Si elle a pris sa retraite de l’équipe canadienne et des circuits professionnels de basketball après les Jeux olympiques de Rio, une chose est restée inchangée chez Lizanne Murphy : l’amour qu’elle porte à son sport. Et c’est avec une grande attention qu’elle continue de suivre l’ascension de l’équipe nationale féminine.

Lorsqu’on lui demande comment elle aurait vécu le report des Jeux d’un an si elle était encore dans l’équipe nationale, elle ne cache pas son admiration pour les joueuses canadiennes.

« Quand tu es plus vieille et à la fin de ta carrière, c’est comme un décompte. Un an de plus pour donner ton maximum, ç’aurait été très difficile pour moi. Ç’aurait été mes troisièmes Jeux et j’aurais su comment me préparer, mais c’est aussi prolonger la durée du plan de 25 %. Et c’est beaucoup ! » dit en riant celle qui s’est classée septième à Rio.

L’ancienne basketteuse a mentionné être impressionnée par la résilience des athlètes qui tenteront de tourner à leur avantage cette année supplémentaire.

« Un moment comme ça, ça n’existe jamais, surtout pour les joueuses de basket. Elles jouent douze mois par année. (Avec ce repos forcé), elles peuvent prendre soin d’elles et voir un peu plus leur famille. Les athlètes ont montré à quel point ils sont résilients et je trouve qu’on ne leur donne pas assez de mérite pour ça. Ils ont trouvé des façons pour s’entraîner et ils ont fait preuve d’imagination. J’ai été inspirée par eux. Et même dans ce moment difficile, ils ont trouvé des façons pour aider leur communauté et les jeunes. »

Le basketball canadien sur une lancée

Un événement est venu accélérer la croissance du basketball au Canada dans le dernier cycle olympique : le premier championnat de la NBA des Raptors de Toronto l’an dernier. L’élan était toutefois bien en marche avant ce titre croit l’ancienne ailière.

« Tout a commencé lorsque les Raptors sont arrivés au Canada. Les jeunes ont vu le basket et les graines ont été semées pour que l’on fasse la récolte aujourd’hui. C’est un sport multiculturel. Tu peux le pratiquer n’importe où, dehors ou à l’intérieur, avec trois ou dix personnes. Il faut juste un ballon. Le sport coûte cher, mais le basket est encore accessible et je suis fière des valeurs rattachées à ce sport », affirme l’ancienne joueuse, qui a régulièrement transmis ces valeurs en participant à diverses activités de l’organisme Jeunesse au Soleil.

Au dernier classement mondial, l’équipe canadienne féminine pointait au quatrième rang, derrière les États-Unis, l’Australie et l’Espagne. La formation qui sera à Tokyo en 2021 sera toutefois bien différente de celle qui était présente au Brésil il y a quatre ans. Seulement quatre joueuses sur douze sont de retour dans l’équipe qui est déjà assurée d’être dans la capitale japonaise.

Les Québécoises présentes à Rio, Murphy et Nirra Fields, sont à la retraite. Parmi les autres qui ont quitté la formation, on note les Albertaines Katherine et Michelle Plouffe qui ont décidé de concentrer leurs efforts dans le basketball 3 contre 3. Murphy avoue que si le basket à 3 contre 3 avait fait son entrée au programme olympique un an plus tôt, peut-être qu’elle aurait prolongé sa carrière.

« On rigolait moi et les sœurs Plouffe qui me disaient : si tu es intéressée, tu peux venir jouer avec nous ! C’est un gros changement (dans l’équipe de basketball à cinq) depuis Rio, mais le groupe d’entraînement est ensemble depuis 2017 et en 2021 à Tokyo, ça fera quatre ans. Je les ai vues en novembre à l’AmeriCup (Edmonton) et c’est une équipe solide. Les filles continuent à jouer chez les pros et chaque été elles sont ensemble. Je pense qu’elles vont gagner une médaille. »

Les joueuses québécoises sont toutefois absentes de cette formation prometteuse comme s’en désole celle qui a joué chez les pros dans différents pays européens. « Je suis un peu triste de voir qu’il n’y a pas de Québécoise, mais dans les équipes cadette et junior, il y en a plusieurs », poursuit l’ancienne joueuse, convaincue que l’on verra des Québécoises dans l’équipe olympique canadienne qui sera à Paris en 2024.

Parmi celles qui seront à surveiller, on note le nom d’Alex Kiss-Rusk (Beaconsfield), membre de l’équipe nationale de développement et qui a joué deux saisons professionnelles en Allemagne avant de faire le saut en Belgique l’an prochain. Roxane Makolo (Saint-Hubert) et Sarah Te-Biasu (Montréal) ont quant à elles fait partie de l’équipe canadienne qui s’est classée en sixième place à la Coupe du monde des moins de 19 ans, l’été dernier, en Thaïlande.

Encore un pied dans le sport

Depuis un peu plus de deux ans, Lizanne Murphy travaille au Comité olympique canadien où elle occupe un poste de gestionnaire des programmes de services aux organismes nationaux de sport.

« J’adore mon travail et c’est vraiment différent de ma carrière d’athlète. Là, je travaille en soutien aux fédérations de sport », explique l’ancienne joueuse qui est originaire de Beaconsfield.

En continuant de fréquenter le sport de haut niveau, elle n’a pas le temps d’être nostalgique de l’époque où elle foulait les parquets. Son enthousiasme s’est maintenant transféré dans les gradins.

« J’ai aimé ma carrière et adoré ce que j’ai fait. Nous étions une formation classée 23e au monde pour remonter à la cinquième place pendant ma décennie dans l’équipe. Je suis vraiment fière de ça et maintenant, je suis contente d’être une fan de l’équipe. »