Pour un dixième de seconde, Alex Boisvert-Lacroix a raté sa qualification pour les Championnats du monde. Ébranlé, l'athlète olympique de 31 ans n'a cependant pas l'intention de se retirer.

Alex Boisvert-Lacroix a vécu comme «un choc» sa tentative de qualification ratée pour les Championnats du monde par distance individuelle d'Inzell, dans le cadre d'une course éliminatoire, vendredi dernier, à Calgary. Le patineur de vitesse de 31 ans n'a pas l'intention de se retirer pour autant.

«Je ne suis pas du genre à abandonner ce que je commence», a indiqué l'athlète olympique peu avant son vol de retour pour Montréal, lundi après-midi. «Peu importe ce qui arrive, je vais finir la saison sur le circuit national.»

Dans un 500 mètres marqué par le temps canon de Laurent Dubreuil (voir encadré), Boisvert-Lacroix a pris le quatrième rang.

Troisième au moment de franchir la ligne d'arrivée, il pensait bien maintenir sa position en vertu d'un chrono rapide de 34,66 secondes. Mais dans la paire suivante, le Montréalais Christopher Fiola a causé la surprise en inscrivant un temps de 34,55 s, un record personnel.

«Sur le coup, ça a vraiment été un choc, a relaté Boisvert-Lacroix. Je ne m'attendais pas du tout à ça. Je n'étais pas prêt à faire face à ce qui s'en venait. Dans ma tête, c'était peut-être fini.»

Ébranlé, il a quitté l'anneau olympique en coup de vent. Il a parlé à sa blonde, ses parents, son entraîneur Gregor Jelonek. En consultant un document de Patinage de vitesse Canada, il a réalisé que son avenir dans l'équipe nationale n'était pas complètement bloqué; une première place au classement cumulatif de la Coupe Canada, le circuit canadien, lui permettrait de maintenir son statut et le financement fédéral qui s'y rattache.

«Voyons voir de quelle façon je peux tourner ça en situation positive», a philosophé le vainqueur de deux épreuves de Coupe du monde l'hiver dernier.

Onzième et meilleur Canadien aux derniers Jeux de PyeongChang, le natif de Sherbrooke avait connu une contre-performance aux Championnats canadiens de l'automne dernier. Il avait donc manqué les quatre premiers 500 m de la saison de Coupe du monde, en partie en raison de problèmes financiers de Patinage de vitesse Canada.

Après un retour qui s'était déroulé couci-couça en Pologne, il avait fini premier du groupe B à Heerenveen, devançant quelques grands noms. Il avait ensuite tourné ses énergies vers la course éliminatoire de Calgary, où une seule place était disponible dans cette épreuve.

À son arrivée en Alberta, des douleurs aiguës au dos l'ont ralenti, résurgence d'un mal apparu à l'automne. Dans les circonstances, il était très heureux de son temps, mais le Montréalais Fiola, plutôt discret en Coupe du monde, en avait un encore meilleur dans les jambes.

«Il m'avait battu à l'automne, mais j'ai été meilleur que lui durant les Coupes du monde, a souligné Boisvert-Lacroix. J'étais en train de revenir, de retrouver mes repères. Je pensais que les choses tourneraient en ma faveur à la course éliminatoire. Mais tout le mérite revient à Christopher. Il a fait une course exceptionnelle.»

Sur la corde raide, Boisvert-Lacroix a remporté l'épreuve de Coupe Canada présentée dimanche à Calgary. Cette victoire lui permet de souffler un peu et d'envisager l'avenir avec optimisme.

Sur le point de terminer un baccalauréat d'intervention en activité physique à l'UQAM, il n'a pas l'intention d'étirer l'élastique s'il est exclu du programme national la saison prochaine.

«Je suis allé aux Jeux l'an passé, j'ai gagné des médailles d'or en Coupe du monde. Le gros de ma carrière est fait. Si j'avais à prendre ma retraite, ce ne serait pas la fin du monde. Je n'en suis pas là.»

Si jamais ça ne passe pas en Coupe Canada, «ce sera une heure de réflexion très sérieuse qui m'attendra...».

Dubreuil frappe fort

Sans que ça fasse les manchettes, Laurent Dubreuil a sans doute réalisé l'exploit athlétique de 2019 jusqu'ici au Canada. Son temps de 34,11 secondes au 500 m de Calgary lui permet de s'installer au cinquième rang des meilleurs de tous les temps sur la distance. Il s'agit également de la septième performance de l'histoire.

Classement 500 m

1. Pavel Kulizhnikov (RUS) 33,98 s (2015)


2. Ruslan Murashov (RUS) 34,02 s (2017)


3. Jeremy Wotherspoon (CAN) 34,03 s (2007)


4. Ronald Mulder (P.-B.) 34,08 s (2017)


5. Laurent Dubreuil (CAN) 34,11 s (2019)


6. Kai Verbij (P.-B.) 34,13 s (2017)


7. Alex Boisvert-Lacroix 34,15 s (2017)


Dubreuil a également inscrit un record québécois au 1000 m (1 min 07,60 s), battant la marque de son collègue de PyeongChang Alexandre St-Jean, absent du circuit international cette saison en raison de problèmes récurrents au dos, ce qui lui permet de se concentrer sur ses études en médecine dentaire.

Dubreuil, qui a connu un passage à vide avant Noël, sera à surveiller à la reprise de la Coupe du monde à Hamar (Norvège), du 1er au 3 février, et, surtout, aux Mondiaux d'Inzell (Allemagne), du 7 au 10 février, où il visera de remonter sur le podium après son bronze de 2015.

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Maltais chauffe Blondin

Non seulement Valérie Maltais s'est qualifiée pour ses premiers Mondiaux, mais elle l'a fait dans quatre épreuves: 1500 m, 3000 m, poursuite par équipes et départ en groupe. Convertie au longue piste depuis six mois, la triple athlète olympique en courte piste a amélioré ses records sur les deux distances individuelles, signant une victoire au 1500 m et chauffant la gagnante Ivanie Blondin, préqualifiée pour les Mondiaux, sur 3000 m. «Je me suis sentie nerveuse toute la semaine, mais j'étais aussi excitée de montrer ce dont j'étais capable, a déclaré la Saguenéenne dans un communiqué de Patinage de vitesse Canada. Je voyais cette compétition comme une occasion d'apprendre et de devenir meilleure.»

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Gélinas-Beaulieu progresse

Préqualifié au 1000 m et au 1500 m en vertu de ses résultats en Coupe du monde, Antoine Gélinas-Beaulieu n'a pas eu à se rendre à Calgary pour les courses éliminatoires. Sans trop faire de bruit, le natif de Sherbrooke a réussi deux top 10 en Pologne au début décembre. Sa progression se poursuivra-t-elle?