Les All Blacks ont affirmé leurs ambitions et marqué les esprits dimanche en rejoignant le XV de France en finale de la Coupe du monde grâce une victoire sans partage (20-6) face aux Australiens, auxquels ils ont imposé leur domination physique, technique et tactique.

Ils attendaient cette finale depuis quatre ans. Ils y sont. Et, clin d'oeil de l'histoire, ils retrouveront, 24 ans après, le même adversaire et le même terrain, l'Eden Park, que lors de leur seul sacre mondial, en 1987.

Au-delà de l'histoire, les Néo-Zélandais pourront surtout s'appuyer sur leur match complet de dimanche soir, bien loin de celui des Français la veille face aux Gallois (9-8).

«C'est une performance remarquable, les gars ont été héroïques, et je suis très fier d'eux», a affirmé l'entraîneur Graham Henry, avant de prévenir immédiatement: «Le boulot n'est pas fini».

De la première à la dernière minute, les All Blacks ont imposé une pression collective aux Wallabies, leur bête noire qui leur a infligé deux de leurs trois défaites cette année.

«On savait qu'il faudrait monter d'un cran et tout le monde a répondu présent», s'est réjoui le capitaine Richie McCaw.

Dominateurs en conquête et dans le jeu au sol, avec un McCaw qui a vaincu ses douleurs au pied droit pour renvoyer son opposant direct David Pocock (23 ans) à ses chères études, ils ont dicté le rythme de la rencontre. Et ils se sont même offert le luxe de manquer cinq coups de pied par Piri Weepu et Aaron Cruden.

Naufrage de Cooper

En l'absence de Dan Carter et Colin Slade, Cruden choix n.3 au poste stratégique de n.10, a affiché une étonnante aisance à l'ouverture pour alterner et varier le jeu. Le triangle arrière Richard Kahui - Israel Dagg - Cory Jane a également brillé, dans les airs sous les chandelles adverses comme au sol pour accélérer le mouvement. C'est d'ailleurs d'un démarrage de l'arrière Israel Dagg qu'est venu le seul essai de la rencontre, marqué par le centre Ma'a Nonu (6e).

Face à des Australiens débordés (un plaquage raté sur trois en première période), l'issue du match est rapidement apparue inéluctable. «C'est décevant, mais on a été battus par une meilleure équipe», soupirait James Horwill, le capitaine des doubles champions du monde (1991, 1999), qui devront se contenter du match pour la troisième place, vendredi face au pays de Galles.

Les Wallabies ont été réduits à la portion congrue, un coup de pied tombé et une pénalité, par la solide défense adverse.

Cerise sur le gâteau pour les 60 000 spectateurs de ce match à sens unique, l'ouvreur Quade Cooper a été mis au supplice.

Celui que les médias ont appelé depuis le début du Mondial «l'ennemi public N.1» pour son arrogance et son hostilité affichée envers l'idole locale Richie McCaw a été clairement ciblé par les All Blacks et a enchaîné les erreurs, ironiquement acclamées par tout un stade.

L'Eden Park, et tout un pays, attendent désormais un titre face au XV de France, dont le parcours est raillé depuis le début de la compétition. Les deux équipes se sont rencontrées en poule le 24 septembre pour une victoire néo-zélandaise (37-17).

Mais «un match de phase finale, c'est totalement différent», prévient le talonneur Keven Mealamu. Les Français sont les derniers à s'être imposés (23-20) dans le +jardin d'Eden+ le 3 juillet 1994.