce ».

Cette victoire de Verstappen à Spa a réduit l’avant de Hamilton au classement général à seulement trois points avant le Grand Prix des Pays-Bas, où le Britannique convoitera sa 100e victoire en carrière en F1 — sur les terres du pilote Red Bull.

Et ne comptez pas sur Verstappen pour empêcher la foule d’être hostile envers le Britannique ce week-end.

« Voyez ça de cette façon. Quand vous assistez à un match de soccer, une équipe visiteuse saute sur le terrain et se fait huer à un moment ou à un autre. Tu ne peux pas aller voir l’annonceur maison et lui demander qu’il fasse taire la foule », a évoqué Verstappen jeudi.

« Ce n’est pas à moi de dire : ’écoutez, ne le huez pas’. C’est certain que plusieurs personnes vont le huer, a-t-il poursuivi. Je ne peux prendre la décision à leur place, et je ne peux pas leur dire quoi faire. Pensez-vous vraiment qu’ils vont m’écouter ? »

Les choses pourraient rapidement s’envenimer, car Hamilton a déjà été sifflé et hué par les partisans de Verstappen à la suite du spectaculaire accrochage entre les deux pilotes survenu au Grand Prix de Grande-Bretagne en juillet, entraînant l’abandon du Hollandais.

« Tant qu’ils n’affectent pas Lewis, c’est ça le principal, a dit Verstappen. Ce sera bien de voir les partisans dans les gradins, même si ce ne sera pas salle comble. »

De son côté, Hamilton n’apprécie pas les huées, mais il reconnaît qu’elles font partie du sport.

« C’est quelque chose qui existe. Je n’ai jamais assisté à un évènement pour huer, mais je peux comprendre le raisonnement, a dit Hamilton. Ça se produit aux matchs de soccer, et c’est attribuable à la passion des partisans, ou à leur haine envers l’adversaire. Donc, ça se respecte. »

Et Hamilton a ajouté qu’il carbure aux huées.

« J’essaie de transformer cette énergie négative en quelque chose de positif », a-t-il expliqué.

Le circuit ondulé de 4,3 km est situé à Zandvoort, en banlieue d’Amsterdam. Ce tracé, qui se faufile entre d’imposantes dunes de sable, est très rapide et comprend plusieurs virages inclinés — certains allant même jusqu’à 18 degrés —, ce qui favorisera les dépassements.

Zandvoort a accueilli une course de F1 pour la première fois en 1952, et ce jusqu’en 1985. Ce circuit devait être de retour au calendrier l’an dernier, mais il a été annulé, comme plusieurs autres épreuves, en raison de la pandémie de coronavirus.

S’il parvient à vaincre Hamilton ce week-end, alors Verstappen signerait sa septième victoire de la saison et pourrait s’emparer des commandes du championnat des pilotes.

S’il parvient à le faire devant sa marée de partisans, que Verstappen lui-même surnomme « l’armée orange », alors il ne fait aucun doute que ce serait un moment marquant de sa jeune carrière.

« Ce sera spécial de pouvoir courir aux Pays-Bas, devant mes partisans, a admis Verstappen, qui a piloté sur ce circuit en F3 il y a sept ans. C’est aussi un défi attrayant pour un pilote de se retrouver sur un nouveau circuit, et d’y trouver les limites. Les tours lancés en qualifications seront ultrarapides, donc la moindre erreur pourrait être très coûteuse. »

La séance de qualifications prévue samedi, devant des dizaines de milliers de spectateurs venus encourager Verstappen, pourrait s’avérer intense même pour un pilote expérimenté comme Hamilton. Le Britannique âgé de 36 ans détient le record pour le nombre de positions de tête en carrière (101), mais il accuse un déficit de 6-3 à ce chapitre contre Verstappen cette saison, et de 6-4 au chapitre des victoires.

Hamilton n’a jamais été bousculé avec autant de vigueur depuis qu’il a plié l’échine devant son coéquipier chez Mercedes Nico Rosberg en 2016.

Et Verstappen espère maintenant pouvoir ravir le titre de la F1 à Hamilton et l’empêcher de devenir le premier pilote de l’histoire à obtenir huit championnats du monde en carrière.