(New York) Josh Gibson est devenu le meneur de tous les temps du Baseball majeur avec une moyenne au bâton de ,372, surpassant celle de ,367 de Ty Cobb alors que les statistiques de plus de 2300 joueurs ayant évolué dans les Ligues des Noirs ont été incorporées mardi aux statistiques officielles des Ligues majeures.

La recherche permettant d’officialiser ces statistiques a pris plus de trois ans.

La moyenne de ,466 de Gibson pour les Grays d’Homestead, en Pennsylvanie, en 1943, est également devenue le record de la MLB en une saison, suivie de ,451 de Charlie « Chino » Smith, maintenue en 1929 pour les Lincoln Giants de New York. Ils ont ainsi amélioré la marque de ,440, établie en 1894 par Hugh Duffy pour le club de Boston de la Ligue nationale.

Gibson est également devenu le meneur de tous les temps pour la moyenne de puissance (,718), et la moyenne de présence/puissance (1,177), passant devant un certain Babe Ruth (,690 et 1,164).

« C’est une marque de respect envers de grands joueurs qui ont été confinés aux Ligues des Noirs en raison de circonstances hors de leur contrôle. Une fois que ces circonstances ont changé, ils ont prouvé qu’ils étaient des joueurs appartenant aux Ligues majeures », a déclaré à l’Associated Press le commissaire de la MLB, Rob Manfred, mercredi.

Un comité spécial sur les archives du baseball a décidé en 1969 de reconnaître six Ligues majeures, remontant à 1876 : la Nationale (lancée en 1876), l’Américaine (1901), l’Association américaine (1882-91), l’Association de l’Union (1884), la Ligue des Joueurs (1890) et la Ligue fédérale (1914-15). Ce comité a exclu l’Association nationale, citant « des procédures et un calendrier erratiques ».

La MLB a annoncé en décembre 2020 qu’elle allait « corriger une omission de longue date » et ajouter les Ligues des Noirs. John Thorn, l’historien officiel de la MLB, a présidé un comité de 17 personnes, comprenant des experts et statisticiens de ces ligues.

« Le calendrier condensé de 60 matchs, disputé en 2020 dans les deux ligues majeures actuelles, la Nationale et l’Américaine, nous a menés à penser que les saisons plus courtes des Ligues des Noirs pourraient être chapeautées par la MLB après tout », a déclaré Thorn.

Une version mise à jour des statistiques et données du Baseball majeur sera rendue publique avant la rencontre que les Cardinals de St. Louis et les Giants de San Francisco doivent jouer à Birmingham, en Alabama, le 20 juin en l’honneur des Ligues des Noirs.

Le président du Temple de la Renommée du baseball, Josh Rawitch, a indiqué que les statistiques inscrites sur les plaques des joueurs déjà intronisés demeureraient les mêmes, puisqu’elles reflètent l’information disponible lors de leur intronisation.

Les conditions sont les mêmes pour les statistiques des Ligues des Noirs que les autres, c’est-à-dire que les frappeurs doivent avoir obtenu 3,1 présences au bâton et les lanceurs une manche lancée par match disputé par leur club.

La moyenne de puissance ,974 de Gibson en 1937 devient ainsi la norme de référence. Celle de ,863 de Bonds en 2001 est glissée au cinquième rang, derrière celles de Mules Stuttle (,877 en 1926), Gibson (,871 en 1943) et Smith (,870 en 1929).

Bonds détenait la marque pour la moyenne de présence/puissance de 1,421, établie en 2004. Cette marque est maintenant troisième : Gibson a réussi 1,474 en 1937 et 1,435 en 1943.

Willie Mays a gagné 10 coups sûrs réussis avec les Black Barons de Birmingham en 1948, portant son total en carrière à 3293. Minnie Minoso a quant à lui franchi la barre des 2000 coups sûrs : ses 150 frappés avec les Cubans de New York de 1946 à 1948 lui en donnent maintenant 2113.

Jackie Robinson, premier Afro-Américain à jouer dans les Majeures avec les Dodgers de Brooklyn en 1947, a été crédité de 49 coups sûrs frappés avec les Monarchs de Kansas City en 1945. Il en compte maintenant 1567.

Chez les lanceurs, Satchel Paige a 28 victoires de plus à sa fiche, pour un total de 125.

Le comité s’est réuni six fois. Il a dû gérer certaines incongruités statistiques, comme des ligues comptant plus de victoires que de défaites ou des buts sur balles manquants. Les chercheurs ont dû valider que des joueurs portant le même nom étaient bien deux personnes différentes, se fiant alors aux dates de naissance, en plus d’identifier les joueurs identifiés par des surnoms. Une partie de leur travail a aussi consisté à en retrouver les transactions et identifier les stades ou parcs utilisés à une époque où les sites neutres étaient légion, en plus de retrouver les statistiques des équipes indépendantes.

« Nous avons pris la décision à un moment donné que nous étions convaincus qu’il était possible d’obtenir des statistiques exactes qui pourraient être intégrées à nos livres de records », a souligné Manfred.

Kevin Johnson et Gary Ashwill, deux statisticiens qui ont passé près de 20 ans à monter la base de données Seamheads sur les Ligues des Noirs, ont été inclus dans ce projet.

Thorn estime que 72 % des statistiques des Ligues des Noirs de 1920 à 1948 ont été incluses et que des recherches additionnelles pourraient entraîner d’autres modifications dans le futur. Thorn a ajouté qu’un match de quatre circuits attribué à Gibson en 1938 et un circuit de Mays en août 1948 n’ont pu être inclus puisque des comptes rendus complets de ces matchs n’ont pu être retrouvés.

« Sans feuille de pointage, nous ne pouvons pas valider les statistiques, a noté Johnson. Ces matchs sont dans les limbes en ce moment. »

Les nouvelles statistiques proviennent d’une première mouture de la Ligue nationale des Noirs (1920-31), de l’Eastern Colored League (1923-28), de la Ligue des Noirs américains (1929), de l’East-West League (1932), de la Ligue du Sud des Noirs (1932), de la deuxième Ligue nationale des Noirs (1933-48), ainsi que de Ligue américaine des Noirs (1937-48).

Certains comptes rendus ont été obtenus de journaux couvrant les activités des communautés noires. Johnson a indiqué que des comptes rendus complets pour environ 95 % des matchs des années  1920 ont été retrouvés, la couverture a été moindre pendant la Grande Dépression des années 1930 et n’a jamais repris au même niveau par la suite.