Alex Tagliani ne ralentit jamais, même en dehors de la piste. À quelques mois de l’ouverture, La Presse a rencontré le pilote dans son futur centre de karting et d’amusement, à Sainte-Thérèse.

Par où commencer ? Par l’enthousiasme de l’instigateur, peut-être.

Alex Tagliani a toujours la parole facile. Alors, imaginez lorsqu’il présente l’aboutissement d’un projet qu’il a en tête depuis une vingtaine d’années…

« Vous savez que vous êtes les premiers à voir ça ? », demande-t-il avant de nous entraîner vers un chariot élévateur.

De la mezzanine, il explique l’emplacement de quelques-unes des neuf activités familiales qu’abritera le Centre TAG E-karting & Amusement, dont six allées pour le lancer de la hache. Puis, cellulaire à la main, il déclenche une vidéo représentant ce qui deviendra la première piste de karting électrique multiniveaux au pays, entièrement observable en plongée de la mezzanine.

Regardez une vidéo

Actuellement, les matériaux — fraîchement arrivés d’Europe — pour cette piste sont tous au même étage. Sur le plancher du rez-de-chaussée. Et, même avec une modélisation animée, il n’est pas évident de bien visualiser la future piste dans une structure qui se résume en ce moment à une coquille et à quelques divisions.

Mais à terme, vers la mi-avril, un an après le début des travaux, elle se déploiera sur trois parcours, autant de niveaux, un demi-kilomètre et elle traversera une arène de laser tag.

De retour au rez-de-chaussée, le pilote converse quelques instants avec un homme sur le chantier.

On ne sait trop à quel propos, mais en cours de discussion avec l’employé, Tagliani lance : « Oui, sinon ça va être laid. »

Le karting d’abord

Le pilote de 47 ans a donné ses premiers coups de volant en karting à l’âge de 10 ans. Et le karting est l’ancrage de son centre, un projet de 18 millions, situé dans la Plaza Sainte-Thérèse, en cours de remodelage.

Il s’est inspiré de quelques pistes, dont une à Las Vegas. Il savait quel genre de piste et de karts il voulait. Et il savait que, pour arriver à ses fins, ça lui prenait une bâtisse haute et relativement grande.

Je ne voulais pas faire une piste de karting pour faire une piste de karting. Je voulais faire quelque chose de spécial.

Alex Tagliani

Mais il savait également que, pour rendre le projet viable, il faudrait élargir l’offre, attirer davantage que de jeunes fans de karting. Des rencontres d’entreprises, par exemple.

« Si j’avais juste des enfants pour satisfaire mon inner kid, on aurait mangé de l’argent. Ça prenait un tout pour pouvoir se permettre ça », explique le pilote, entre deux coups de marteau piqueur.

D’où la diversité de l’offre. N’empêche que le karting demeure au cœur du projet.

« Une des choses que tu détestes quand tu es un pilote de karting, c’est maintenant », dit-il, en montrant du doigt l’extérieur de la bâtisse, où s’accumule lentement un peu de neige. « Parce que ton kart s’en va dans le garage et que tu n’y toucheras pas jusqu’au printemps. À ce temps-ci de l’année, tu as des boutons. »

Il y a une vingtaine d’années, il a donc commencé à réfléchir à l’idée d’un complexe intérieur sophistiqué. Mais, avec sa carrière, il n’avait pas de temps pour les affaires. La vie d’athlète occupait toute la place.

Puis, au fil des ans, le projet a fait son chemin. Avec son ami Vincent Chiara, président du Groupe MACH, à l’origine de la transformation de la Plaza Sainte-Thérèse, et d’autres partenaires d’affaires, dont le groupe St-Hubert, l’un de ses commanditaires en course.

« Quand j’ai quelque chose en tête, j’en parle tout le temps, affirme Tagliani. À un moment donné, le monde était écœuré de m’entendre parler de mon est… de projet ! »

Ça a pris du temps. Il fallait le bon endroit, le bon terrain. Mais les morceaux se mettaient en place progressivement. « Puis, un jour, Vincent est arrivé et a dit : “J’ai quelque chose pour vous autres.” »

20 000 $ chacun

Tagliani et ses partenaires n’ont pas lésiné sur l’investissement pour ce qui est des karts en s’approvisionnant chez CRG, le réputé fabricant italien.

« Lorsque Hamilton, Rosberg, Verstappen ont couru en karting, c’était avec eux », raconte le pilote québécois.

Équipés d’intelligence artificielle, leurs karts sont les plus sophistiqués du monde. Et, mieux encore, ils en produisent désormais des électriques. Un autre plus pour Tagliani.

Centre TAG E-karting & Amusement
  • Le Centre TAG E-karting & Amusement, en construction, abritera neuf activités familiales.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Le Centre TAG E-karting & Amusement, en construction, abritera neuf activités familiales.

  • « Quand j’ai quelque chose en tête, j’en parle tout le temps », a dit Alex Tagliani à notre journaliste Frédérick Duchesneau.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    « Quand j’ai quelque chose en tête, j’en parle tout le temps », a dit Alex Tagliani à notre journaliste Frédérick Duchesneau.

  • La piste de karting se déploiera sur trois parcours, trois niveaux et un demi-kilomètre.

    PHOTO FOURNIE PAR TAG E-KARTING & AMUSEMENT

    La piste de karting se déploiera sur trois parcours, trois niveaux et un demi-kilomètre.

  • Équipés d’intelligence artificielle, les karts qui rouleront à Sainte-Thérèse sont les plus sophistiqués du monde.

    PHOTO FOURNIE PAR TAG E-KARTING & AMUSEMENT

    Équipés d’intelligence artificielle, les karts qui rouleront à Sainte-Thérèse sont les plus sophistiqués du monde.

  • L’idée de construire un complexe intérieur trotte dans la tête d’Alex Tagliani depuis une vingtaine d’années.

    PHOTO FOURNIE PAR TAG E-KARTING & AMUSEMENT

    L’idée de construire un complexe intérieur trotte dans la tête d’Alex Tagliani depuis une vingtaine d’années.

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« Je suis un clean freak. Tu pourrais manger à terre ici », promet-il. Dans quelques mois, peut-être. Mais au moment de notre passage, en pleine construction, absolument pas !

Cela dit, la qualité a un coût. En l’occurrence, sachez que le kart que vous pourriez piloter au Centre TAG E-karting & Amusement vaut possiblement plus cher que votre voiture : 20 000 $. Et le centre en aura une quarantaine. Faites le calcul…

« On aurait pu y aller avec un kart qui coûte 3000 $ », note le pilote. Mais ça ne correspondait pas à ses objectifs.

Et un kart à 3000 $ ne fait pas du 0-100 km/h en 4 secondes. « La sortie de virage va être incroyable ! », s’emballe Tagliani.

Les bolides, en raison de leur technologie, seront sécuritaires malgré leur puissance, assure-t-il. Mais il prévient. « Si tu veux jouer au bumper car, va à La Ronde. Viens pas chez nous. »

Pas un projet de retraite, mais…

Le vétéran pilote veut divertir les gens. Mais il souhaite aussi permettre à des jeunes talentueux — et sérieux — de se bâtir une carrière. Et les aider à se lancer, à tout le moins.

Je ne dis pas qu’on va leur garantir qu’ils vont aller en Formule 1. Mais on va leur donner des outils.

Alex Tagliani

Prendre des jeunes sous son aile est clairement ce qui l’anime le plus. Et pour ceux qui voudront pousser leur passion — et qui en auront le talent —, le pilote pourra offrir les infrastructures, l’organisation et l’encadrement.

« Je ne me mettrai pas sur le bord de l’autoroute avec une pancarte “Je vous donne des cours de pilotage”, image Tagliani. Mais ici, j’ai la plateforme qui me le permet. Et la justification financière pour être capable de supporter une business et faire ce que j’aime. »

Il a même acheté un 53 pi pour mettre sur pied son équipe de course de karting. Ne manque que quelques jeunes pilotes doués.

Le résidant de Lorraine assure toutefois ne pas voir le centre comme un projet de retraite. À tout le moins, pas dans le sens où la retraite l’attend bientôt. Il a disputé six courses en NASCAR canadien cette année, et une dans la même série américaine que le jeune Raphaël Lessard. Il aime toujours la compétition.

« C’est tough de partir de là parce que j’aime ça, je roule en avant et je gagne encore des courses », explique Tagliani.

Il ajoute qu’il n’a « pas le choix de penser à la retraite ». Mais qu’elle attendra.

« La course automobile, tu te retires quand mentalement, ça ne te tente plus d’en faire, ou de faire les efforts pour rester en shape. Le stress, la performance. Quand tout ça, c’est trop, tourne la page. »

Et il n’en est pas encore là. Quand la prochaine saison de NASCAR Pinty’s débutera, en mai, il compte y être. Sauf que le jour viendra…

« Quand la course va s’arrêter, je vais être full time au centre, prévoit-il. On va l’avoir kickstarté et ça va être de la maintenance. »

Alex Tagliani sortira un jour de la voiture. Mais sans doute jamais de la course automobile.