La réintégration potentielle de l'Agence antidopage russe (RUSADA) a suscité de nouvelles protestations lundi, cette fois-ci de la part d'un groupe mondial de lutte antidrogue, qui a décrit la proposition de réintégration comme le résultat d'un accord conclu pour apaiser une nation puissante.

L'Institut des organisations nationales antidopage (iNADO) a ouvertement critiqué la recommandation visant à mettre fin à la suspension de près de trois ans de la Russie. Dans un communiqué de presse, l'Institut a déclaré que les responsables de l'Agence mondiale antidopage (AMA) avaient déclaré aux représentants du gouvernement européen, la semaine dernière, que le problème ne serait pas résolu lors de la réunion de jeudi du comité exécutif de l'AMA.

Vendredi dernier, l'AMA a publié une déclaration dans laquelle elle indiquait que son Comité de révision avait recommandé la réintégration de RUSADA et que la question serait en fait décidée lors de la prochaine réunion.

L'AMA a défendu la proposition comme étant «fondée sur le pragmatisme» et intégrant des «interprétations nuancées» des étapes requises par la RUSADA. Elle a indiqué que la proposition empêcherait de faire régresser les progrès réalisés par l'agence depuis sa suspension en 2015, suite à la découverte d'un programme destiné à aider les athlètes à contourner les tests de dopage sans se faire prendre, afin de remporter des médailles aux Jeux olympiques et d'autres événements majeurs.

Un jour après la recommandation du comité de révision, un membre important du panel, la championne olympique de ski de fond Beckie Scott, a démissionné.

Lundi, l'iNADO - qui représente des opérations antidopage dans 67 pays - a publié un communiqué de presse de deux pages.

Il indique que la décision semble précipitée, et que l'AMA n'a pas offert à temps pour que les parties intéressées digèrent pleinement et interprètent sa signification. L'Institut a déclaré que la recommandation a été faite «simplement par opportunisme en se pliant à la volonté d'une nation puissante».

Le communiqué de presse a été publié peu après qu'une représentante britannique à la Commission des athlètes de l'AMA, Vicki Aggar, ait ajouté son nom à la liste croissante des opposants à la réintégration de la RUSADA. Elle a mentionné à BBC Sport que cette décision était «un changement de cap par rapport aux objectifs principaux et un compromis inacceptable.»

Pour sa réintégration, la RUSADA devait se conformer à plusieurs exigences, dont deux éléments essentiels.

D'abord, les entités russes doivent accepter publiquement les conclusions d'une enquête menée par Richard McLaren, qui a conclu que le gouvernement dirigeait le programme de dopage. L'AMA a depuis modifié cette position, exigeant que la Russie accepte les conclusions moins strictes du rapport de la Commission Schmid, commandé par le Comité international olympique.

La Russie doit également remettre des données et des échantillons qui pourraient être utilisés pour corroborer les preuves de dopage. Le ministre russe des Sports a accepté de le faire, bien qu'aucune date n'a encore été fixée et après la réintégration de RUSADA.

En défendant sa position, l'AMA a déclaré que le retour d'une RUSADA remaniée «n'aurait jamais été possible sans quelques compromis des deux côtés».

L'iNADO s'est opposé aux propos de l'AMA, affirmant que les règles internationales antidopage «n'offrent pas aux personnes liées au dopage (notamment les athlètes) la possibilité de négocier des modifications à la formulation du Code en fonction de leurs objectifs de réintégration.»

«Le Code doit être respecté et le plan de réintégration de la Russie devrait aussi être respecté (comme l'AMA l'avait assuré au monde entier)», a martelé l'iNADO.